cover blank wikiagri

Les semis de lin débutent

Les conditions anticycloniques des prochains jours seront favorables à la préparation des sols dans les parcelles ressuyées.

–stop–

Pour la préparation optimale des terres avant lin, il est conseillé d’obtenir un sol avec une humidité de 18 % et de s’assurer que le ressuyage est bon sur une profondeur de 40 cm (humidité < 18 %). Pour la réalisation des semis, l’analyse de la température du sol montre qu’ils sont encore un peu froids mais les conditions s’améliorent. Un semis sur sol réchauffé permet d’avoir une croissance active des lins entre la germination et le stade A3 (premières feuilles visibles). Ainsi, la période ou les altises peuvent faire de nombreux dégâts est réduite.

Bilan climatique de l’hiver

Cet hiver a été relativement doux avec des cumuls de température supérieurs à la médiane dans tout le bassin de production. Concernant la pluviométrie, les précipitations sont comprises entre 250 mm (en rouge) et 620 mm (bleu foncé) entre le 1er octobre 2015 et le 10 mars 2016. La bordure littorale de la Seine Maritime et du Nord a reçu un excédant pluviométrique, comparé à la médiane, compris entre 30 et 60 mm alors que les autres secteurs sont soit identiques ou en déficits par rapport à la médiane d’environ 20 mm en moyenne.

Figure 1 : cumul pluviométrique entre le 1er octobre 2015 et le 10 mars 2016


Figure 2 : écart pluviométrique à la médiane entre le 1er octobre 2015 et le 10 mars 2016


Dans cette période, les intercultures ont présenté un bon développement végétatif avec une destruction plutôt tardive, soit mécanique, soit par l’action combinée du climat et des outils. Aujourd’hui, les observations montrent que les résidus sont bien dégradés en superficie même dans les parcelles avec une très forte biomasse (supérieure à 2,5 t de matière sèche). Cependant, il est important de faire une analyse des reliquats des parcelles, pour estimer la quantité d’azote disponible pour le lin.

En 2015 et 2014, il a été constaté que les dégâts d’altises avaient été plus importants dans les parcelles implantées le plus précocement. En moyenne, les linières implantées au 10 mars ont mis environ 1 mois pour atteindre le stade A3 alors que les linières implantées au 20 mars ont mis environ 10 jours. Les altises attaquent plus fortement les lins qui présentent une faible vigueur à la levée et les lins faiblement poussants. Ainsi, la vigilance vis-à-vis des altises est de mise sur les premiers semis, d’autant plus que le ravageur pullule actuellement dans certaines parcelles de colza.

Quelle densité de semis ?

La densité optimale pour implanter une linière est un sujet récurrent et dépend de différents facteurs tels que :
– la germination des graines,
– les conditions de semis,
– la préparation du sol.

La synthèse pluriannuelle d’essais concernant la densité de semis montre qu’en dessous de 1400 plantes/m², le rendement peut diminuer. La densité optimale tourne autour de 1800 plantes/m² levées (sans prise en compte des risques agronomiques) pour tendre vers une richesse en lin teillé supérieure à 30 %. Si on souhaite prendre en compte le risque verse, il convient d’avoir une population de 1600 plantes/m².


Figure 3 : incidence de la densité de plantes sur le rendement

Evolution réglementaire de la gamme herbicide pour l’année 2016

• Diode et Decano : modification de classement toxicologique. Ajout d’une phrase de risque R63 et H361d (peut nuire au fœtus). De plus, la spécialité commerciale Diode n’est plus distribuée en 2016.

• Chekker : deux décisions importantes ont été prises :
> Interdiction d’utiliser Chekker lorsque les graines de lin rejoignent un circuit alimentaire. Cette interdiction n’est pas contestable car le dossier toxicologique est incomplet sur la partie métabolisme/plantes oléagineuses. Le produit reste bien sur utilisable sur le lin fibre au sens strict.
> Prévision d’interdiction sur sol drainé : ARVALIS – Institut du végétal a contesté le bien-fondé de cette décision en argumentant, chiffres à l’appui, que le drainage et l’entraînement vers les eaux souterraines n’est pas une réalité en production de lin de printemps, quelle que soit la région. La décision a donc été suspendue puis réexaminée. Au final, la décision de l’ANSES est la suivante au travers de la phrase spe2 : « Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer ce produit sur sols artificiellement drainés ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 % ».

• Gratil : depuis le 9/12/2015, l’ANSES a tempéré la décision d’interdiction sur sol drainé. Comme pour Chekker, l’interdiction ne concerne que les sols ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 %. Il s’agit d’une réelle bonne nouvelle pour ce produit qui reste un modèle en matière de sélectivité et d’efficacité.

• Speleo : le flupyrsulfuron qui le compose en partie va être réexaminé pour approbation dans le cadre du règlement (CE) N°1107/2009. ARVALIS et le CIPALIN ont appuyé fortement le maintien de son usage. Son application ne doit pas dépasser 25 g/ha/an.
Mais :
– elle peut être inférieure, comme pour tous les autres herbicides.
– le nombre maxi d’applications (fixé à 1) est à rattacher à cette dose maximum et non au nombre d’applications réelles qui permettent l’optimisation de la sélectivité. 

• Valinate : les stocks restants ne peuvent plus être utilisés en raison d’une interdiction définitive fixée au 31/01/2016.

• Toprex : modification de classement toxicologique. Une phrase de risque R63 et son équivalent CLP : H361d (susceptible de nuire au fœtus) modifie les possibilités de mélange avec des fongicides possédant la même phrase.

 

Delphine Cast (Arvalis – Institut du végétal)

 

Article Précédent
Article Suivant