Limité par sa largeur de travail, le distributeur d’engrais pneumatique a peu à peu quitté le marché français au profit des centrifuges, avant de refaire parler de lui lorsqu’il a fallu réimplanter économiquement vos couverts végétaux. De l’antique DP12 Nodet soudainement ressorti des granges, aux dernières solutions (ré)introduites par une poignée de spécialistes, ce n’est qu’une affaire de dimensions, de capacité et de prix. S’ils persévèrent face aux économiques appareils à disques, c’est qu’ils apportent davantage de polyvalence et de précision, supportent bien mieux les variations de qualité des engrais, et n’ont pas peur d’intervenir lorsque Eole, le Dieu des vents, s’est levé du pied gauche. Voici un tour d’horizon des solutions fraichement introduites sur le marché.
De la pulvérisation à l’épandage d’engrais, il n’y avait qu’un seuil à franchir pour la société Horsch. Alors qu’elle fait face à une demande exponentielle pour ses pulvérisateurs, qu’ils soient portés, trainés ou automoteurs en Europe et bien au-delà, l’usine de Landau dans l’est de la Bavière, va bientôt accueillir un autre type de produits, le Xeric, premier distributeur d’engrais pneumatique de la marque. Doté d’une cuve pressurisée de 14 m³ équipée d’un capot à ouverture hydraulique, d’une rampe allant jusqu’à 48 m de large, d’une grande capacité de débit de dosage et d’une vitesse de travail élevée allant jusqu’à 20 km/h, le Xeric établit de nouveaux standards sur le marché. Il hérite du système BoomControl – l’arme ultime des pulvérisateurs Leeb – qui garantit un contrôle précis et sans à-coup de la rampe. En grandes largeurs, les conditions venteuses, en particulier au printemps, affectent la précision de la distribution. Le Leeb Xeric, quant à lui, permet une distribution longitudinale et latérale précise, indépendante du vent ou de la qualité de l’engrais. C’est tout l’intérêt de ce système et c’est ce qui plait aux entrepreneurs et grandes exploitations dans une partie de l’Europe, notamment celles proches du littoral. Le système de dosage du Leeb Xeric a été conçu pour réduire l’usure et les coûts d’entretien. L’unité de dosage centralisée assure un transport optimal de l’engrais. La machine est équipée d’une coupure de tronçons automatique et la modulation de dose et l’adaptation du dosage dans les virages garantissent une application précise de l’engrais. L’essieu tandem partagé avec le Leeb 12TD est couplé au système de double essieu suiveur actif, avec un angle de 28 degrés, qui permet un suivi précis dans les traces du tracteur.
Chez Duro, en plus de sa trémie frontale Eole déjà commercialisée, l’Eole 6000T vient apporter une solution non seulement chez ceux qui souhaitent épandre avec précision des engrais très variables en granulométrie, et parfois en présence de vent, mais également chez des profils d’utilisateurs très variés.
Le spécialiste beauceron, qui siège à Eole en Beauce – ça ne s’invente pas ! – a déjà conçu et livré il y a deux ans un appareil de 10 000 l dans l’est de l’Europe et compte répondre à une demande croissante d’appareils pneumatiques polyvalents. C’est pourquoi son nouvel appareil emploie une rampe aluminium de 36 m avec 4 têtes de répartition et éclateurs d’origine Pommier (sachant que Duro appartient à la SCEB Pommier) qui, montée sur un relevage 4 points peut être intervertie avec une bineuse, un appareil de strip till, ou encore une barre de semis. Les possibilités sont ainsi nombreuses, du semis de couvert végétal, de céréales à la volée à l’épandage d’engrais en passant par la fertilisation de cultures.
L’Eole 6000T repose sur un châssis porteur avec deux trémies pressurisées en inox de 3000 l, pour un total de 6000 l. Chaque trémie dispose de deux doseurs, soit 4 au total avec des volets pour pouvoir répartir le flux de produit et réaliser une foultitude de combinaisons. L’ensemble des doseurs permet un débit cumulé jusqu’à 150 kg/min, ce qui offre de belles possibilités pour cet appareil, encore en cours d’homologation.
Moderne, l’Eole 6000T pourra naturellement moduler la dose sur chacun de ses quatre tronçons à partir d’une cartographie. La coupure de sections étant également possible. Si l’essieu est présenté fixe, Duro envisage un essieu télescopique, suiveur et proposera un système de pesée. Côté pneumatique, il est ici présenté avec des 380/80R46 et pourra éventuellement être jumelé selon l’utilisation. Quid du prix ? Comptez environ 150 000 euros HT.
Inscrit dans la lignée des Nodet DP/DPS, l’Aero 32.1 en reprend les points forts, mais fait le plein de modernité, pour gagner en précision et réduire les recroisements. Avec rampe de 24, 27, 28 ou 30 m et d’une capacité de 3200 kg, Kuhn permet de doser une quantité différente sur chacune des 4 sections (pour un total de 24 diffuseurs) grâce à 4 unités de dosage entraînées hydrauliquement et indépendamment. Ainsi, un taux d’application variable peut être mis en œuvre à petite échelle.
L’Aéro autorise l’épandage d’engrais fins, légers ou composés, tels que l’urée ou des mélanges type « bulk » et un épandage en bordure s’avère aussi plus précis. Compte tenu de la distribution pneumatique et de l’acheminement de l’engrais jusqu’à sa cible, la répartition latérale est effectivement optimale. Pratiquement aucune surface n’est épandue deux fois, et le raccordement est idéal en fourrière.
On peut également employer l’Aéro comme semoir à anti-limaces, à microgranulés et pour les semis de couverts à la volée, comme son ancêtre. Certains l’ont même adopté pour semer des céréales économiquement, et lorsque les conditions d’implantation avec un semoir classique sont trop compliquées. À cet effet, le constructeur propose un rouleau doseur fin. Le pilotage se faisant depuis le terminal (CCI 800, CCI 1200, le terminal Isobus du tracteur), couplé s’il le faut à un joystick de commande CCI A3.
Mathieu Bonaventure