Les mesures fiscales prises en 2016 par le gouvernement sont des contre-sens, selon la Fnedt. Plutôt que d’instaurer le sur-amortissement, les entrepreneurs de travaux agricoles souhaitent la restauration des exonérations de charges sociales supprimées l’an passé. La crise agricole se traduit par une baisse de leurs prestations et par plus d’impayés.
C’est qu’on appelle avoir manqué sa cible ! Plutôt le sur-amortissement, pourquoi ne pas avoir prolongé les mesures d’exonération des charges à leur niveau de 2015. En cette période de crise, les entrepreneurs des territoires de la Fédération nationale des entrepreneurs du territoire (Fnedt) font le dos rond, reportent l’acquisition de nouveaux matériels et se concentrent sur le cœur de leur métier pour passer ce cap difficile au mieux.
La baisse des chiffres d’affaires des exploitations agricoles se traduit par la diminution de l’activité des entrepreneurs, aggravée par une hausse des charges salariales. Depuis le début de l’année, le coût horaire du travail a augmenté de 2 € en moyenne, selon la Fnedt. La taxation des CDD est aussi malvenue.
Ces hausses sont répercutées sur le montant des prestations alors que les agriculteurs éprouvent les pires difficultés pour régler leurs factures. Car pour palier au manque de trésorerie, la panoplie de solutions à la disposition de leurs clients est très restreinte. Le recours aux prêts à court terme est plus difficile et les dettes fournisseurs de la campagne précédente n’ont pas été systématiquement été remboursées.
L’an passé, certains agriculteurs, déjà confrontés à un déficit de trésorerie, avaient anticipé le remplacement d’un tracteur en achetant un neuf, financé par un prêt constructeur ; la revente de l’ancien permettant alors de dégager des liquidités. Mais cette année, il n’est plus possible de recourir à ce tour de passe-passe. Aussi, les agriculteurs serrent encore la vis pour tenter de faire des économies. Et quand cela ne suffit pas, les impayés s’accumulent même si, à choisir entre leur fournisseur d’intrants et leur entrepreneur, c’est de dernier qui est prioritaire. Comme leur prestataire est souvent un voisin agriculteur, confronté aux mêmes difficultés conjoncturelles, il est important de conserver de bonnes relations avec lui.
Les entrepreneurs des territoires de la Fnedt souffrent de cette situation de crise en silence, oubliés par les pouvoirs publics. Le repli de leur activité se traduit, au niveau national, par une diminution de 13 % du nombre de contrats de travail signés et des effectifs (- 1 000 salariés équivalent temps plein). « Une première depuis dix ans », déplore Gérard Napias, président de la Fnedt. La filière ne compte plus que 95 192 salariés.
« A travers la crise agricole, c’est ainsi tout le tissu économique du territoire qui est impacté depuis le producteur jusqu’au fournisseur. L’entrepreneur fait partie de cette chaine », ajoute le président. C’est pourquoi la Fnedt souhaite que le plan de soutien au secteur céréalier couvre le financement des prestations de travaux aux champs et reconnaisse le statut de ces entreprises. Des plans de financement de trésorerie des entreprises avec des prêts garantis par la banque publique d’investissement seraient appréciés. Et pour les entreprises en difficultés, le président de la Fnedt demande un report des cotisations sociales et des échéances de prêt pour le matériel.
Les entrepreneurs des territoires restent cependant persuadés que l’avenir est porteur.
Les bonnes perspectives de développement donnent raison aux organisateurs de congrès de se projeter dans les dix années à venir pour tenter de définir quelle sera l’évolution de leur secteur d’activité.
Ils développeront de nouveaux services en recourant aux drones, à des techniques d’agriculture de précision pour accompagner les agriculteurs à appliquer la réglementation et à optimiser leurs intrants.
« L’agro-écologie et les nouvelles méthodes alternatives à l’utilisation de produits phytosanitaires sont des opportunités de développement de nouveaux services, clefs de l’agriculture de demain », défend Pierre Gauquelin, entrepreneur en charge de la communication à la Fnedt.
Par ailleurs l’agrandissement des exploitations et le la préférence, de plus en plus marquée, de faire cultiver ses terres plutôt que de les louer leur donnera du travail en plus. En plus, le recours à des entrepreneurs des territoires réduit les frais de mécanisation.