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Les nouvelles variétés combinent rendement et résilience

La campagne 2022 l’a montré, les conditions climatiques ne sont pas toujours optimales pour le maïs. Pour que les cultures soient le moins impactées par ces aléas, les sélectionneurs prennent en compte la résilience, en plus des critères habituels, des nouvelles variétés qu’ils feront inscrire.



 
 
2022 aura été une année difficile pour la production de maïs. Alors que les semis avaient été réalisés dans de bonnes conditions, le temps chaud et sec dès la fin du printemps a vite perturbé les cultures. Le pic de températures de mi-juillet a eu un impact très négatif sur la floraison, avec un décalage marqué entre la maturité des fleurs mâles et femelles, des grains avortés… Les stress hydriques et thermiques ont fortement pénalisé les rendements. « C’est la plus mauvaise récolte depuis 2003 » constate amèrement l’AGPM.

 
Selon les données d’Agreste, le service statistique du ministère de l’Agriculture, arrêtées au 1e octobre, la récolte s’établirait aux alentours de 11 millions de tonnes. Soit un recul de 26,4% par rapport à l’exceptionnel niveau de 2021 et de 17,9% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Ce recul s’explique par le cumul d’une baisse des rendements et d’un recul des surfaces.

 
Le rendement moyen (hors semences) serait de 81,8 q/ha, ce qui est le plus faible observé depuis 2005. Bien qu’il y ait eu des arrêtés précoces de restriction, l’irrigation a permis d’atténuer les impacts du stress hydrique. Le rendement moyen des maïs irrigués est de 103,1q/ha (-6,9% par rapport à la moyenne 2017/2021). En non irrigué, la chute est plus brutale : -15,6% pour un rendement moyen de 70,9 q/ha.

 
Cette baisse des rendements se cumule avec une baisse de 7,6% des surfaces. 1,34 million d’hectares ont été emblavés en maïs. À cette superficie, il faut déduire 70.000 Ha qui ont été récoltés en fourrages.

 
Une production de semences en baisse
La baisse de rendements concerne aussi la filière semencière. La Fédération nationale de la production de semences de maïs et de sorgho a alerté sur le niveau en baisse de la récolte de semences, qui n’est que de 70 à 75% des objectifs, malgré une sole stable à 84.500 hectares. Comme toute l’Europe a connu des conditions sèches et chaudes, le rendement des maïs semences est aussi en baisse en Roumanie et en Hongrie, qui sont les 2e et 3e producteurs européens, après la France. Les semenciers se mobilisent déjà pour trouver des alternatives, notamment grâce aux stocks de semences de 2021.

 
 
Chaque année, les nouvelles variétés apportent du progrès
Chaque année, une trentaine de nouvelles variétés en grain sont inscrites au catalogue. Le rendement reste le premier critère qui guide les semenciers dans le choix des semences. Cela permet un gain génétique d’en moyenne de 1% par an. « Cette année, les conditions climatiques n’ont pas permis de s’en rendre bien compte, reconnait Sébastien Moureau, chef de produit maïs chez Pioneer semences. Si on avait semé une variété récente et une inscrite il y a 20 ans, on aurait vu une différence flagrante, en termes de potentiel de rendement, de sensibilité aux maladies ». La sensibilité aux maladies des feuilles comme de l’épi est un autre critère sur lesquelles les nouvelles variétés s’améliorent d’année en année.

 
Les futures variétés sont également scrutées sur leur robustesse d’implantation. « Cette phase située avant la floraison est essentielle, rappelle Jean-Luc Demars, chef de marché maïs, fourrage et grain précoce chez KWS. Elle correspond à la mise en place des composantes de rendement. Pour apprécier cette robustesse, sont pris en compte les paramètres de vigueur de départ, de tolérance au froid, de tolérance à la chaleur, de tolérance aux herbicides et de régularité de programmation du nombre de rangs du futur épi ».

