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Lait et environnement en Europe, une réglementation variable

Comparée à ses voisins européens, la France est un des deux pays nord-européens dont la réglementation environnementale a le plus d’incidence sur la production laitière. L’Allemagne et les Pays-Bas sont plus laxistes alors que ces deux pays sont en zones vulnérables.

Des pans entiers de la Pac (politique agricole commune) restent nationaux. Le principe de subsidiarité (entre la Commission européenne et les pays membres) et les mesures fiscales, sociales et économiques, mises en œuvre, qui relèvent de la souveraineté des Etats, conduisent à de fortes disparités dans la façon dont les agriculteurs exercent leur activité. En particulier dans l’application des règles environnementales.

Sur les cinq critères retenus dans une étude de l’Institut de l’élevage intitulée « Lait en Europe du Nord, de grands écarts entre pays mais pas de gagnant sur toute la ligne », portant sur l’incidence des enjeux environnementaux sur la qualité de l’eau et de l’air, aucune réglementation appliquée est aussi stricte en Allemagne qu’en en France hormis celle portant sur l’ammoniac dégagé dans l’air.

L’ensemble du territoire allemand est en zone vulnérable et pourtant l’application de la directive nitrates est très lâche. Jusqu’en 2013, l’Allemagne bénéficiait même d’une possibilité de déroger à la limite des 170 kilos d’azote organique par hectare. Certes « la Commission européenne l’a priée de prendre des mesures plus vigoureuses pour lutter contre la pollution des eaux par les nitrates », souligne l’Idele mais les éleveurs allemands ont bénéficié d’un règlement plutôt favorable pendant des années, et même distorsif, comparé à celui appliqué en France. Ce qui leur a permis d’être plus compétitifs avec des coûts de production plus faibles.

Aux Pays Bas, seules les règles portant sur les excédents de phosphates et sur l’ammoniac sont plus sévères qu’en France. Le 16 mai 2014, une dérogation a aussi été renouvelée avec la prorogation de deux seuils maximum de 230 et de 250 kilos d’azote organique par hectare sur les exploitations couvertes à plus de 80 % d’herbe.

La France au niveau du Royaume-Uni dans la sévérité des règles environnementales

Seul le Royaume-Uni soumet ses éleveurs à une réglementation environnementale aussi contraignante qu’en France. La pression exercée sur le foncier est très intense compte tenu de la forte densité de la population. Mais le recul de l’agriculture et la baisse de la consommation d’engrais rendent la qualité de l’eau meilleure depuis quelques années.

Mais c’est le Danemark qui remporte la palme en matière de réglementation environnementale. Elle est la plus stricte des principaux pays producteurs de lait nord européens. Et ce, depuis les années 1990.

« La réduction de la volatilisation de l’ammoniac est l’un des principaux critères du système d’autorisation environnementale des exploitations depuis 2007 », mentionne l’institut de l’élevage. « Un dispositif de quota sur l’azote minéral, mis en place par culture, tient compte de la disponibilité de l’azote contenu dans les effluents d’élevage. Une taxe de 2,40 € par kilo est appliquée au-delà de ce quota réglementé. »

Mais à ce jour, les résultats obtenus laissent penser que les décisions prises ont été les bonnes. « L’érosion des sols, les émissions de d’ammoniac, de gaz à effet de serre sont des question environnementales de moindre importance », souligne l’Institut de l’élevage. Mais les mesures prises n’ont pas été sans conséquences pour les producteurs de lait et de céréales qui ont dû renoncer à produire du blé panifiable.

L’Irlande, paradis des éleveurs

C’est en Irlande que la réglementation environnementale a le moins d’incidence sur les producteurs de lait. Tout d’abord parce que 93 % des surfaces agricoles sont herbagères et extensives. Mais bien que les teneurs en nitrates dans les eaux souterraines soient inférieures à 50 mg, le pays bénéficie d’une dérogation à la limite de 170 unités d’azote organique. Environ 4,5% des élevages en bénéficient. 

Limiter les rejets de phosphates, à 70 % d’origine agricole et de gaz à effet de serre sont les priorités du gouvernement irlandais. Ces deux mesures sont liées à une eutrophisation des eaux de surfaces et à des calendriers d’épandage inadaptés. L’Irlande profite ainsi d’une réglementation environnementale plutôt accommodante en plus de conditions de production déjà très favorables grâce à leur climat.

 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/lait-lallemagne-cible-les-aides-dinvestissements-la-france-les-essaime/6906 (autre article comparatif sur le lait en Europe).

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