Maxime Biard a créé de toute pièce son entreprise en 2008. Aujourd’hui, il poursuit encore l’aventure en solo par un esprit d’indépendance assumée. Il y trouve à la fois une source d’efficacité pour les clients et une souplesse pour équilibrer vie professionnelle et vie privée. Rencontre.
C’est en un beau lundi de juin comme on les aime que Maxime Biard nous donne rendez-vous pour visiter son entreprise à proximité d’Argences dans le Calvados. Alors tant pis si le black-out de l’opérateur SFR nous prive de réseau. On s’accroche, on demande notre route aux personnes que l’on croise, et on finit par retrouver notre jeune passionné. La rencontre se fait sur un chantier en combiné de fauche de 8 m pour la récolte en foin. Et derrière le Fendt, on est récompensé par le spectacle de près d’une dizaine de cigognes aventureuses qui battent des ailes pour se poser lourdement sur l’herbe coupée, à la recherche d’éventuels mulots déboussolés.
« Je me suis installé à mon propre compte en 2008, entame le jeune homme. Je venais d’avoir dix-huit ans. Mon père avait eu une entreprise d’exploitation forestière. Mais de mon côté, j’étais surtout passionné de matériel agricole. J’ai aussi très rapidement su que j’avais un tempérament très indépendant et que je voulais me mettre à mon compte. Par ailleurs, le parcours pour devenir agriculteur me semblait trop long et complexe. Alors, dès que j’ai eu la majorité, je me suis lancé sans hésiter ». Dans ce secteur normand de transition entre la plaine coté est de Caen et le Pays d’Auge, il démarre d’abord avec un tracteur, une benne, une presse à balle ronde, et un épandeur à fumier d’occasion afin de pouvoir travailler de façon étalée sur l’année. Une orientation générale qui est d’ailleurs restée la même à ce jour.
En 2011, il passe sa capacité de transport benne pour le secteur des travaux publics. Petit à petit, l’activité se développe notamment dans l’épandage, poussé par la demande des clients. À un moment, le choix est fait de recruter un salarié et de faire aussi appel à un chauffeur en auto-entreprise pour accompagner la croissance. L’entreprise monte alors à quatre tracteurs, trois épandeurs et deux chargeuses. Cependant, la gestion des ressources humaines s’avère complexe. Le choix est donc fait de rétropédaler et d’assumer le fait de travailler seul. Le parc matériel se réduit logiquement avec désormais deux tracteurs, un épandeur à fumier, une benne de travaux publics, et depuis quelques mois une tonne à lisier qui sert aussi de citerne en travaux publics… Maxime a réduit le nombre d’outils, quitte à s’équiper dans certains domaines dans du matériel un peu plus gros et plus performant pour gagner en débit de chantier et en confort de travail.
Ce qu’il perd alors en chiffre d’affaires, Maxime estime le retrouver ailleurs : « J’ai la souplesse de pouvoir répondre à la demande des clients. Je suis très polyvalent. Je sais conduire beaucoup de matériels différents. Je réalise des prestations dans une grande partie du département du Calvados. Pour certains travaux, il m’arrive aussi de quitter la Normandie. Je sais être réactif et je peux m’adapter. Et en même temps, je peux me rendre disponible pour mes proches en organisant mon travail sur les chantiers qui le permettent. Je n’hésite pas à stopper un chantier pour passer deux ou trois heures en famille, quitte à le reprendre plus tard le soir tard quand les enfants sont couchés. Parmi les avantages, j’ai aussi la satisfaction de connaître parfaitement mon matériel, et de savoir exactement comment il a été entretenu ». Le fait d’être seul nécessite cependant d’être également pointu dans la gestion. Dans le domaine, il se simplifie la facturation avec le logiciel LEA. Par ailleurs, il s’astreint à rassembler tous ses éléments comptables une fois par mois.
Sa souplesse de travail lui permet aussi de travailler en tant que chauffeur, y compris pour d’autres ETA, avec ou sans tracteur ainsi qu’avec ou sans matériel attelé. Mais le plus souvent, ses Fendt sont de la partie. « Ils sont performants. Par ailleurs, je suis équipé en matériel de guidage et avec coupure de tronçons, explique l’entrepreneur. C’est souvent très apprécié par les clients. J’ai une petite fierté également, c’est d’être équipé du système de télégonflage Agriwin de Sodijantes qui est une entreprise complètement locale ! ».
Maxime réalise aujourd’hui environ 80 % de son chiffre d’affaires dans les travaux publics et l’épandage qui occupent une part chacune égale de 40 % du total environ. Ainsi, la saison démarre pour lui schématiquement en hiver avec de transport de benne en travaux public. Cette période est également celle du débroussaillage et du travail de clôtures. Il embraye ensuite au printemps sur une première saison d’épandage avant les semis. Il poursuit par les travaux de fauche de l’herbe, avant d’embrayer sur une deuxième saison d’épandage après les moissons. Depuis quelques mois, Maxime s’est équipé d’une tonne à lisier qu’il valorise principalement dans le secteur des travaux publics. Il s’agit de dégager par exemple des boues de forage, ou bien au contraire, de ravitailler en eau claire les matériels de travaux publics qui en ont besoin.
En 17 ans de métier, Maxime a déjà pu sentir l’agriculture se modifier, sans compter les cigognes qui se sont multipliées. « L’élevage laitier s’est très fortement raréfié dans le secteur, avec les crises de 2009 et de 2015, constate-t-il. Ma clientèle est d’ailleurs composée principalement d’exploitations céréalières. Aujourd’hui, il y a moins d’élevages, alors il y a moins de matières à épandre. Mais on la valorise beaucoup plus. Le métier s’est professionnalisé notamment avec la pesée dynamique DPAe. Ces dernières années, j’ai vu les matériels fortement progresser dans l’épandage. Avec la flambée des prix des engrais azotés, beaucoup de céréaliers se sont intéressés aux fertilisants organiques. Par ailleurs, aujourd’hui, les exploitants cherchent à relever leurs taux de matière organique dans les sols. Ils cherchent à retrouver un équilibre, quitte à faire venir du fumier ou du compost extérieur. Il y a beaucoup d’échanges de paille contre fumiers dans notre secteur ».