 
Pour choisir les nouvelles variétés qui seront mises en marché, les semenciers tiennent de plus en plus compte de leur tolérance aux stress pour ne garder que celles qui se comportent bien dans toutes les situations climatiques. « 2021 était froid et humide, 2022 chaud et sec. On ne sait pas à quoi ressemblera 2023, donc il faut que les variétés se comportent au mieux dans différentes conditions climatiques, qu’elles présentent une certaine résilience », argumente Jean-Luc Demars. KWS regroupe ses variétés les plus stables en rendement dans toutes les conditions climatiques, sous le label ClimaControl3, en cours de déploiement en France.

 
« 2022 aura permis d’identifier des variétés qui se comportent bien face aux stress hydriques et thermiques », positive Sébastien Moureau. Dans sa gamme AQUAmax, Pioneer groupe des variétés sélectionnées pour leur efficience dans l’utilisation de l’eau disponible. « Ce sont des variétés sécurisantes qui se comportent bien quelles que soient les conditions climatiques, présente Sébastien Moureau. Dans les bonnes situations, les variétés labellisées AQUAMax sont supérieures de 2% aux témoins. En conditions stressantes, elles sont supérieures de 5% ». 

 
Faire le bon choix variétal

 
Avant d’être mises en marché, les nouvelles variétés suivent un long parcours. Après la phase d’obtention et de tests, elles sont d’abord mises à l’épreuve à grande échelle par les semenciers, puis par les distributeurs dans différents contextes pédoclimatiques. « La sélection variétale est faite en France dans de multiples conditions pour avoir des variétés dans toutes les précocités et qui répondent à la multiplicité des attentes des agriculteurs » rappelle Sébastien Moureau.

 
En 2022, le GEVES a inscrit 37 nouvelles variétés : 27 en maïs grain, 8 en fourrage, 2 en waxy.

 
Pour vous aider à faire les bons choix, Arvalis, le Geves et l’UFS ont mis au point Varmais, un outil gratuit et en libre accès, avec plus de 500 variétés de maïs consultables. L’objectif de cet outil est de présenter, en toute neutralité, des références puissantes et fiables, issues des réseaux d’essais. Vous pourrez y retrouver les résultats de l’évaluation variétale issus des réseaux d’inscription et de post-inscription en France. L’outil permet notamment de comparer les variétés entre elles sur différents critères pour choisir celles qui répondront le mieux à vos objectifs.

 
 
 
Quelques nouveautés :

 
Dekalb
Dekalb lance DKC4728, doté d’une excellente vigueur au départ et d’un très fort potentiel de rendement « Les capacités de rendement d’un G4 tout en conservant des humidités, donc des frais de séchage moindre, comparable au G3 », présente Johanne Subit. La variété phare de Dekalb reste DKC4598. DKC5812, semé pour la 1e fois en 2022, montrent de très bonnes performances. Dekalb développe également des variétés adaptées au semis en écartement réduit.

 
KWS

En G0, la génétique KWS présente les meilleurs résultats de la série avec la confirmation de KWS Gustavius et Dentrico.

KWS Editio, en G 1, a été inscrit en 2022 avec la meilleure performance de sa catégorie. « Cette variété cornée dentée est au niveau des dentés en termes de rendement, présente Jean-Luc Demars. Grâce à sa bonne vigueur de départ et sa floraison précoce, c’est une excellente alternative pour sécuriser la récolte avec un très bon ratio précocité/rendement ». Les suivis d’Arvalis montrent un rendement de 119q/ha à comparer aux témoins de même précocité qui sont à 109.

 KWS Hypolito, nouveauté charnière G3/G4, présente un excellent rendement économique. « La variété a un potentiel très élevé associé à une dessiccation très rapide », présente Rémy Merceron Chef marché maïs grain denté.

 KWS Inteligens en G4 fait figure de référence et confirme dans les différentes situations de l’année.  KWS lance 6 nouveautés du G1 au G4 dont KWS Astucio en G1, KWS Otilio en G2, KWS Lusitano en G3 et KWS Falco en G4.

 
Pioneer

La gamme AQUAMax des variétés sélectionnées pour leur efficience dans l’utilisation de l’eau disponible, s’agrandit avec des variétés dans toutes les précocités. 9 variétés sont disponibles pour les semis 2023, parmi lesquels P8436, 1e hybride AQUAmax de précocité G1 ; P9255 en G2 et P0710, en G5. »

 
 Cécile Julien
 
 

 

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