La baisse constante du nombre d’actifs et la hausse de la valeur ajoutée créée ont été les moteurs de la hausse de productivité de l’agriculture. Elle affiche un taux de croissance le plus important de l’économie française après l’industrie. Mais les agriculteurs en activité n’ont rien gagné.
La Commission des comptes de l’agriculture de la nation n’a pas seulement publié, le 6 juillet dernier, l’évolution des résultats économiques du secteur pour 2016. Pour rappel, elle a annoncé un recul du revenu agricole de – 21,9 % par actif non salarié après une baisse de – 12,1 % en 2015. Dans son document, cette commission compare l’évolution intersectorielle de la valeur ajoutée créée et de la productivité des différents secteurs de l’économie française.
Ci-dessous, productivité des différentes branches :
Elle souligne ainsi un paradoxe important de l’économie agricole : l’augmentation constante mais volatile de sa productivité sans création durable de valeur ajoutée depuis 2010. Après l’industrie, c’est le secteur de l’économie française dont la productivité a augmenté le plus depuis 2000 : jusqu’à + 40 % en 2015 par rapport à l’an 2000.
Dans le même temps, la valeur ajoutée de l’économie nationale a augmenté de 22 % en volume depuis 2000 mais sa productivité n’a crû que de 12 points environ en raison de la croissance de la population active et des salaires.
L’industrie hors agroalimentaire, en restructuration permanente comme l’agriculture a connu un taux de croissance de productivité le plus important de l’économie nationale depuis 16 ans. Les performances de l’industrie sont meilleures (croissance de productivité supérieure à 60 % en volume) que l’agriculture car elle recrée de la valeur ajoutée depuis la fin de crise financière de 2008 tandis que dans le secteur agricole, le moteur est grippé depuis 15 ans.
Depuis 2000, la valeur ajoutée en volume créée ne décolle pas. Elle oscille de quelques points chaque année, en plus ou en moins, autour d’un seuil pivot. Et elle reste en moyenne inférieure de 3 % à son niveau de l’an 2000.
Aussi, les gains de productivité n’ont eu aucune conséquence en matière de revenu. Ces dernières années, la baisse du nombre d’actifs n’a même pas compensé la diminution de la valeur ajoutée créée.
En 2016, cette tendance est très marquée. Elle se caractérise pas une baisse de 12 points de valeur ajoutée par rapport à son un plafond atteint en 2014 et 2015.
Mais surtout, la valeur ajoutée créée est davantage consacrée aux remboursements des prêts et à l’amortissement du capital investi qu’a la rémunération des agriculteurs. L’Ebe de la ferme France est resté supérieur à son niveau de référence de l’année 2000, même en 2016. D’où une chute de revenu drastique ces deux dernières années.
La comparaison intersectorielle des taux de croissance de la productivité montre que l’industrie agro-alimentaire, dont l’approvisionnement est lié au secteur agricole français, s’en sort mieux. Ce qui semble confirmer qu’une partie des gains de productivité et de la valeur ajoutée créée se fait aux dépens de l’agriculture : + 14 % de valeur ajoutée et + 10 % de productivité entre 2000 et 2016.
C’est dans les services que ce contraste est le plus fort. La valeur ajoutée créée a augmenté de plus de 30 % depuis 2000 tandis la hausse de la productivité n’est que de 8 points, soit un taux inférieur à celui de l’ensemble de l’économie française.
Il ne reste plus qu’à compter sur les états généraux de l’alimentation pour rééquilibrer un peu mieux la répartition intersectorielle de la valeur ajoutée et des gains de productivité en faveur de l’agriculture.
En savoir plus : http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/comptenational2017bspca.pdf (l’ensemble des comptes de l’agriculture 2016).