Avec plus de 50 espèces différentes, dont la fumeterre officinale (fumaria officinalis) et la fumeterre grimpante (fumaria capreolata) pour les plus courantes, la fumeterre tire son nom du latin fumaria signifiant “fumée de terre”, et appartient à la famille des papavéracées ou des fumariacées.
Plante annuelle dicotylédone, cette herbacée est une adventice bien connue qui pousse dans les champs cultivés, les friches et les bordures de chemins. Présente dans tout l’hémisphère nord, avec une préférence pour les climats tempérés et humides, la fumeterre pousse sur les sols pas trop secs et riches en nutriments, sur les terrains limoneux, limono-sableux, sablonneux, calcaires et argilo-calcaires.
Au stade de plantule, avec de longs cotylédons étroits et pétiolés, et les premières feuilles divisées en 3 segments, toutes les fumeterres se ressemblent. Ce n’est qu’à maturité que l’on peut facilement distinguer les différentes espèces.
Généralement, la tige est glabre et molle, atteignant le mètre de haut pour la fumeterre grimpante mais ne dépassant pas les 70 cm et étant ramifiée pour la fumeterre officinale. Les feuilles inférieures sont disposées en rosette et les feuilles supérieures sont lancéolées et divisées en grands segments. Si les fleurs de la fumeterre officinale sont petites et purpurines ou rosées, réparties en grappes à densité variable, l’inflorescence de la fumeterre grimpante sont grandes et blanches tachées de rouge ou de noir, réparties en grappes lâches.
Les fruits en capsule ne renferment qu’une seule graine, sont creusés par de petites dépressions, celui de la fumeterre officinale est de forme sphérique aplatie et d’aspect rugueux, celui de la fumeterre grimpante est lisse et globuleux.
La fumeterre germe toute l’année, avec une période de floraison courant de mars à juillet. Avec une profondeur de levée située entre 5 et 9 cm, la fumeterre a une capacité de dormance sous terre extrêmement longue, pouvant dépasser les 50 ans, son stock semencier est particulièrement persistant, ce qui en fait une adventice de premier plan. Son taux annuel de décroissance (TAD) est de 45 %.
Très commune en France et en Europe, la fumeterre envahit rapidement les cultures de céréales et autres : céréales à paille, blé d’hiver, colza, maïs, légumes, protéagineuses, lin, pois…
Elle est très compétitive et à forte nuisibilité.
Avec un feuillage persistant toute l’année et son stock semencier très persistant, la fumeterre cause des baisses de rendement importantes sur les cultures céréalières qu’elle envahit.
Hébergeant de nombreux insectes nuisibles (notamment pour le colza), cette adventice puise eau et nutriments dans le sol et capte la lumière et la chaleur du soleil au détriment des cultures en place.
La fumeterre n’est problématique qu’en cas de forte densité en raison de sa forte compétitivité mais il existe de nombreux leviers agronomiques pour lutter contre sa présence dans les cultures :
la rotation des cultures avec l’introduction d’une culture de printemps permet de réduire sa présence sur la parcelle ;
la lutte chimique avec les herbicides adaptés à la culture en place est particulièrement efficace contre la fumeterre ;
le labour ou le travail du sol à la herse étrille ou à la bineuse n’est vraiment satisfaisant qu’au stade de plantule jusqu’à l’apparition des 2 premières feuilles (le binage n’est réellement possible et efficace que dans les cultures de colza) ;
le déchaumage et les faux-semis n’ont une efficacité que partielle car les faux-semis en interculture sont difficiles à mettre en oeuvre à l’automne.
Le décalage de la date des semis n’est pas pertinent pour lutter contre cette adventice.