–stop–
Près de 99 % des bulletins exprimés l’ont été en faveur de la transaction, indique le groupe de Saint-Louis (Missouri) dans un communiqué. « Nous sommes heureux d’avoir reçu un soutien aussi fort de la part de nos actionnaires », s’est réjoui le PDG Hugh Grant, pour qui ce feu vert est un « pas important » pour la finalisation prévue du mariage d’ici la fin de l’année 2017.
Les deux groupes vont désormais se consacrer à rassurer les autorités antitrust américaines et européennes, qui veulent s’assurer que les agriculteurs auront le choix entre différentes sortes de semences et de phytos.
Tout indique que l’agriculture se trouve, aujourd’hui, à la « croisée
des chemins », pour reprendre le titre d’un document de près
de six cents pages, publié en 2008, connu sous le nom de Rapport
de l’IAASTD. Hans Herren, président du Millénium Institute
à Washington et un des auteurs principaux du rapport, a souligné
l’urgence de « changer de paradigme agricole », pour pouvoir
faire face aux multiples crises qui menacent la stabilité du monde
et la souveraineté alimentaire des peuples : la crise du climat, de
la biodiversité, de l’eau, la crise financière, sociale, économique,
sanitaire, énergétique et alimentaire. Or, l’agriculture constitue un
puissant levier pour agir sur toutes ces crises, à condition bien sûr
que l’on change de paradigme, car le système agro-industriel,
loin de les atténuer, au contraire, les accélère.
Réchauffement climatique
L’agriculture industrielle est responsable de 14% des émissions de
gaz à effet de serre, car elle repose sur l’usage de pesticides et
d’engrais chimiques, fabriqués avec du gaz et du pétrole ; elle
repose aussi sur la mécanisation et le transport des denrées agroalimentaires,
très gourmands en énergies fossiles. Il s’ajoute 19%
dus à la déforestation, pratiquée majoritairement pour développer
des monocultures comme le soja transgénique, qui nourrissent
les animaux des élevages industriels, ou pour produire des agrocarburants.
Enfin, l’élevage est l’une des principales causes du
réchauffement climatique, puisqu’il totalise 18 % des émissions
de gaz à effet de serre.
Faut-il rappeler que les émissions de CO2 n’ont jamais augmenté
aussi vite qu’au cours de la dernière décennie : 3 % par an en
moyenne, soit trois fois plus que lors de la décennie précédente.
Nous sommes sur la trajectoire des pires scénarios imaginés par
le GIEC, le groupement interministériel sur l’évolution du climat.
Destruction des ressources naturelles
La part du secteur agricole dans la consommation mondiale de
l’eau atteint aujourd’hui 70%, en raison notamment des techniques
d’irrigation que nécessite l’agriculture industrielle. Un peu
partout dans le monde on assiste au développement de conflits
autour de la gestion des ressources aquifères.
25% des sols où ont été développées les monocultures de la « révolution
verte » sont complètement érodés, voire morts.
Le prix des aliments issus de l’agriculture dite « conventionnelle »
est faussé par le jeu pervers des subventions accordées aux producteurs
des pays du nord, et la non prise en compte des externalités,
c’est à dire des coûts indirects induits par le modèle agro-industriel,
comme la facture environnementale (contamination de
l’eau, de l’air, érosion des sols, destruction de la biodiversité) et
sanitaire (paysans malades ou morts, maladies des consommateurs
et riverains). Une étude publiée en 2009 par le parlement
européen a révélé que si on interdisait en Europe les seuls pesticides
cancérigènes, on économiserait 26 milliards d’Euros par
an. David Pimentel de l’Université Cornell a estimé, en 1992,
que le coût environnemental et sanitaire de l’usage des pesticides
aux Etats Unis s’élevait à dix milliards de dollars. L’exposition aux pesticides peut provoquer des effets négatifs sur le système de la reproduction, sur le système hormonal et endocrinien ou sur le système neurologique, conduisant aux maladies de Parkinson ou d’Alzheimer. D’ailleurs, la Sécurité Sociale a récemment reconnu la maladie de Parkinson comme
maladie professionnelle…