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L’ANDAINEUR, CRÉATEUR DE LA VALEUR DANS LA CHAÎNE VERTE

« C’est souvent dificile d’occuper les chevaux d’une ensileuse dans les récoltes d’herbe. Avec des andains espacés de 15m chacun, on optimise ensuite le travail de récolte. Les circulations d’engin dans les parcelles sont limités d’autant avec un meilleur repspect des sols », expliqe Charles Macé.

Pour l’ETA Macé à Fontaine-le-Pin dans le Calvados, l’andainage est devenu un chantier hautement stratégique afin de créer de la valeur ajoutée dans les prestations de récolte fourragère. Les associés père et fils ont ainsi investit cette année dans un andaineur à tapis Roc RT 870. Ils comptent mieux valoriser les fourrages classiques et développer des récoltes plus délicates telles que les dérobées.

Le pick-up est conçu pour ramasser les fourrages sur toute la largeur de travail et sans toucher au sol. La récolte est homogène, sans terre et sans cailloux.

Depuis quelque temps nous avions l ’objectif d’améliorer la création de valeur fourra- gère tout au long de la chaîne de récolte de l ’herbe. Dans ce cadre, nous recherchions un nouveau système pour retourner les andains laissés par les faucheuses et en améliorer les taux de séchage », relate Pierre Macé, installé comme entre- preneur de travaux agricoles depuis 2009 avec son père Gilles et son frère Charles à Fontaine-le-Pin dans le Calvados (cf. encadré). « Mais quitte à investir nous nous sommes dit : autant le faire vraiment en misant sur de véritables  innovations  porteuses  », complète  l’entrepre- neur. C’est ainsi que les associés ont décidé de s’équiper d’un andaineur non-conventionnel à tapis par le choix de la machine RT 870 du constructeur Roc. Un matériel qui avait été repéré en décembre dernier par les trois chefs d’entreprise au salon des ETA. « L’outil présente plusieurs innovations. Les andaineurs conventionnels à rotors traînent le produit sur le champ jusqu’à l’andain. Sur le RT 870, l ’herbe est véritablement ramassée au sol grâce à la présence d’un pick-up dédié. Ce dernier pose les matières sur un tapis qui va les redéposer en andain, Ce système évite les pertes d’andainage couramment liées au remplissage de fourrage dans les reliefs du terrain tels que les ornières. Par ailleurs le pick-up ne touche pas du tout au sol, ce qui limite énormément l ’intrusion de corps étrangers de type terre ou cailloux », détaille Charles Macé. Le facteur de propreté des fourrages est un aspect important et différen- ciant vis à vis des clients éleveurs et notamment les éleveurs laitiers. Les germes présents dans la terre peuvent entraîner la présence de cellules dans le lait, après ingestion par les vaches laitières. « Pour donner le maximum de potentiel en conditions difficiles à cet outil, nous l ’avons aussi équipé du suivi de terrain avec à la fois des roues de jauges et des patins » indiquent les entrepreneurs.

Le système de convoyage est constitué de trois tapis latéraux qui peuvent être réglés pour former l’andain des deux côtés ou bien au centre

La deuxième   grosse   innovation de l’andaineur est située dans le système de convoyage des fourrages. « Les matières sont simplement posées sur le tapis avec un respect total des feuilles. Elles ne subissent alors plus aucun choc et il n’y a pas de perte, estime Pierre. Ce sont souvent les feuilles les plus fines qui sont perdues et qui sont également les plus intéressantes au niveau des valeurs alimentaires. Nous estimons ainsi sur une récolte d’herbe pouvoir gagner un point de MAT (matière azotée totale NDLR) ».

Le pick-up est conçu pour ramasser les fourrages sur toute la largeur de travail. Si bien que l’ensemble de la récolte se trouve aérée. L’andain n’est donc pas posé sur une partie de fourrages humides qui n’aurait pas été retourné. « Là encore les gains sont appréciables en taux de matière sèche et nous gagnons en homogé- néité des récoltes », souligne Pierre. Les entrepreneurs mettent aussi en avant dans cette prestation, le respect par le pick-up des cultures fauchées en place qui ne sont pas touchées et donc pas abîmées. La repousse en est d’autant facilitée. Pour une saison de culture de luzerne comprenant cinq coupes, le constructeur ROC évalue un gain de plusieurs semaines lié à la rapidité des repousses.

Fauchage à plat

Pour profiter pleinement des potentialités de l’andaineur à tapis, l’ETA Macé préconise un fauchage à plat des parcelles, sans rassemblement des fourrages en andain par la faucheuse. Comme cela l’herbe peut sécher rapidement sur quasiment toute la surface de la parcelle plutôt qu’au sein d’un andain peu propice au séchage. « Cette technique nous permet d’augmenter très significativement les taux de matière sèche. Nous pouvons passer de 25-30 % de taux de matière sèche en système classique, à presque 40-50 % de matière sèche sur la même période. Comme pour une récolte classique sous le climat normand, nous comptons un temps de séchage de 3-4 jours avant le passage de l’andaineur à tapis », relate Pierre Macé.« Cela peut être réduit à une journée seulement si la météo est très séchante. Tout dépend aussi des objectifs de conservation désiré. Pour un ensilage on veillera à ne pas dépasser de 35 à 40% de matière sèche, au risque de produire du foin », complète Charles.

