Au mois de juillet dernier, lorsque la Russie a décidé de se retirer du corridor maritime de la Mer Noire, mis en place sous l’égide de l’ONU, elle avait annoncé aider des pays africains en leur offrant du blé. Ils redoutaient alors une nouvelle flambée des cours des grains.
Mais la Russie n’est pas généreuse ! Selon FranceAgriMer, seuls cinq pays (Burkina Faso, Erythrée, Somalie, Mali et République centrafricaine) se verraient gracieusement octroyer entre 25 000 et 50 000 tonnes (t) de blé chacun.
Ces cinq pays sont fragilisés par des coups d’Etat ou sont en guerre et l’armée russe y a pris pied.
Au total, les dons de blé n’excèderaient pas 250 000 t, soit 0,5 % des quantités de blé russe exportables! Autrement dit, la Russie ne fera pas de cadeaux! Elle vendra la quasi-totalité du blé qu’elle expédiera vers l’Afrique.
Mais depuis le début de la campagne, l’ensemble des pays africains paie bien moins chères le blé, l’orge et le maïs achetés que l’an passé alors que les cours des grains flambaient.
Et les quelques dizaines de milliers de tonnes de blé « livrées gracieusement » ne modifieront pas les fondamentaux des marchés céréaliers. 195 Mt de blé seraient échangées dans le Monde durant la campagne de commercialisation 2023-2024.
Selon le Conseil international des céréales, le continent africain importera 80 Mt de céréales (hors riz), soit un cinquième des quantités commercialisées dans le monde.
Tout au long de la campagne, il devrait importer 57 Mt de blé, soit 30 % des quantités de grains échangées dans le monde et 18,5 Mt de maïs. Les pays maghrébins achèteront en plus 2,9 Mt d’orges et 3,5 Mt de blé dur. Sinon, le continent consomme le sorgho qu’il produit (29 Mt) (cf encadré).
L’Afrique du Nord (31 Mt d’importations) ne bénéficiera pas de la générosité russe ! Or l’Egypte (11,7 Mt de blé), premier pays importateur au monde de blé se fournit essentiellement en Russie. L’Algérie est aussi devenue un bon client.
Cependant, l’Union européenne est très présente en Afrique même si le début de sa campagne de commercialisation est poussif.
Toutes destinations confondues elle n’a vendu que 9,2 Mt de blé depuis le 1er juillet selon la Commission européenne, soit 25 % de moins que l’an passé. Or à l’export, l’objectif de campagne est 36 Mt.
Les quatre premiers clients de l’Union européenne sont africains (Maroc, Nigéria, Algérie et Afrique du Sud). Ensemble, ils ont acheté près de 4,1 Mt.
Le Maroc (1,6 Mt expédié) est la première destination du blé européen exporté. Toutes origines confondues, le royaume chérifien importera deux fois plus de blé (5,4 Mt) qu’il n’en a produit l’été dernier. L’an passé la France et l’Allemagne étaient ces deux premiers pays fournisseurs.
Cette campagne, l’Egypte ne s’approvisionne quasiment pas en Union européenne et l’Algérie privilégiant l’origine russe, n’a acheté que 843 000 t de blé en quatre mois, soit moitié moins de grains que l’an passé.
Orges : l’Union européenne a comme objectif d’exporter 9,7 Mt vers les pays tiers. En quatre mois de campagne, elle en a déjà expédié 400 000 t au Maroc et 60 000 t en Algérie. L’an passé, l’Afrique du Nord s’était détournée de l’origine européenne au cours des premiers mois de campagne 2022-2023.
Mais la Chine (1,62 Mt) a déjà importé quatre fois plus d’orges que l’an passé à pareille époque.
L’Union européenne déficitaire en maïs n’approvisionnera pas l’Afrique. La mission revient au Brésil, aux Etats Unis, à l’Argentine voire à l’Ukraine.
L’Afrique du Nord est la première région importatrice au monde de blé dur (3,3 Mt sur les 9,7 échangées dans le monde).
Mais cette campagne-ci, il est la seule céréale plus chère à l’achat que l’an passé (jusqu’à 500 €/t l’été dernier). Et il le restera longtemps !
La Production mondiale de blé dur (31,4 Mt) est inférieure de 2 Mt à l’an passé alors que la demande reste inchangée. Le Canada a de nouveau été confronté à un été caniculaire. Il n’a engrangé que 4,1 Mt de grains versus 5.8 Mt en 2022-2023. Or il est le principal pays fournisseur de blé dur de l’Afrique du Nord suivi de loin par certains pays européens aux capacités d’exportations très réduites (200 000 t pour la France).
Mais cette année, la Turquie est en mesure d’exporter 1,2 Mt car sa récolte a été abondante (4,1 Mt). Près de 700 000 t ont déjà été vendues à l’Italie.
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L’Afrique produit 29 Mt de sorgho, soit la moitié des grains récoltés dans le monde. La production africaine de sorgho est à plus de 95 % une production subsaharienne. Le Soudan est le principal importateur africain de la céréale (200 000 t). Hormis la Chine qui projette d’en importer plus de 8 ,1 Mt sur les 9,8 qui seront finalement exportées dans le monde.
En ffait le sorgho est une céréales produite pour être consommée par kes poays importateu.
La céréale contribue fortement à la sécurité alimentaire du continent africain.
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Le continent africain ne produit que 4,9 Mt de soja, soit à peine 1 % de la production mondiale. Il en importe 5,6 Mt. L’Egypte est le principal pays importateur (3 Mt). Or 170 Mt de soja sont importées chaque année dans le monde.
Par Frédéric Hénin
