Retours d’expériences médicales de lecteurs qui partagent leur activité professionnelle entre Paris et leur domicile en province. Gale, maladie de Lyme, kystes hydatiques, hépatite A : leur médecin parisien n’a pas su diagnostiquer ces pathologies. C’est en province que leur médecin de famille les a sauvés de bien mauvaises situations.
Les médecins de campagne irremplaçables ! Les déserts médicaux ne se traduisent pas seulement par la baisse du nombre de médecins mais aussi par des pertes de savoir-faire et de compétences inestimables. A Paris, certaines pathologies davantage liées à la vie à la campagne sont si peu fréquentes qu’elles sont souvent source d’erreurs de diagnostic. Et c’est parce que des patients ont pu compter sur leur médecin de famille en province, qu’ils se sont sortis de bien mauvaises situations. Les exemples ne manquent pas. En voici quelques-uns mais chacun d’entre vous a probablement une anecdote à raconter sur ce sujet.
Pour se soigner contre la gale contractée à Paris, Pierre et Guillaume (les prénoms ont été modifiés) ont connu chacun la même mésaventure. Originaires de provinces différentes, ils ont dû consulter plusieurs médecins avant de savoir de quoi il ressortait.
Les premiers boutons entre les doigts ont été ignorés. Mais les démangeaisons se sont étendues sur le torse. Pierre questionne son pharmacien qui lui propose d’acheter des tubes de crèmes pour atténuer son allergie. Mais rien n’y fait. Guillaume décide de consulter son médecin de quartier à Paris. Diagnostic, une allergie aussi avec pour remède, des tubes de pommade et des crèmes.
Plusieurs semaines s’écoulent et toujours autant de démangeaisons.
Les deux patients ont profité de leur séjour chez leurs parents en province pour consulter leur médecin de famille. Le diagnostic est formel : Pierre et Guillaume sont atteints de gale depuis des mois. Et pour la vaincre, un produit scabicide. Mais en quelques heures, le problème était résolu.
L’hépatite A, une affection banale avec des symptômes identifiables : fatigue, perte d’appétit… puis jaunissement. Géraldine commence justement, un mardi, à être fatiguée mais elle se rétablit en quelques jours. Pas d’arrêt maladie. Après un week-end de repos, Géraldine reprend le travail plutôt en forme.
Mais avec le corps médical, la situation se complique. Consulté à Paris, son généraliste ne diagnostique pas d’hépatite A car les symptômes sont trop légers. Un second médecin, consulté en province quelques jours plus tard, constate que Géraldine est cette fois bien jaune. L’hépatite ne fait aucun doute mais une prise de sang permettra d’en savoir plus.
C’est à Paris que la prise de sang sera faite. Et 48 heures après les prélèvements, les résultats sont déconcertants. Selon le laboratoire parisien, il ne s’agit ni d’une hépatite A, ni d’une B et ni d’une C. Mais alors qu’a donc Géraldine?
Contacté, son médecin en province lui dit de prendre en urgence un rendez-vous chez un hépatologue. Un cancer du foie n’est pas exclu.
Entre-temps, ce même médecin demande au laboratoire une copie de la feuille de résultats. Il la lit et constate alors que toutes les analyses demandées n’ont pas été faites ! Le laboratoire refait donc un examen complémentaire avec l’échantillon de sang conservé.
Bingo, il s’agit d’une hépatite A et Géraldine s’en est très bien remise car son système immunitaire a très bien réagi à l’infection.
C’est parce que le laboratoire n’avait pas fait toutes les analyses requises que le premier diagnostic « ni A, ni B, ni C » était faux.
Géraldine doit à son médecin de province très compétent le dénouement de sa situation.
Qui sait soigner les kystes hydatiques ? En France, à peine trois parasitologues affirme-t-on à l’hôpital de la Salpétrière à Paris ! Alors gare aux diagnostics erronés ! Mais là encore, les médecins de campagne sortent du lot en prodiguant la bonne démarche à suivre, à défaut de pouvoir soigner la maladie !
Fréquents au Maghreb et en Turquie, les kystes hydatiques contractés par contact auprès de chiens de troupeaux de moutons, ont quasiment disparu en France. Alors, lorsqu’un cas survient, il déconcerte tous les hépatologues, les plus imminents qu’ils soient, et les chirurgiens, adeptes du bistouri. Pour ces derniers, l’intervention chirurgicale est incontournable. Là encore, le pragmatisme d’un médecin de famille en province permet à Marc, atteint d’un kyste, d’appréhender la situation par le bon bout et avec du bon sens. Avant d’envisager un traitement, ce médecin l’a envoyé consulter un parasitologue. Et alors, quelle n’a pas été sa surprise ? Le kyste au foie a bien été détecté mais les premiers résultats sanguins contredisent le diagnostic du chirurgien et de l’hépatologue.
Et en plus, le traitement donné n’aurait aucun effet car les doses prescrites de Zentel sont trois fois inférieures aux recommandations. Résultat, le bistouri n’est plus d’actualité, pour l’instant !
Le retour de la maladie de Lyme. L’hebdomadaire agricole Réussir Le Périgord, consacre à la maladie une demi-page dans un numéro de mai. Le supplément santé du quotidien Le Monde a dressé un panorama de cette affection dans un supplément santé du mois de mai dernier. Présente en Nouvelle Aquitaine dans le Limousin, la maladie s’étend dans les départements limitrophes. En Dordogne les cas se multiplient dans les villages.
Au niveau national, le nombre de cas déclarés est en forte progression rapporte le quotidien du soir. « 32 202 nouveaux cas ont été recensés en 2015 contre 26 146 l’année précédente par le réseau de médecins Sentinelles, selon Santé publique France. Il y en aurait plus d’après les associations de patients. »
Cette affection est transmise à l’homme par une piqûre de tique Ixodes, infectée par une bactérie appelée Borrelia Burgdorferi. Si aucun traitement antibiotique n’est prescrit à temps lorsque survient une irruption cutanée, l’affection se manifeste, quelques mois plus tard, par une grande fatigue, des douleurs articulaires, musculaires et neurologiques, variés et parfois invalidants. « Le polymorphisme de la maladie de Lyme en fait une infection complexe, à l’instar de ce qu’était la syphilis », notait l’Académie de médecine pour Le Monde.
Le diagnostic n’est pas toujours posé à temps et il n’existe pas de remèdes efficaces pour soigner la maladie. Les séquelles sont nombreuses.
En fait, qu’ils soient des villes ou des champs, les médecins sont souvent désarmés. Avec les patients, ils comptent sur la recherche pour traiter correctement la maladie Lyme…
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