bl tendre ou dur

La sélection des champs, pour aller au-delà du onze (en protéines) de départ

Etre sélectionneur n’est pas un métier facile, même quand il ne s’agit ni de coupe du monde, ni de football. En l’occurrence, c’est de semences céréalières dont il est question ici. Savoir les sélectionner pour obtenir les bons hybrides, selon les critères demandés tant en rendements, qu’en stabilité, et en réponse aux attentes sociétales (consommation d’azote), c’est tout un art. Découverte.

Tout récemment, une journée coorganisée par le Gnis (groupement national interprofessionnel des semences) section céréales à paille et protéagineux, et Syngenta visait à expliquer la problématique de la sélection des semences de blé.

Selon Philippe Roux, du Gnis, il existe 72 entreprises de recherche dans le domaine, avec un budget global de 247 millions d’euros, dont 40 millions pour le seul blé tendre. A Orgerus (dans les Yvelines, un site de cultures géré par Syngenta), Alain Laroche, directeur du site, et Patrice Senellart, sélectionneur sénior blé, expliquent que sur les 42 personnes qui travaillent à Orgerus, 11 sont dédiées à la sélection. 700 croisements sont effectués au champ, de manière manuelle, en récupérant l’étamine avec une pince à épiler. Des maladies sont inoculées, pour vérifier la résistance. En tout, 8 200 parcelles sont préparées pour assurer la sélection des nouvelles espèces de blé pour la France, mais aussi l’Allemagne, l’Angleterre…

« Tout le problème de la sélection, explique Patrice Senellart, consiste à anticiper les besoins du marché. Car il faut une dizaine d’années pour faire une variété. Ou plutôt, dix en principe, que l’on arrive désormais, avec certaines techniques à réduire à huit années avant de pouvoir livrer les semences aux agriculteurs.« 

Le gros travail de sélectionneur

Avant cela, il faut donc définir les croisements, créer la variabilité, sélectionner les meilleurs, les tester, les multiplier… Ce qui nécessite des investissements dans des technologies adaptées, dans des systèmes de culture (serres par exemple), et en agronomie et expérimentation. Pour obtenir les meilleurs résultats, une collaboration s’établit avec la recherche académique, ou encore les utilisateurs finaux, tels les meuniers, les malteurs…

Au chapitre des qualités, la première demandée est la teneur en protéines. « Il faut un taux de l’ordre de 11 à 12 pour l’export, précise l’agriculteur (céréales, betteraves, pommes de terre…) Jean-Marc Dupré, également membre du Gnis. Pour les marchés à l’export, à prix égal, ce sont les taux de protéines qui font la différence et permettent de remporter un marché. » Et la concurrence est rude, notamment avec les pays « Mer Noire » (Ukraine, Russie…).

Les enjeux consistent donc en des rendements, mais aussi dans une stabilité dans les performances. Plusieurs centaines de variétés de blé tendre sont déposées chaque année en France. La performance permettra de faire partie des 5 ou 6 variétés leaders.

Un autre aspect, nouveau, doit être pris en compte par les sélectionneurs, avec un critère à respecter sur l’efficience d’azote. Il faut toujours des rendements, mais en plus réussir à utiliser moins de fongicides. Pour des semences de qualité VATE (valeur agronomique, technologique et environnementale, le « environnementale » incluant le critère « azote »), les agriculteurs auront à disposition des mentions dès cette année, et les semences l’année prochaine.

 

En savoir plus : http://www.gnis.fr (le site internet du Gnis).

Ci-dessous, photos du site d’Orgerus.

L’infographie ci-dessous a été réalisée et fournie par le Gnis :

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