Que ce soit pour le biocontrôle ou les biostimulants, les nouveautés ne manquent pas sur le marché des biosolutions en 2023. Les fournisseurs proposent des innovations, aussi bien dans les modes d’application que dans la composition des produits. Tour d’horizon de quelques-unes d’entre elles, destinées à la vigne et aux arbres fruitiers.
Bien que la confusion sexuelle par phéromones soit désormais bien connue, cette technique de biocontrôle continue de générer des innovations sur le marché. Pour se libérer de l’usage de diffuseurs plastiques, plusieurs firmes ont revu le mode d’application. Certaines de ces innovations s’appuient sur le savoir-faire reconnu de la firme M2i en matière de biocontrôle. Ainsi, Syngenta s’est associé à M2i pour commercialiser Exployo vit, une solution liquide pulvérisable et miscible avec d’autres produits de protection de plantes. Ce produit lutte contre la tordeuse de la grappe et s’utilise contre la G2, la G3 et éventuellement la G4 d’Eudémis. Le produit se compose de microcapsules qui se comportent comme des microdiffuseurs qui libèrent progressivement la phéromone. Attention à ne pas appliquer le produit à une pression supérieure à 5 bars, afin de préserver l’intégrité des microcapsules.
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D’autres firmes ont opté pour un produit sous la forme de matrice cireuse, à l’image de Bayer. Le produit s’applique directement sur le cep de vigne à l’aide d’un pistolet à gâchette. L’utilisateur dépose des noix de produit à raison de 500 spots par hectare. Un seul passage suffit pour lutter contre les trois générales d’Eudémis. La surface minimale conseillée est de 1 à 2 ha. La phéromone s’active après le séchage de la cire, ne posant donc aucun problème pour la personne en charge de l’application.
Toujours du côté de la confusion sexuelle, la société De Sangosse a repensé sa gamme de diffuseurs par aérosols. Parmi les nouveautés figurent CheckMate Puffer LB/EA en vigne, pour lutter contre l’eudémis et la cochylis, et CheckMate Puffer OFM, pour lutter contre la tordeuse orientale du pêcher et de l’abricotier, ainsi que le carpocapse du prunier. Les nouveaux diffuseurs, équipés d’un capteur interne de température, se déclenchent seulement lorsque le ravageur est actif, optimisant ainsi l’émission de phéromone. De Sangosse a également revu leur impact environnemental : ils consomment deux fois moins de piles et ont été conçus avec 60% de plastique en moins. De plus, 100 % du matériel utilisé à leur construction est recyclé chaque année.
Les innovations ne portent pas que sur la confusion sexuelle. Preuve en est avec Vinivax, le nouveau stimulateur de défenses des plantes (SDP) de la société UPL, qui a été récompensé au Sival 2023. Cette solution de biocontrôle lutte contre l’oïdium. Elle se compose de laminarine, un principe actif 100% naturel extrait d’une algue brune, de la famille des oligosaccharides. Elle s’avère peu sujette aux phénomènes de résistance et propose une protection de 7 à 10 jours. Le produit se positionne à partir du second traitement oïdium, en association avec un autre anti-oïdium pour une protection préventive immédiate.
Autre lauréat d’argent au Sival, mais du côté biostimulant cette fois, on retrouve Nurspray, de chez Sumi Agro. Composé d’un polysaccharide naturel modifié et d’oligosaccharides, Nuspray régule l’expression de plusieurs gènes liés à la gestion des stress hydriques ou osmotiques et ceux liés aux transmissions d’informations. L’application du produit induit une surproduction de proline, une molécule de signal qui envoie à la plante l’information selon laquelle elle se trouve en état de stress. Cela contribue à une résistance plus longue aux épisodes de sécheresse et à une meilleure récupération de la plante.
Agronutrition propose, avec sa gamme de biostimulants Alcygol, d’améliorer la floraison ainsi que la nouaison de la vigne et des arbres fruitiers. Les produits se composent d’un complexe actif d’extraits d’algues et d’éléments nutritionnels. La firme préconise une utilisation à la dose de 3 L/ha, et ce, à différents stades en fonction des effets recherchés : grappes séparées, début floraison, nouaison.
Le fabricant Timac Agro a, lui aussi, opté pour un biostimulant à base d’extraits d’algues et de minéraux avec Kaoris. Ce biostimulant à action foliaire agit par stimulation de gènes intervenant dans plusieurs mécanismes cellulaires : biosynthèse des pectines et xyloglucanes entrant dans la composition de la paroi cellulaire, activation de la photosynthèse, transport des nutriments.
L’efficacité des biosolutions dépend grandement du timing d’application. Lorsque le stress hydrique se voit à l’échelle de la plante, il est souvent déjà trop tard. C’est pourquoi Vegetal signals a développé l’outil Hydroscore. Cette application permet un suivi en temps réel du statut hydrique de vos vignes. Des électrodes positionnées sur la vigne enregistrent de façon non destructive les signaux électriques émis par la plante. Ces signaux sont ensuite traités par une intelligence artificielle pour détecter les marqueurs caractéristiques de différents niveaux de stress hydrique, et aider ainsi l’agriculteur à bien positionner son irrigation et ses biostimulants.
En 2021, 92% des viticulteurs utilisaient du biocontrôle (1)
Entre 2017 et 2021, le nombre d’hectares de vigne ayant reçu des biostimulants a progressé de 34,4 %, et de 37 % pour les produits de biocontrôle. (2)
(1) Enquête IBMA, janvier 2022
(2) Kynetec, Panel FarmTrakTM Crop Nutrition
Julia Landrieu