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La mésaventure des huit saisonniers bulgares

Partis de Bulgarie, huit saisonniers sont tombés en panne, en pleine nuit, sur l’autoroute, à 550 kilomètres de l’exploitation où ils se rendaient pour y être embauchés. Leur véhicule est hors d’usage. La solution trouvée est la location d’un minibus mais l’agence contactée n’a pas voulu enregistrer, par téléphone, la caution apportée par leur employeur périgourdin. Le risque encouru était plus important que le sort des huit saisonniers en rade depuis plus de douze heures.

Dans la banlieue de Lyon, une agence de location de véhicules est notée 4,5/5 par ses clients. Ils apprécient le rapport qualité prix des prestations de location de voitures offertes. Sur Facebook, les « like » se comptent par dizaines !

Mais c’est à l’épreuve que l’on mesure réellement le professionnalisme du personnel d’une telle agence ! Or face à huit saisonniers bulgares, tombés en panne en pleine nuit au bord de l’autoroute, l’intransigeance des responsables de l’agence de location a été quelque peu surprenante.

Fin août, il en a même fallu de peu pour que ces huit saisonniers passent une seconde nuit à la belle étoile dehors au pied de leurs bagages.

Après trois heures de pourparlers le lendemain matin de l’accident, le responsable de l’agence refusait toujours d’enregistrer par téléphone la caution apportée par l’employeur de ces saisonniers pour garantir la location du véhicule qui allait les ramener à bon port.

L’enregistrement de la caution doit se faire dans l’agence, lui explique-t-on. Or celle-ci était à 550 kilomètres de l’exploitation périgourdine où les saisonniers devaient se rendre.

Sans la bonne volonté d’une agence consoeur située à 35 kilomètres de la ferme, prête à enregistrer la caution et à la faxer à l’agence située dans la banlieue de Lyon, que seraient devenus les huit Bulgares ? Ne parlant pas un mot de français, ils étaient incapables de se débrouiller seuls !

La notion de risque, reflet d’une époque 

Mais lorsqu’un collègue de l’employeur s’est porté candidat pour cautionner la location du minibus dans cette agence consoeur, quelle n’a été sa surprise d’apprendre, une fois sur place, que cette dernière aurait pu enregistrer cette caution par téléphone. Autrement dit ce collègue très généreux s’est déplacé pour rien !

Dans cette affaire, l’employeur n’a jamais démérité. Son seul tort a été de ne pas avoir sa ferme de l’autre côté de la rue où était située l’agence de location de véhicules. Il s’agissait plus précisément de la rue des frères Montgolfier. A leur époque la notion de risque était bien différente de la nôtre, 235 ans plus tard !

En 1783, les frères Montgolfier n’avaient pas hésité à mettre en jeu leur vie en montant dans la nacelle de leur ballon dirigeable, pour partir à la conquête du ciel ! De nos jours, il est impensable d’accepter une caution avec une carte bancaire par téléphone!

La normalisation et le développement des nouvelles technologies s’est fait aux dépens de la qualité des rapports humains. La digitalisation de l’économie remplace la bureaucratie. Elle n’est pas programmée pour faire face à des situations compliquées et inattendues ! 

Partis de Starazagora (Bulgarie), les huit Bulgares avaient pourtant très bien organisé leur voyage. Le GPS programmé sur leur smartphone permet de conduire n’importe qui d’un point A à un point B sans avoir besoin lire les panneaux indiquant les noms des villes écrits en lettres latines. Le voyage aurait dû durer 30 heures.

Grace aux applications de traduction simultanée, les barrières linguistiques et culturelles sont levées d’un clic. Mais au moindre pépin, elles resurgissent avec une très grande violence, comme un boom rang.

La difficulté de recruter des saisonniers

Ce problème de location de véhicule met une nouvelle fois en lumière la difficulté des employeurs pour recruter des saisonniers. En prenant parfois une dimension surprenante.

La pénurie de travailleurs saisonniers pousse les agriculteurs employeurs de main-d’œuvre saisonnière à recruter des salariés qui habitent à des milliers de kilomètres de leur exploitation. De moins en moins de Polonais font le trajet pour se faire embaucher dans le sud-ouest et peu de réfugiés régularisés sont orientés vers les métiers de l’agriculture, alors que la plupart d’entre eux ont passé leur vie dans la ferme de leur famille.

Les Bulgares sont de plus en plus nombreux à traverser l’Union européenne pour travailler et percevoir un salaire 5 fois plus élevé que dans leur pays.

Et comme la pénurie de travailleurs occasionnels s’aggrave dans toute l’Union européenne, ces derniers préféreront toujours aller travailler là où ils sont les mieux traiter. Le code de travail très strict auquel sont soumis les employeurs français donne à ces Européens une bonne image de l’organisation du travail dans notre pays. Ils viendront de plus en plus nombreux  travailler en France. 

Mais l’employeur périgourdin, habitué de recruter des salariés de toutes nationalités, n’avait encore jamais vécu « le coup de la panne » sur l’autoroute.


Ci-dessous, photo d’archives Adobe.

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