Malgré un cours du pétrole toujours en dessous des 40 $, le biodiesel se maintient en Europe à des prix extrêmement élevés. Le gazole, qui a fortement dévissé ses derniers mois, n’a pas entraîné le biodiesel dans son sillage.
La différence actuelle de prix entre le biodiesel de colza et le diesel est aujourd’hui historiquement élevée en Europe, s’élevant ainsi à 541 $ la tonne à la fin février. Depuis le passage du brent sous les 50 $ par baril en août, le biodiesel de colza ne s’est ajusté que de -23 $ à la baisse contre un repli de -166 $ pour le diesel en Europe.
Selon la Renewable Energy Directive implémenté en 2009 et modifié à la mi-2015, les producteurs de carburants doivent, au sein de l’Union Européenne, incorporer dans leurs volumes de gazole au moins 6 % de biodiesel d’ici à 2020. Dans le même temps, pour contraindre la marge de manœuvre de ces fabricants, l’Europe a également mis en place un système dissuasif d’amende évoluant en fonction du prix du biodiesel et du pays européen. Par exemple, l’amende oscille aujourd’hui entre 550 et 770 $ dans les différents Etats membres. Il est ainsi plus intéressant d’incorporer du biodiesel à un prix prohibitif que de payer l’amende pour les fabricants de biocarburants.
Malgré les prix du biodiesel élevés en Europe, ces derniers sont bien loin de leurs plus haut des 1838 $ du 15 juillet 2008 et ne permettent pas aux producteurs de biodiesel de dégager une marge substantielle. Il est vrai que le secteur du biodiesel en Europe, avec la majorité des usines situées en Allemagne, n’a jamais été profitable, depuis ses débuts dans les années 2005, puisque les marges des fabricants sont structurellement négatives sans un soutien fiscal de la part des gouvernements. Cependant on observe depuis début 2015 des marges après soutien fiscal plus comprimées que par le passé pour les producteurs de biodiesel, par exemple aujourd’hui à 35 $.
La question se pose quant à la viabilité du système si les prix du pétrole se maintiennent à de tels niveaux sur le long terme.