agriculture de precision

L’agriculture de précision et personnalisée par Clément Touzouli

WikiAgri et AgriFind proposent une série de portraits d’agriculteurs, qui partagent leurs expériences et leurs résultats technico-économiques. Découvrez pour ce septième numéro l’interview de Clément Touzouli membre de WikiAgri.

Présentation de l’exploitation de Clément Touzouli :
  • Département : Gers (32)
  • 35 ha de noyer
  • 90 ha de céréales : blé, soja, pois d’hiver
  • Sols argilo-calcaires
  • Parcellaire irrigable à 100 %
  • 2 structures juridiques distinctes (individuelle et EARL)
  • 1 ETP

Bonjour Clément, comment t’es venu l’envie de t’investir dans l’agriculture de précision ?

« J’ai une formation d’ingénieur agricole et donc plutôt eu une entrée « agriculture connectée » car j’ai travaillé dans une entreprise qui conçoit et fabrique des objets connectés pour l’agriculture, c’était une façon pour moi de combiner mes deux passions : les nouvelles technologies et l’agriculture. »
 

As-tu installé des objets connectés sur l’exploitation familiale ?

« J’utilise deux caméra mobiles alimentées par des batteries que j’ai moi-même développées. Elles me permettent de suivre ce qui se passe sur la ferme même quand je suis en déplacement. J’ai une station météo et des capteurs « GPS » placés sur l’enrouleur qui me permettent de suivre son avancement en temps réel. Mais je me suis concentré sur les données satellites car elles sont gratuites et à disposition de tous les agriculteurs. »
 

De quels satellites s’agit-il ? Comme valorises-tu les données de ces satellites ?

« J’utilise au peu les données de Sentinel-1 et principalement celles de Sentinel-2. Tous les 5 jours, la mission Sentinel-2 fournit des clichés de notre planète dans 13 bandes spectrales avec pour objectif, entre autres, de suivre à haute résolution l’évolution de la végétation.
 
L’avantage de Sentinel-1 c’est que c’est un satellite radar et donc qu’il passe à travers la couche nuageuse. Il transmet des données brutes (des longueurs d’onde centimétrique émises et on mesure l’énergie rétrodiffusée) qu’il faut travailler pour les rendre utile. Leurs analyses permettent d’en tirer des informations telles que l’humidité du sol, la hauteur de végétation… Je suis en train de développer un système qui permettent de détecter la verse du blé.
 
Grâce à Sentinel-2 on obtient des ondes optiques (c’est comme un appareil photo) dans le visible et infra-rouge (proche et moyen) qu’il faut travailler pour obtenir des informations utiles. J’arrive à en déduire l’activité photosynthétique, la biomasse, le stress hydrique. On peut également observer la levée avec un nombre de pieds au m² et faire des prévisions de rendement par exemple. »

As-tu des cas d’usage à partager ?

« Les données recueillies sont particulièrement intéressantes pour le suivi de tests agronomiques et la comparaison de différents itinéraires techniques. Comparaison de travail du sol plus ou moins profond, de densités de semis différentes, d’apports modulés d’engrais, le suivi de l’irrigation… Grâce aux données du satellite, on est à 10 m de résolution, un point (ou pixel) c’est un carré de 10 mètres sur 10. Donc on peut travailler sur des bandes de 20 m à 40 m de largeur sur 100 m (ou plus) de longueur.
 
Etre attentif à la météo est également important pour prendre du recul sur le succès ou l’échec d’un test agronomique. Une autre utilisation, c’est le suivi à distance des cultures et optimiser sur tour de plaine en fonction des informations transmises préalablement. Une troisième application possible c’est de se rendre compte de l’hétérogénéité des terres ou des rendements et donc de prendre des décisions d’intervention adaptées.
 
Concrètement, suite à une analyse, un agriculteur a modifié la position de ses enrouleurs de façon à éviter la formation d’une zone d’humidité trop forte nuisible à la culture. Cette zone a été observée et objectivé grâce à l’analyse des données satellitaires. »
 
 

Est-ce facile à prendre en main ?

« Je me suis formé à l’optique, aux données radar, aux indices de végétation et à quelques langages informatiques pour récupérer les données satellitaires via des API les manipuler et les traiter : c’est assez technique. Le stockage de données est important, il nécessite du matériel informatique adapté. J’utilise également mes compétences en agronomie pour conseiller les agriculteurs et développer des modèles pertinents.
 
Cependant, les informations de type NDVI qui permettent de suivre la croissance des végétaux sont accessibles gratuitement et sans compétence particulière sur le site de Sentinel Hub Playground.
 
 
J’ajouterai simplement que la valorisation de toutes ses informations est beaucoup plus accessible une fois qu’elles sont rendues compréhensible. Il faut simplement s’imprégner des données et comparer une année aux autres pour pouvoir en tirer des enseignements. On récupère les images depuis 2015 donc dès le démarrage on peut avoir du recul sur ses pratiques agricoles et leurs conséquences. En effet, je compare toujours deux images prises à des dates différentes de façon à pouvoir en tirer des conclusions applicables sur le terrain. J’arrive à prendre en compte beaucoup de facteurs complémentaires de façon à proposer le service le plus personnalisé possible. »
 

Un mot pour conclure notre échange ?

« Pour moi, on peut concrètement bénéficier sur son exploitation de ces informations satellitaires sans forcément investir dans des outils de modulation (semoir, épandeurs …) qui sont onéreux. »
 

Vous voulez aller plus loin avec Clément et qu’il témoigne de son expérience de terrain, retrouvez-le sur la plateforme Agrifind Connexion.

www.agrifind.fr

 

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