Le bambou, un complément de revenu à vie (30 TMS/ha vendues 4 000 €)

En Dordogne, une bonne partie de la production agricole repose sur des cultures pérennes. A Laurent Fleyrat lance la production de bambou contractualisée avec la société Horizom a pour ambition de créer une nouvelle filière industrielle de biomatériaux.

A Sainte Eulalie d’Ans (Dordogne), Laurent Fleyrat est à la fois agriculteur et entrepreneur dans le bâtiment, spécialiste de la rénovation d’anciennes maisons d’habitations. En se lançant dans la culture de bambou, il inscrit totalement ses deux activités dans l’économie circulaire.

Ses cannes ensilées et collectées par la société Horizom seront transformées en biomatériaux dans une usine qui sera construite dans quelques années dans la région. Une filière industrielle locale aura alors été entre temps créée de toutes pièces pour valoriser les cannes produites par des centaines de producteurs. Ces biomatérieux se substitueront alors aux matières plastiques jusqu’à présent employées.

Les cannes ensilées peuvent aussi être employées pour fabriquer du terreau à la place de la tourbe.

En Dordogne, la culture de bambou va étoffer la gamme de cultures pérennes (noyeraies, vignes, truffes, fruits à coques, etc.) caractéristiques de l’agriculture périgourdine.
Attendre 5-6 ans avant de pouvoir récolter les premières noix ou les premiers fruits d’une plantation fait partie de la culture paysanne locale.

Laurent Fleyrat, céréalier et producteur de noix sur 23 hectares, voit dans sa nouvelle bambouseraie une opportunité pour sécuriser et diversifier ses revenus.

Il y a plusieurs mois, la cellule « aide agricole » du Conseil Départemental l’a mis en contact avec la société Horizom. Elle cherche des agriculteurs prêts à convertir une partie de leurs terres en bambouseraie. Pour créer sa nouvelle filière industrielle, des milliers d’hectares en Nouvelle Aquitaine et dans les régions périphériques doivent être implantés de bambou.

Concrétisation du projet

En 2019, l’agriculteur avait repris deux petites exploitations familiales dans le cadre du programme à l’installation du département de Dordogne et de la région Nouvelle Aquitaine.

Comme ses parents étaient des producteurs de veaux en batterie, ses terres étaient dotées de DPB historiquement élevés. Mais soumis au programme de convergence des aides entrepris depuis une dizaine d’années, leur montant diminue année après année.

L’hiver passé, Laurent a signé un contrat avec la société Horizom pour implanter sept hectares de bambou déjà équipés d’un système d’irrigation. Les analyses agro-pédologiques effectuées par les agronomes de la société ont montré que les conditions étaient réunies pour que cette plantation soit une réussite.

Comme les parcelles sont situées à proximité de l’Auvézère, Laurent dispose d’une ressource abondante en eau pour irriguer sa bambouseraie durant les périodes de fortes chaleurs.

Financer la bambouseraie

Le contrat conclu avec Horizom porte sur la fourniture de rhizomes et d’une prestation de services pour implanter la bambouseraie de 7 hectares. Un suivi agronomique sera par la suite assuré.
Au total, Laurent a investi près de 65 000 €.

Les cannes seront achetées 130 € minimum la tonne de matière sèche (tMS). En rythme de croisière, Laurent table sur un chiffre d’affaires de près de 3 900 € par hectare s’il parvient à récolter 30 tMS de cannes par hectare.

Sur 7 hectares, il encaisserait 27 300 €.

En déduisant les frais d’intrants (2 300 €/ha), les frais d’irrigation (800 €/ha) et les frais de récoltes et d’ensilage (3 000 €), l’entrepreneur dégagera un Excédent brut d’exploitation de 21 000 € hors frais d’entretien des parcelles.

Le prix de la tonne de canne vendue sera bonifié si la société Horizom parvient à bien valoriser les broyats de cannes auprès des industriels qui les transformeront en biomatériaux. (cf papier ci-dessous).

Durant la période de remboursement du prêt contracté pour financer sa bambouseraie, Laurent paiera 8500 € d’annuités.

Mais l’entrepreneur ne pourra pas récolter de bambou avant cinq ans. Ensuite, sa production croîtra progressivement (10 tMS en n+5, 20 t en n+6 et 25 tMS en n+7) jusqu’à la huitième année lorsque le rythme de croisière sera alors atteint.

Aussi, Laurent a obtenu de sa banque de pouvoir différer de cinq ans le remboursement des prêts souscrits.

Toutefois, il paiera chaque année les intérêts (2 900 €) des prêts souscrits et il financera les frais d’entretien.

Mais l’agriculteur pourra compter sur la vente par anticipation des 280 tonnes de crédits carbone (25 €/t) stockées dans le sol ou photosynthétisées en bambou par la plantation au cours des 20 prochaines années. 

Le chiffre d’affaires escompté est de 13 400 €. Il lui sera versé au cours des trois prochaines années. Et en déclarant ses sept hectares « Autres cultures » sur sa déclaration Pac, il percevra aussi des DPB

Un revenu complémentaire

Dans quinze ans, Laurent approchera l’âge de la retraite. Ses parcelles produiront toujours des cannes. Les bambouseraies ne craignent ni l’excès de chaleur, ni le gel. Elles ne dégénèrent pas et ne se replantent pas.

Laurent renouvellera alors  son contrat s’il estime qu’Horizom valorise bien ses bambous.

Mais si une autre entreprise lui fait d’ici là une meilleure offre, Laurent étudiera, le cas échéant, toute proposition. 

Quoiqu’il en soit, l’entrepreneur pourra compter sur ses parcelles de bambou pour disposer d’un revenu complémentaire à sa retraite d’entrepreneur. Comme il est au micro-BA sur son exploitation, il ne prévoit pas de prendre sa retraite sur l’activité agricole.

5 Commentaire(s)

  1. le profil de production de biomasse me plait.
    j’aimerai avoir encore des informations sur le sujet.
    je suis agriculteur avec mon frères en gaec.
    nous avons diversifier notre exploitation vers la filières production de biomasse issue de parcelles agricoles depuis 2016. je pense que cette alternative est un des chainons de l’avenir de l’agriculture.

    je craignais le babou vis a vis de sa prolifération. mais peut etre avec plus d’infos je pourrai me pencher sur la questions.

    merci à vous

    1. Bonjour monsieur
      Dans quelques jours un article complémentaire va paraître. Il porte sur la société Horizom et sur son projet de filière.
      Vous aurez des informations complémentaires et en cliquant sur les liens, vous aurez les coordonnées pour les joindre.
      Mes remerciements pour l’intérêt que vous portez à wikiagri
      FH

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