prix du lait

Lait de vache en janvier: baisse de 50 € à 60 €/1 000 l aux Etats-Unis et en Europe du nord

En production laitière, la France est pour l’instant épargné par le retournement conjoncturel observé dans les grands bassins de production exportateurs de produits laitiers. Toutefois, la filière lait bio n’a plus la côte dans l’Hexagone. L’écart de prix avec le lait bio s’est considérablement réduit. Jusqu’à 40 % du lait bio est déclassé.

Partout dans le monde des stocks de poudre de lait et de beurre se reconstituent, les débouchés à l’export sont hésitants et la consommation de produits laitiers donne des signes de repli.

« Aux Etats-Unis, les stocks de beurre fin décembre enregistrent une hausse de +9% /2021. Ces disponibilités ont fortement pesé sur les cours du beurre qui ont chuté de -740 €/t en un mois à 4 820 €/t en janvier, soit -480 €/t d’une année sur l’autre », rapporte l’Institut de l’élevage (Idele).

Alors au mois de janvier dernier, le lait de classe IV, transformé en beurre/poudre maigre, n’a été payé aux éleveurs étasuniens que 420 €/1 000 l, soit 50 € de moins qu’en décembre 2022 mois, ajoute encore l’Idele.

Dans l’Union européenne, la valorisation du lait transformé en ingrédients est ramenée à 413€/1 000 l sur le marché européen et à 372 €/1 000 l sur le marché mondial pour le mois de janvier 2023. Le pic a été atteint en juin à 620 €/1 000 l sur le marché européen et 570 €/1 000 sur le marché mondial.

Aussi, le prix du lait commence à baisser dans les pays où il est le plus élevé puisqu’il est davantage indexé sur les prix de la poudre ou du beurre. Le manque à gagner est d’ores et déjà de 60 €/1 000 l en Belgique, aux Pays Bas et en Irlande.

« En Belgique, Milcobel devrait diminuer à 479 €/1 000 l. Arla et FrieslandCampina auraient annoncé des prix ramenés autour de 550 €/1 000 l en janvier», souligne l’Idele.

Un écart de prix de 100 € à 120 €

En France, où l’an passé le prix du lait payé a été l’an passé un des moins élevés de l’Union, le repli n’est pas engagé.

« En décembre, le prix du lait standard a atteint 474 €/1 000 l. La progression est certes remarquable en un an (+95 € /2021), explique l’Idele. Mais au cours de l’année passée le prix du lait conventionnel en France s’est situé jusqu’à 120 € sous celui en Allemagne ».

En fait le prix du lait devrait logiquement moins varier quand on sait qu’il n’a pas augmenté dans les mêmes proportions qu’ailleurs en Europe.

Par ailleurs, le mix produit davantage assis sur des produits transformés consommés sur le marché intérieur rend le prix du lait moins sensible aux évolutions des cours du beurre et de la poudre de lait écrémé.

Enfin, la loi Egalim impose de prendre en compte les coûts de production dans la fixation du prix du lait.

En 2022, la MILC (marge Ipampa sur coût indicé total) s’est appréciée de +67 €/1 000 l sur un an malgré l’augmentation des charges (+54 €/ 1.000 l). « La hausse du produit lait (+104 €) et celle des autres produits (+17 €) compensent largement l’augmentation des charges (+54 €) », rapporte l’Idele.

Filière lait bio, rien ne va plus. La consommation de produits laitiers décroche fortement. Celle de laits conditionnés baisse de 9 % par rapport à 2021  celle de beurre de 9 % aussi et l’ultra frais de 10 %.

Dans le même temps, la production de lait a augmenté de 2,7 % sur un an. Mais la diminution de la collecte de lait durant la canicule et la baisse du nombre de livreurs ont compensé en grande partie l’arrivée de nouveaux éleveurs convertis en bio. Ce qui évité un effondrement du marché du lait bio.

Pour toutes ces raisons, le prix de base du lait bio s’est établi à 466 €/1 000 l, soit +5 €/2021. Mais l’écart avec le prix conventionnel n’était plus que de 30 €/1 000l. Par ailleurs, le déclassement d’une importante partie du lait livré – entre 15% à plus de 40% – évite l’effondrement du prix payé au producteur.

La filière n’entrevoit aucune perspective de redressement à court terme. La crise de la filière bio pourrait accélérer le déclin de la production de lait en France. Les éleveurs convertis proches de la retraite sans repreneurs seront plutôt tentés de cesser de produire plutôt que de repasser en conventionnel.

En décembre 2022, 4 170 livreurs ont livré du lait bio soit 9,4% des livreurs français de lait de vache, selon l’Idele. Mais ils sont 80 de moins qu’en juin 2022, lorsque leur effectif était le plus élevé (4 250).

La France est quasiment le seul grand pays producteur de lait européen qui n’a pas profité pleinement de l’embellie des prix et du marché mondial des produits laitiers dont ont su tirer profit les pays du nord.

La collecte laitière, qui s’est repliée en 2022 de -0,7% /202

En Europe du Nord, les prix élevés du lait ont stimulé la production. Les hausses de collecte ont été particulièrement appuyées en Autriche (+3% en 2022 /2021), en Belgique (+2,6%) ou encore en Pologne (+2,1%).

En conséquence, la collecte de l’UE-27 s’est ainsi établie aux alentours de 143,6 millions de tonnes en 2022.

Mais en France, le nombre de livreurs de lait a poursuivi sa baisse en 2022. 44 180 livreurs étaient recensés fin 2022, soit une baisse de -4,8% /2021.

Les éleveurs encore en activité n’accroissent plus la taille de leur troupeau comme par le passé. Aussi, les effectifs de vaches laitière baissent continument en rythme annuel de plus de 2 %.

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