Les blés argentins pourraient cette année devenir de sérieux concurrents pour les blés français dans le sud de la Méditerranée. La récolte certes abondante mais de moindre qualité et la limitation à 2,2 Mt d’exportations par le gouvernement pourraient conduire les Argentins à exporter vers des destinations moins exigeantes que le Brésil.
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La récolte argentine de céréales est annoncée abondante malgré des rendements plus faibles que prévus. Les avis divergent entre les acteurs publics et privés sur la surface récoltée. D’un point de vue qualitatif, le taux de protéine est faible (≤ 11 %), notamment dans la province de Buenos Aires qui représente deux tiers de l’offre nationale. En revanche, aucun souci de PS n’est à noter cette année.
Figure 1 : évolution du rendement moyen argentin et du pourcentage moyen national de protéines
Sources : Trigo Argentino. Rapport institutionnel de la qualité du blé. Bourse de Céréales de Buenos Aires
Aujourd’hui, la fermeture du marché aux exportations préoccupe les Argentins. Et cela est d’autant plus inquiétant que pour la campagne en cours, le solde disponible exportable dépasserait les 5 Mt !
Par ailleurs, sur les 2,2 Mt autorisées à l’export, seules 1,4 Mt ont été sollicitées au gouvernement argentin. Cela reflète une demande en berne de la part des meuniers brésiliens, faute de qualité répondant à leurs exigences.
Une ouverture tardive des licences à l’export peut être doublement catastrophique pour la filière argentine. D’une part, les Brésiliens qui sont pour le moment couverts jusqu’en mars, pourraient choisir de s’approvisionner en blés améliorants sur le marché américain. D’autre part, l’Argentine pourrait se retrouver avec des stocks de fin de campagne à des niveaux astronomiques !
La présence des offres de blé argentin dans les deux derniers appels d’offres du GASC illustre bien le fait que l’Argentine devra chercher de nouveaux débouchés. Comme évoqué dans un précédent article, l’Afrique du Nord figure parmi les premiers visés par les Argentins.
Rajoutons qu’au sud-est de Buenos Aires, il reste 1 Mt issue de la précédente campagne, à 11 % de protéines : il faudrait le mélanger avec du blé nouvelle campagne à + de 12 % de protéines pour espérer répondre aux exigences de la meunerie brésilienne, ce qui pour le moment, n’est pas possible. Cela renforce l’idée que les Argentins devront diversifier leur panel d’acheteurs et se tourner vers des destinations moins exigeantes que le Brésil. Un concurrent de plus pour le blé français au sud de la Méditerranée !
Tableau 1 : bilan blé argentin en millions d’hectares et en million de tonnes
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
