sur la paille

Le revenu agricole 2019 en baisse, surtout chez les céréaliers, les viticulteurs, et les éleveurs de bovins viande

Selon Eurostat, le revenu par actif agricole non salarié a diminué de 13 % par rapport à l’an passé. Mais cette baisse est davantage supportée par les céréaliers que par les éleveurs puisque selon l’Insee, la valeur ajoutée des filières « produits végétaux » décroît cette année.

Quels sont les revenus des céréaliers et des éleveurs ? Il y a encore cinq ans, la Commission des comptes de l’agriculture diffusait, chaque mois de décembre, une prévision des revenus agricoles de l’année en cours, filière par filière. Aujourd’hui, seul l’institut européen de statistiques Eurostat prend le risque de rendre publique une prévision du revenu agricole 2019 par actif (salarié et non salarié) et par exploitant agricole. Mais l’estimation est indicielle et en pourcentages, pas en euros.

Résultat, il faut se livrer à calculs d’apothicaires pour tenter de dégager une tendance par secteur.

Selon Eurostat, le revenu par actif agricole (salarié ou non salarié) a diminué de 8,5 % par rapport à l’an passé. En ne prenant en compte que les non salariés agricoles, la baisse est plus forte (- 13 %) puisque les salaires constituent des charges fixes.

Les comptes prévisionnels de l’agriculture publiés par l’Insee donnent des éléments d’explication à ces reculs importants.

Le revenu par actif agricole baisse cette année car la valeur de la production agricole (74,9 milliards d’euros) et la valeur ajoutée de la ferme France (31,2 Mds d’€ hors subventions) se replient significativement de 2 % et de 5,6 % par rapport à l’an passé.

Compte tenu des informations disponibles, les céréaliers et les viticulteurs supportent probablement seuls la baisse du revenu agricole, et dans de très fortes proportions, car la valeur des produits végétaux (43,7 Mds d’€) recule de 4,8 % sur un an tandis que celle des produits animaux (26,3 Mds d’€) progresse de 2,4 %.

L’évolution mensuelle du prix de compensation, autrement dit l’évolution du prix de vente minimum de la viande de porc, de viande bovine ou du lait nécessaire pour compenser la variation des prix des aliments, confirme cette analyse.

Une conjoncture plus favorable à l’élevage, sauf en bovins viande

La conjoncture n’a pas été défavorable à l’élevage, hormis la filière viande bovine qui voit sa situation se dégrader (baisse des prix de vente bien supérieure à celle des aliments). Alors que, la production de fourrages a diminué de 4,6 % en valeur, renchérissant les frais d’alimentation des herbivores.

En fait, la conjoncture est différemment ressentie selon les filières.

En productions végétales, l’évolution du revenu des producteurs « grandes cultures » est d’abord liée à leur assolement.

« La production de céréales augmente vivement en volume (+ 13,6 %), tirée par le dynamisme du blé tendre (+ 16,0 %) », souligne l’Insee. Mais « les récoltes de blé dur, d’oléagineux et de betteraves se replient (- 13,8 % ; – 21,7 % et – 6,9 %), pénalisées par des conditions climatiques défavorables, ajoute l’Insee. En revanche, la production de pommes de terre se redresse (+ 7 %) ainsi que celle de fruits ».

Or lorsque la valeur de la production agricole baisse ou augmente d’un point, l’incidence sur le revenu est 4 à 5 fois plus importante.

Mais surtout, la compétitivité du blé français à l’export a un coût ! Elle pèse sur le prix de vente des grains en ne rémunèrant pas le travail des céréaliers.

En production animale, les éleveurs laitiers bénéficient d’une conjoncture qui leur est particulièrement favorable (+3,4 % de la valeur ajoutée sur un an). Mais l’Insee ne détaille pas, pour les autres productions animales (porcs, bovins viande), l’évolution de la valeur ajoutée. Même si on devine qu’elle croît fortement pour les éleveurs de porcs (prix à la production en hausse de 37,3 % sur un an en octobre dernier selon le ministère de l’Agriculture).

Les 7,9 Mds d’€ d’aides publiques versées portent à 37,4 Mds d’€ la valeur ajoutée de la ferme France une fois les impôts fonciers déduits (1 Md d’€). Mais ces subventions atténuent simplement la baisse de la valeur ajoutée (- 4,9 %) aussi bien à l’échelle de la ferme France que par actif agricole (- 4,5 %). Et on a vu alors quelles pouvaient en être les conséquences sur le revenu de l’année…


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