Les débats se déroulent en ce moment entre Bruxelles, Luxembourg ou Strasbourg. En jeu, l’évolution du taux d’incorpation de biocarburants dans les essences. Nous visons aujourd’hui 10 % en 2020, mais va-t-on se contenter de 5 % ? Derrière, toutes les filières biocarburants européennes retiennent leur souffle.
Vous l’avez de fait remarqué, les biocarburants d’origine agricole, d’abord encensés, sont largement critiqués depuis quelques années. Leurs apports environnementaux sont contestés (une bataille d’experts dont il est difficile de démêler le dogmatique, d’où qu’il vienne, du vrai), et surtout le débat lancé sur la concurrence entre surfaces agricoles alimentaires et non alimentaires cause un tort considérable à la filière.
Tant et si bien qu’un autre débat, politique celui-là, est officiellement ouvert au niveau décisionnel européen. Question posée : faut-il réduire le taux d’incorporation des biocarburants dans les essences, aujourd’hui prévu avec l’objectif de 10 % en 2020 ? Le Parlement européen devra trancher ce 10 juillet 2013.
Pour bien répondre, je pense qu’il faut examiner de près les arguments des uns et des autres. Et savoir qu’avec l’Europe tout est affaire de compromis, donc on arrivera vraisemblablement à un résultat fixé entre les 10 % actuels, et les 5 % réclamés par les anti… Reste à savoir plus précisément où sera fixé le curseur.
Quels sont les arguments de ceux qui souhaitent réduire le taux d’incorporation ? Il y en a deux principaux.
Le premier consiste à dire que l’Europe n’est pas autosuffisante en biocarburants, et qu’elle doit donc en importer, en participant au passage aux modifications environnementales observées dans plusieurs pays producteurs d’huile de palme (déforestations au profit de ces cultures). Là, je pense que répondre en diminuant le taux d’incorporation ne peut qu’avoir une incidence, réduire nos propres productions, et donc poursuivre dans la voie de la déforestation de l’Indonésie ou de différents pays africains qui se lancent désormais dans l’huile de palme. Le fait de réduire le taux d’incorporation lance avant tout un message à nos agriculteurs, on les incite à produire autre chose, à revenir à l’alimentaire. Donc, quel que soit la baisse du taux, ce n’est pas ainsi que nous arriverons à l’autosuffisance européenne en la matière.
Le second argument met en avant la concurrence entre alimentaire et non alimentaire. Là, c’est le Copa-Cogeca (fédération européenne des syndicats de producteurs et des coopératives) qui répond, études à la clé. C’est ainsi que les problèmes de famine ne sont pas dus, selon le professeur Michael Schmitz de l’Université de Giessen (Allemagne) à la concurrence non alimentaire mais à des facteurs tels de « mauvaises gouvernances, la corruption, les guerres civiles et conditions météorologiques extrêmes« . Pekka Pesonen, secrétaire général du Copa-Cogeca, donne son opinion : « La production de biocarburants apporte en fait d’importants bénéfices au secteur de l’alimentation animale, étant donné que les graines de colza peuvent être utilisées simultanément pour la production de biodiesel et pour l’alimentation animale. La majorité reste dans le secteur de l’alimentation animale. Les aliments des animaux qui résultent de la production de biocarburants doivent donc être considérés comme un important coproduit. Si l’on produisait moins de biodiesel et de bioéthanol en Europe, comme le demandent certaines ONG, l’UE devrait importer davantage de tourteaux de soja. En outre, une production accrue de biocarburants en Europe permettrait de soulager la pression foncière dans les pays tiers et contribuerait par ce biais à lutter contre la déforestation des forêts tropicales. Une réduction de la production de biocarburants aurait donc pour conséquence une hausse de la dépendance de l’UE vis-à-vis des importations d’aliments pour animaux, ainsi qu’une perte de biodiversité.«
Vous l’avez compris, le Copa-Cogeca réclame que l’Europe reste avec un objectif le plus proche possible des 10 % d’incorporation à l’horizon 2020. Mais la Commission européenne a déjà proposé 5 %, et la commission « énergie » du Parlement européen suggère, depuis le 20 juin, de transiger à 6,5 %. Nous sommes donc en plein débat sur la question. Avec la position officielle du Parlement européen attendue le 10 juillet.
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Photo d’archives : voiture exposée au salon de l’Auto à Paris, en 2007.
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il faudrait les sauver des mains de Madame Lepage !! mais son seul argument maintenant est le changement de destination des sols !.
La commission européenne de l’énergie veut favoriser l’incorporation des biocarburants « avancés »
L’Union européenne devrait encourager l’usage de biocarburants « avancés », a estimé la commission de l’énergie lors d’un vote le 20 juin portant sur la qualité des carburants et les énergies renouvelables. « Produits à partir de déchets, d’algues et d’autres sources qui ne sont pas en concurrence directe avec les cultures vivrières ou fourragères », les biocarburants avancés permettraient, selon la commission de l’énergie, de réaliser des réductions importantes de gaz à effet de serre avec un faible risque d’induire des changements indirects d’affectation des sols ». Elle propose à l’UE des objectifs minimum d’incorporation dans les transports de 0,5 % en 2016, 2,58 % en 2020 et 4 % en 2025. La commission préconise également de ne pas dépasser 6,5 % d’incorporation de biocarburants de première génération contre 5 % proposés par la Commission européenne à l’horizon 2020.
quand je cultive du colza, qui produit du diester et de tourteaux de colza pour alimentation animal, est ce des changements indirects d’affectation des sols ? NON
quand je plante une haie sur mes terres agricoles pour être dans les clous des 4% de SET, est ce des changements indirects d’affectation des sols ? OUI
quand je cultive des Betteraves sucrières, qui font tourner ma sucreries (emploi, activité locale, tva …), en plus du sucre, de l’Éthanol, des utilisations industriels vert, et de la pulpe pour alimentation des animaux, est ce des changements indirects d’affectation des sols ? NON