agriculture biologique tracteur

L’agriculture biologique souffre

Les éleveurs de vaches et de chèvres laitières sont moins nombreux. Depuis le début de l’année, les productions de lait baissent fortement. En céréaliculture, la filière bio est moins attractive. Les prix des grains se sont effondrés. En trois ans, les surfaces de céréale en conversion ont été divisées par trois. 

Observé depuis deux ans, le déclin des filières biologiques de lait de vache et de lait de chèvre se poursuit. Selon l’Institut de l’élevage (Idele), la collecte de lait de vache s’est repliée de 5,2 % en rythme annuel entre les mois de janvier et de mai derniers par rapport à 2023. Et celle de lait de chèvre de 9 %!

Les 4 000 éleveurs de vaches laitières encore en activité (-7,5 % en deux ans) ont livré 530 millions de litres depuis le début de l’année. Toutes catégories confondues, la quantité de lait bio de vache collectée en France équivaut seulement à 5,2% de la production française de lait.

Le prix du lait bio payé suit la même trajectoire que l’an passé. En mai 2024, le prix moyen des 1000 litres de lait standard 38/32 s’est établi à 438 €. Mais une partie du lait livré est déclassé.

Les 158 livreurs de lait de chèvre – ils étaient 176 il y a un an – ont vendu 9,5 millions de litres de lait payés comme l’an passé. La consommation de fromages de chèvre bio ne reprend pas.

La baisse de la collecte de lait bio pourrait s’accélérer dans les mois à venir car la piètre qualité des fourrages récoltés et engrangés, entravera la productivité des vaches et des chèvres laitières.

Bilan céréalier 2023-2024

La céréaliculture biologique n’a plus le vent en poupe (1). L’an passé, la surface des terres arables converties en bio (549 000 ha) a baissé de 5 000 ha – une première depuis des années – et celle des parcelles en cours de conversion (49 578 ha) est trois fois inférieure à 2019 (167 373 ha).

Selon FranceAgriMer, 871 000 tonnes de céréales bio ont été collectées dans toute la France en 2023.  Les bons rendements avaient alors plus que compensé les 5 000 hectares cultivés en moins en France.

En 2022, la collecte de céréales biologiques avait été inférieure de 50 000 tonnes à celle de l’an passé. Mais si la canicule avait endommagé l’essor des cultures céréalières, seules 33 000 tonnes de blé, d’orges, de maïs et de triticale avaient été déclassées. Or l’an passé, 92 500 tonnes l’ont été. En conséquence, la quantité de grains utilisée l’an passé était presque équivalente à celle de 2022.

Un peu moins de la moitié des céréales collectées était du blé (413 000 tonnes, 47 %) et 17 % du maïs (144 000t). Comparée à la céréaliculture conventionnelle, les productions de triticale et d’orges collectées sont équivalentes à quelques milliers de tonnes près (environ 90 00t).

En fait, l’agriculture biologique se caractérise par une grande variété de céréales cultivées (épeautre, avoine, seigle, blé dur, millet, sorgho) et de plantes à graines (sarrasin par exemple) que l’on ne retrouve pas dans les mêmes proportions en agriculture conventionnelle.

La filière céréalière biologique perd un de ses principaux atouts, ses prix. Après avoir oscillé autour de 500 € la tonne entre les mois d’avril 2021  et juillet 2022, le cours de la tonne de blé ne cesse depuis de se replier dans le sillage des cours de la céréale conventionnelle.

En 2022, la flambée des prix des grains conventionnels avait seulement différé de quelques mois la baisse des prix du blé biologique.

Aujourd’hui, les prix des céréales bio commercialisées sont toujours plus élevés que ceux observés en conventionnel mais ils ne compensent plus la faiblesse des rendements.

  • En céréaliculture agriculture biologique, FranceAgriMer dresse des bilans de campagne de collecte et non pas de production. Or une grande partie des grains récoltés en France est employée par des polyculteurs- éleveurs pour nourrir leurs animaux. 
Article Précédent
Article Suivant