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Le Maroc, un client à reconquérir pour le blé français

Après une récolte 2016 très basse, le Maroc attend en 2017 une bonne moisson en céréales. Cette bonne nouvelle devrait limiter ses importations et soulager sa balance commerciale. Mais après une campagne d’exportations catastrophique en 2016/2017, l’origine française pourrait retrouver des couleurs au Maroc en 2017/2018.

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Une bonne production de blé tendre attendue au Maroc

L’agriculture au Maroc est vitale pour son économie et sa stabilité sociale. Le secteur représente plus de 40 % des emplois du pays et la facture d’importations de céréales est colossale chaque année. Cependant, étant très dépendante du climat, elle est très variable (figure 1).


Figure 1 : évolution de la production de blé tendre au Maroc (Mt)

Mais cette année, tous les feux sont au vert et le ministre marocain de l’Agriculture a annoncé mi-avril une production de céréales à 10,2 Mt, dont près de 5 Mt de blé tendre. La question est maintenant de savoir si ces estimations sont réalistes… Selon les professionnels marocains, un chiffre global de 8 Mt serait plus raisonnable.

Les pluies ont été importantes et bien réparties. Outre ces conditions météorologiques favorables, les agriculteurs marocains ont également augmenté sensiblement leur utilisation de semences certifiées (+ 52 % par rapport à l’an dernier).

Les deux éléments conjugués favoriseraient un bon rendement (22 q/ha contre 17,5 q/ha en moyenne sur les 5 dernières campagnes).

Mais ce n’est pas suffisant au regard de la consommation du pays

En moyenne, un Marocain mange 180 kg de blé par an, soit 3 fois plus qu’un Français !

Bien évidemment, la collecte nationale est dans un premier temps privilégiée. Pour protéger ses producteurs, le royaume chérifien applique donc chaque année des droits de douane prohibitifs au moment de la récolte pour dissuader les meuniers d’aller s’approvisionner sur le marché international. De 30 %, ils viennent de passer à 135 % et il est pour le moment prévu qu’ils restent à ce niveau jusqu’en décembre 2017.

Mais ensuite, les importations sont indispensables pour deux raisons majeures :
• Les meuniers marocains écrasent en moyenne 4,5 Mt de blé tendre par an.
La collecte marocaine ne représente généralement que 50 % de la production et ce volume (qui ne dépasse pour ainsi dire jamais 2 Mt) n’est jamais suffisant pour combler les besoins du pays.

• La qualité du blé marocain est très aléatoire. Pour obtenir une qualité de farine régulière, les meuniers locaux sont obligés de mélanger les blés collectés avec des qualités importées. Le blé français (50 % des importations en moyenne sur les 5 dernières campagnes) convient parfaitement à cette utilisation. N’oublions pas que le pain consommé au Maroc est très proche de notre baguette française.

Conserver notre place de leader

Cette campagne 2016/2017 a quelque peu modifié le paysage (figure 2). Bien que les meuniers préfèrent une base française, le prix, la qualité et surtout la disponibilité n’ont pas permis à l’origine française de conserver cette année sa position dans ce marché très concurrentiel.


Figure 2 : évolution par origine des importations de blé tendre au Maroc (X 1000 t)

Mais pour 2017/2018, soyons plus optimistes. Si les volumes de production annoncés au Maroc se concrétisent, les importations de blé tendre devraient avoisiner les 2-2,5 Mt. Au regard de la moyenne des 5 dernières campagnes, le blé français pourrait représenter entre 1 et 1,5 Mt. Il faut cependant rester prudent. La campagne précédente nous a prouvé que tant que notre blé n’est pas moissonné, tout peut encore arriver !

 

Margaux Verdier (France Export Céréales)

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