Pour faciliter l’installation d’agriculteurs non issus du monde agricole et hors cadre familial, 39 espaces-tests accueillent des porteurs de projets pendant quelques mois. Le principe de fonctionnement de ces espaces-tests est celui des pépinières d’entreprises, adapté aux exigences de l’activité agricole.
Ils sont discrets mais de plus en plus nombreux. A ce jour, 39 espaces-test sont recensés sur l’ensemble du territoire national métropolitain mais aussi à Mayotte et en Guadeloupe. La Belgique, le Canada et la Grande-Bretagne ne sont pas en reste. Les espaces-test rencontrent là aussi un vif succès auprès des candidats à l’installation. « Ils s’inscrivent dans un parcours de création progressive d’activité. Ils s’adressent en particuliers aux jeunes dépourvus de moyens d’expérimentation de plus en plus nombreux à opter pour l’installation hors cadre familial », expliquent Céline Fabre du Centre d’études et de prospective, Pascale Moity-Maizi de SupAgro et Jean-Baptiste Cavalier de Réneta, le réseau national des espaces tests agricoles. Ils sont les auteurs d’une étude intitulée « Les espaces-test agricoles : expérimenter l’agriculture avant de s’installer ».
« Aussi, en proposant un cadre juridique approprié, un conseil personnalisé et des moyens de production, ces espaces-tests viennent compléter la gamme des outils d’accompagnement à l’installation. » Ils ne les remplacent pas.
Concrètement, chaque espace-test met à la disposition des porteurs de projets des moyens de production : foncier (sauf quand le porteur de projet possède déjà des terres et souhaite les utiliser comme cadre du test), le gros matériel de culture, des bâtiments, des salles et des bureaux partagés. Le candidat a son propre numéro de Siret, ce qui implique que l’entreprise soit reconnue comme exploitation.
Pendant sa période de test, le porteur de projet bénéficie aussi d’un accompagnement technique. En prime, il est initié à la gestion de leur exploitation : comptabilité, secrétariat, recherche de financements.
Les deux premiers véritables « espaces-test » ont été créés en 2007, dans le Nord- Pas-de-Calais et en Rhône-Alpes. Dans les prochaines années, on en dénombrera près de 70. Le succès remporté par les pépinières d’entreprises apparues dans les années 1980 a incité certains acteurs associatifs et professionnels à décliner le principe en l’adaptant au secteur agricole.
Membres de Réneta, les espaces-test s’engagent à mettre en oeuvre les principes, les méthodes et les objectifs énoncés la charte de l’association, élément fondateur du réseau.
« L’espace-test définit le moyen pour une (ou des) personne(s) de développer une activité agricole de manière responsable et autonome en grandeur réelle, sur une durée limitée, dans un cadre limitant et échelonnant la prise de risque, afin d’évaluer le projet et soi-même, dans le but de décider de la poursuite, de l’ajustement ou de l’abandon du projet. » (charte Réneta)
Selon Céline Fabre, Pascale Moity-Maizi et Jean-Baptiste Cavalier, 180 personnes sont sorties du test depuis 2007. Leur effectif est en croissance rapide, parallèlement à l’augmentation du nombre d’espaces-tests. À l’issue du test, 66 % des porteurs de projet se sont installés (très majoritairement sur le territoire où le test a été réalisé) et 10 % se sont tournés vers le salariat agricole.
Au fil du temps, les collectivités locales ont assigné de nouveaux objectifs aux espaces tests. Elles souhaitent qu’ils « induisent une nouvelle dynamique dans les zones rurales et périurbaines, à commencer par le développement de systèmes alimentaires durables et territorialisés ».
Les espaces-tests se sont aussi développés en Europe, plus particulièrement en Belgique et en Angleterre, sous des formes originales et dynamiques, qui mettent en avant des enjeux alimentaires.
Dans leur note, les auteurs de l’étude « Les espaces-tests agricoles : expérimenter l’agriculture avant de s’installer », s’attardent en particulier l’espace-test ‘’Point Vert’’ en place à Liège. « Il souhaite favoriser le maraîchage biologique, au sein d’un regroupement de sept communes de la province de Liège. Il propose de mutualiser des infrastructures (bassin d’eau de pluie, serres en tunnel, espace de stockage), d’accompagner les porteurs de projet, notamment à travers le test d’activité, pendant une période de 18 mois maximum. » En Angleterre, le réseau FarmStart dispose de deux espaces-tests axés sur l’agriculture biologique et qui vise à associer jardinage et agriculture périurbaine.
En savoir plus : http://www.reneta.fr/IMG/pdf/charte_reneta.pdf (la charte du réseau national des espaces-test agricoles, Réneta) ; http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/cep_analyse_92_espaces_tests_agricoles-3.pdf (l’analyse du ministère de l’Agriculture sur ces espaces-test).
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