Chauffeur en Cuma !

La chaîne verte nécessite une petite réorganisation pour accueillir cette technologie. Il faut anticiper un minimum pour prévoir que le fauchage soit bien réalisé à plat. « Le mieux, prévient Pierre, est que l’agriculteur nous contacte avant sa décision de faucher, comme cela on peut recaler l ’itinéraire des travaux avec lui ». L’andain n’est pas réalisé conjointement à la fauche puis retourné ensuite, mais au contraire il est réalisé tardivement et est normalement directement récoltable que ce soit par l’ensileuse ou l’enrubanneuse par exemple. « Nous pouvons réaliser des prestations complètes avec fauche, andainage et récolte. Nous avons fait en sorte que la largeur de l’andaineur qui est de 7,70 m, se complète bien avec notre combiné de fauche de 9 m », ajoute Pierre.

L’andaineur à tapis permet d’augmenter très significativement les taux de matière sèche. « Nous pouvons passer de 25-30 % de taux de matière sèche en système classique, à presque 40-50 % de matière sèche sur la même période », assurent les entrepreneurs.

L’ETA Macé maîtrise toute la chaîne verte, à deux nuances près. Ils ne possèdent pas d’auto-chargeuse et surtout ils ne détiennent pas d’ensileuse en propre. En revanche, Charles est le chauffeur attitré depuis douze ans d’une ensileuse partagée en Cuma. Une machine qui reste dans les locaux de l’ETA et dont il gère l’entretien et les plannings. C’est d’ailleurs par cette activité que l’ETA a développé toutes ses prestations de la chaîne verte. Elle a saisi les demandes des adhérents de la Cuma et répondu à leurs attentes. Un bel exemple qui démontre que l’esprit Cuma et l’esprit ETA peuvent créer des synergies.

Largeur variable

L’andaineur Roc RT 870 est capable de réaliser des andains sur une largeur variable de 4 à 15 mètres. « Ainsi nous pouvons adapter l ’épaisseur à la quantité de matière présente. C’est utile à la fois pour éviter des andains trop épais, mais aussi pour valoriser des coupes peu importantes là où elles auraient été laissées aux champs avec un système classique », certifie Pierre. « C’est souvent difficile d ’occuper les chevaux d’une ensileuse dans les récoltes d’herbe. Avec des andains espacés de 15m chacun, on optimise le travail de l ’ensileuse. Les circulations d ’engin dans les parcelles sont limitées d’autant avec un meilleur respect des sols », complète Charles avec l’expertise de chauffeur d’ensileuse.

Les entrepreneurs attendent de la machine un débit de chantier entre 3 et 5 ha/h. Selon les situations, le chauffeur peut régler l’andainage en central ou bien en latéral gauche ou droite. L’outil est traîné à l’arrière du tracteur de puissance moyenne (100 chevaux suffisent) et contrôlé en cabine par un boîtier filaire (non isobus). Le rayon d’action visé est de 50 km autour du siège de l’ETA.

Les entrepreneurs comptent sur cette technique pour développer des prestations en conditions difficiles comme la valorisation des intercultures notamment des dérobées de ray-grass ou de méteil en précédant de maïs ensilage.

Le pick-up respecte les cultures fauchées en place qui ne sont pas touchées et donc pas abîmées. La repousse en est d’autant facilitée.

Viser les dérobées et plus encore

« Le premier produit que nous visons, c’est l’herbe, qu’elle soit destinée à l ’ensilage ou à l ’enrubannage », confie Pierre Macé. « En effet, l’andainage à tapis s’inscrit parfaitement dans la chaîne verte classique pour augmenter les valeurs des fourrages et diminuer les pertes ». Mais les entrepreneurs comptent aussi sur cette technique pour développer des prestations en conditions difficiles comme la valorisation des intercultures notamment des dérobées de ray-grass ou méteil en précédant de maïs ensilage. Le gros avantage dans ces conditions de récoltes sur sol travaillé est celui de la propreté des récoltes. L’entreprise envisage à plus long terme de trouver d’autres niches pour développer la prestation. « Nous pourrions redonner de la valeur à certaines ressources telles que des cannes de maïs grain, des pailles de colza broyées… Ces matières pourraient trouver de l ’intérêt dans les unités de méthanisation par exemple », projettent les deux frères.

Entrepreneurs depuis 2009

C’est  en  2009,  que  Gilles Macé et ses fils Charles et Pierre ont saisi l’opportunité de   devenir    entrepreneurs de travaux agricoles en reprenant une entreprise spécialisée au départ dans la récolte du lin textile et des betteraves. Les repreneurs y ont ajouté petit à petit tous les aspects de la chaîne verte. Adossés à une exploitation agricole familiale, ils proposent aussi à certains clients des cultures de A à Z. Avec un matériel vieillissant en   récolte   de   betteraves, l ’entreprise    a    abandonné cette culture et développé en remplacement une activité d’alignage et de ramassage de cailloux. Aujourd’hui l’ETA  Macé  emploie  deux salariés à temps plein et de un à deux saisonniers, et environ une unité et demi de travail non salarié. Chacun des trois associés a une activité externe en plus de l’ETA.

Texte et photos: Alexis Dufumier

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