L’Argentine se prépare à une récolte record de blé tendre

Vers une bonne récolte argentine

La surface de blé tendre semée par les Argentins en 2018 serait d’environ 6 millions d’hectares (figure 1), un chiffre qui n’avait pas été atteint depuis 10 ans. Cela résulte à la fois de la diminution des surfaces de soja et de la libéralisation du marché argentin en décembre 2015. Cette dernière a permis de relancer la dynamique export, offrant davantage de débouchés aux agriculteurs argentins.

Figure 1 : principales zones de production de blé tendre en Argentine

Grâce à de bonnes conditions climatiques, la production de blé tendre s’annonce record dans le pays. Il a plu dans la région de Buenos Aires au mois de septembre et début octobre dans le nord du pays, soulageant un début de sécheresse. La production pourrait ainsi atteindre 19 à 20 Mt selon les sources, contre 18,5 Mt les deux campagnes précédentes.

Figure 2 : évolution de la production et des surfaces de blé tendre en Argentine

Une menace pour les blés français à partir de janvier 2019

Si le volume de production se confirme, les exports devraient eux aussi être en hausse, autour de 13-14 Mt. Si une large partie de ce volume, environ 5 Mt, part directement chez son voisin brésilien, l’Argentine devrait avoir des volumes conséquents à exporter vers le reste du monde. Traditionnellement, le pays fournit également du blé en Asie, en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest. Ainsi, dès le mois de janvier, moment du pic de ses exportations (figure 3), l’Argentine devrait être compétitive sur les appels d’offre de l’Algérie, et pourrait y exporter plus d’un million de tonnes.

Figure 3 : rythme de chargements de blé en Argentine sur les trois dernières campagnes

Toutefois, la compétitivité des blés argentins pourrait être affectée par la taxe à l’export remise en place par le gouvernement début septembre 2018 : afin d’arriver à l’équilibre budgétaire dans un contexte de très forte dévaluation de sa monnaie (figure 4), le pays a pris un certain nombre de mesures. Parmi elles, citons la suppression de certains ministères et la mise en place des taxes à l’export. Pour les céréales, la taxe est fixée à 4 pesos pour chaque dollar exporté. Il est à noter que le pourcentage de taxe appliqué sur le prix FOB varie selon le taux de change. Il ne pourrait pas dépasser 12 % si le dollar venait à s’échanger en-dessous de 33,3 pesos. En revanche, le pourcentage de taxe n’a pas de limite de baisse lorsque le taux de change surpasse les 33,3 pesos pour un dollar, comme c’est le cas aujourd’hui.

Figure 4 : évolution du cours d’échange pesos / dollar sur les 12 derniers mois