Lors de ses voeux aux Français pour 2014, François Hollande n’a cité l’agriculture qu’à travers un seul exemple, celui de la chimie verte. Ou comment il prend ainsi position en faveur des valorisations non alimentaires…
Si vous avez écouté les voeux du Président de la République, vous avez peut-être été surpris par la manière dont il a cité l’agriculture. Je vous redonne la citation, avec son contexte :
« (…) Nous sommes un pays d’invention, d’innovation, de création, dans tous les domaines. Je pense à cette magnifique prouesse qu’a été la mise au point d’un coeur artificiel, c’est la première fois que cette technique est mise au point dans le monde. Je pense aussi aux transports, avec le véhicule électrique ; à l’agriculture, avec la chimie verte ; au numérique, où nous sommes également les meilleurs ; à la culture, où nous avons l’excellence. (…) »
On ne peut que se féliciter que François Hollande n’oublie pas ainsi l’agriculture parmi les secteurs d’innovations. En même temps, je pense qu’il faut s’interroger sur la nature de l’exemple choisi. Citer la chimie verte, c’est opter délibérément pour l’aval et l’industrie plutôt que pour la production, et pour une valorisation non alimentaire là où on attendait de sa part plutôt l’inverse.
Que faut-il en penser ? A-t-il parlé de la « chimie verte » sans trop savoir ce que cela pouvait sous-entendre ? On n’ose pas l’imaginer. Dès lors, s’il envoie un message à travers le choix de cet exemple, quel est-il ?
S’agit-il d’un message « subliminal » adressé à BASF, numéro 1 mondial de la chimie verte (source : l’article de Formule Verte dont le lien figure à la fin de celui-ci), qui emploie 450 salariés à Elbeuf principalement pour fabriquer du Fipronil désormais interdit en France mais aussi en Europe ? BASF s’est opposé à l’Etat français devant cette décision, lui offre-t-on ainsi une forme de compensation politico-stratégique ?
Autre hypothèse, s’agit-il d’un message adressé à tous ceux qui sont impliqués dans les valorisations non alimentaires de l’agriculture, pour les rassurer, alors qu’au niveau européen pèsent les pires menaces, notamment sur la filière biocarburants, avec la révision programmée des objectifs de taux d’incorporation dans les essences ? Mais dans ce cas, cela signifie aussi que François Hollande prend résolument parti contre les Verts, fers de lance (avec celle qui est devenue leur alliée, Corinne Lepage) de la campagne anti-biocarburants… Voilà qui ne devrait pas inciter Jean-Vincent Placé à payer ses 18 000 euros de PV oubliés…
Autre hypothèse, François Hollande aurait ainsi tenté une « main tendue » vers les céréaliers (seuls intéressés par la chimie verte, à moins que l’on ne considère désormais la méthanisation d’élevage comme en faisant partie, ce qui n’est en principe pas le cas), après une année 2013 où les différents arbitrages nationaux se sont systématiquement faits en leur défaveur. Mais dans ce cas, franchement, il aurait pu être plus clair…
Dans tous les cas, le message a manqué de clarté. De même que l’association de l’agriculture à la chimie verte ainsi prononcée. Bien sûr qu’elle existe. Mais elle n’est évidente que pour ceux qui valorisent directement sur leur fiche de paie leurs cultures en ce sens, soit pour une minorité.
Finalement, c’est à se demander si ce n’est pas dans ce manque de clarté que figurait le message. Mais là, c’est mon interprétation…
Et vous, comment interprétez-vous les voeux présidentiels ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».
En savoir plus : http://www.lesmetiersdelachimie.com/Tendances/Chimie-verte (les fondamentaux de ce qu’est la chimie verte) ; http://www.elysee.fr/chronologie/#e5326,2014-01-01,v-ux-aux-francais-4 (les voeux complets du Président de la République) ; http://formule-verte.com/bilan-2013-lindustrie-chimique-se-specialise-et-se-tourne-vers-le-biosource (article récent de Formule Verte qui rappelle que BASF en est la première entreprise mondiale).
Notre illustration ci-dessous : copie d’écran de la vidéo des voeux présidentiels.
… »à l’AGRICULTURE, avec LA CHIMIE VERTE ». Dommage en effet que le chef de l’Etat ne mentionne la production agricole que pour parler de la chimie verte. Mais bon, c’est quand même un gros morceau. Voilà ce que j’en ai tiré à lire le lien de DumDum sur le sujet:
http://www.passioncereales.fr/dossier-thematique/la-chimie-du-végétal?destination=node/365#ancre0
« La raréfaction du pétrole et l’évolution du prix du baril rendent la chimie du végétal de plus en plus compétitive.
Tout comme les biocarburants, les produits issus de la chimie du végétal contribuent à améliorer l’indépendance énergétique de la France et notre balance commerciale, via la réduction des importations de pétrole.
Une transition aisée
Les bioplastiques constituent une solution immédiatement applicable car ils sont totalement compatibles avec les équipements industriels existants. La plupart des producteurs de plastiques traditionnels sont d’ailleurs en mesure de produire ou produisent déjà des plastiques biodégradables. »
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Oui, bonne question, que se cache la signification de la chimie verte dans l esprit hollandais ou de son administration, auteur du discours !!
Le meilleur, un source de croissance avec des productions de matières végétales, transformé et consommé en local ( c est vert ça, non) !
Le pire, développer des technologies par la recherche de notre pays, revendu, développé, industrialisé par des groupes mondiaux, avec des productions de déforestation, parce que le dogme écolo serait contre , en France, ici et maintenant.