L’année 2014 a été marquée par plusieurs évènements en Ukraine et en Russie tant au niveau de leur politique qu’au niveau de leur économie. Retour sur les décisions prises qui affectent, à moyen terme, les échanges commerciaux de céréales en région mer Noire.
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Depuis le 23 avril 2014, l’Union Européenne et l’Ukraine ont signé un accord sur la création d’une zone de libre-échange prévoyant la suppression des droits à l’importation des matières premières agricoles en provenance de l’Ukraine. En retour, cette dernière ne devra pas augmenter ses propres droits de douane sur les importations en provenance de l’UE.
Les quotas d’importation sans paiement de taxe, ont été fixés à 950 000 tonnes de blé et de farine, 400 000 tonnes de maïs et 250 000 tonnes d’orge jusqu’au 31 octobre 2014.
La demande pour l’orge ukrainienne étant faible, l’UE a décidé de pousser l’échéance des quotas d’importation sur l’orge ukrainienne jusqu’à la fin 2014.
Cet accord d’association a été au cœur de discussions houleuses entre l’Union Européenne, l’Ukraine et la Russie. Ces deux derniers pays sont membres de la zone de libre-échange de la CEI (Communauté des Etats Indépendants). Et la Russie craint l’arrivée sur son marché de produits européens bon marché non soumis aux droits de douane. Pour se parer de cela et compte tenu des tensions entre l’Ukraine et la Russie, Dimitry Medvedev, actuel Premier ministre russe, a signé un décret le 19 septembre dernier, sur l’imposition de droits à l’importation de produits agro-alimentaires ukrainiens par la Russie. Il précise toutefois, que ces droits seront imposés si l’Ukraine accepte le volet économique de l’accord d’association avec l’UE (en vigueur jusqu’à fin 2015).
En parallèle, le service fédéral russe chargé de la surveillance vétérinaire et phytosanitaire des importations agricoles, Rosselkhoznadzor, a décidé d’interdire les importations de tournesol, de maïs, de soja et de tourteaux de soja en provenance d’Ukraine.
Qu’en est-il des exportations ukrainiennes de céréales vers l’UE-28 en 2014 ?
Sur les cinq premiers mois de la campagne, le blé ukrainien s’est bien exporté vers l’UE (14 % du volume total contre 2 % en 2013), alors que cette destination est plus traditionnellement acheteuse de maïs ukrainien. Celui-ci ne représente que 17 % des volumes achetées par l’UE entre juillet et novembre 2014 contre 49 % en 2013. Une des raisons peut être l’épuisement quasi-complet des quotas de céréales (évoqués plus haut), au tout début de la campagne 2014/15.
Figure 1 : exportations ukrainiennes de céréales de juillet à novembre 2014
Sources : BSG – UAC 1 – 05 au 12 janvier 2015
L’évènement le plus marquant sur le marché des céréales en Russie s’est produit à la fin de l’année 2014. Après deux semaines de rumeurs, le gouvernement russe a officiellement imposé, le 26 décembre, une taxe à l’exportation de blé afin de protéger le marché intérieur russe. Ce droit à l’exportation, effectif à partir du 1er février, est fixé à 15 % auxquels s’ajouteront 7,5 €/t et le total ne devra pas être inférieur à 35 €/t !
Au préalable, Rosselkhoznadzor a limité la délivrance de certificats phytosanitaires pour les exportations de céréales.
Suite à la décision gouvernementale, la société Russian Railways a aussitôt annulé ses limitations de chargements de céréales qui avaient été introduites le 17 décembre dernier. Dans le même temps, cette même société de chemins de fer a augmenté ses tarifs de transport de céréales de 13,4 % au 24 décembre pour une entrée en vigueur courant janvier 2015.
Selon IKAR, la Russie disposerait encore à ce jour d’un potentiel exportable de 5,3 Mt (figure 2). Mi-décembre, le pays avait déjà exporté plus de 15,7 Mt, soit 75 % du disponible exportable.
Figure 2 : estimations IKAR des exportations de blé pour la campagne 2014-15