Le 10 septembre dernier, la Fédération nationale bovine (FNB), association spécialisée de la FNSEA, a listé les dossiers de la rentrée qu’elle soumettra au nouveau ministre de l’Agriculture dès qu’il sera nommé. Mais la plupart d’entre eux étaient déjà sur la table au début de l’année lorsque les agriculteurs manifestaient. Mais la FNB attend toujours des réponses !
Par exemple, la provision sur stocks prévue dans la loi de finances 2024 n’est toujours pas en place. Pour éviter que la valorisation des stocks des animaux, inhérente à la hausse des cours de ces dernières années, ne gonfle artificiellement les revenus des éleveurs et n’accroît leurs prélèvements obligatoires, la loi de Finances leur donnait la possibilité de provisionner jusqu’à 15 000 € par an (150 € par animal).
Les éleveurs ne comprennent pas pourquoi les lois Egalim ne sont toujours pas respectées. Les cours de la viande bovine se sont très bien tenus cet été. Au mois d’août, le cours de la vache O standard a pris 6 cts/kg pour s’établir à 4,83 €/kg en semaine 33 et celui du JB U, 4 cts/kg standard (5,35 €/kg), selon FranceAgriMer
Au début du mois, les prix augmentaient encore sans pour autant couvrir les coûts de production, selon la FNB. « L’écart est en moyenne de 0,70€/kg entre l’indice interprofessionnel récemment réévalué et le prix payé à l’éleveur au départ de la ferme », a affirmé Patrick Bénézit, le président de la section spécialisée de la FNSEA.
La FNB demande de revoir le dossier de l’assurance récolte paramétrique sur les prairies. Les critères sur lesquels repose le dispositif d’indemnisation satellitaire ne sont pas fiables et viables. Ils évaluent la croissance de l’herbe sans prendre en compte sa qualité et sa capacité à être fauchée.
L’indice satellitaire ne distingue pas non plus une sécheresse d’une inondation. Sur le terrain, les éleveurs déplorent l’absence d’experts pour confronter les relevés satellitaires aux dégâts observés, causés par des accidents climatiques.
Le dossier brulant de la rentrée 2024 est sanitaire. La fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 (FCO-3), de sérotype 8 (FCO-8), et la maladie hémorragique épizootique (MHE) gagnent du terrain, depuis le nord de la France et le sud-ouest. Mais la FNB est très remontée en constatant la faiblesse des moyens déployés par le gouvernement démissionnaire pour endiguer ces épizooties.
Les vaccins manquent car les laboratoires ne parviennent pas à les produire en quantités suffisantes mais surtout parce que le gouvernement n’en a pas commandés suffisamment. Par exemple, il faudrait 20 millions de doses pour protéger l’ensemble du cheptel bovin contre la MHE alors que seuls 2 millions de doses ont été réservées. Pour la FCO, le problème est similaire.
Le gouvernement doit bâtir les prochains budgets pour 2025, 2026 et de 2027 en réalisant des dizaines de milliards d’économies. Mais les économies sur les plus faciles à réaliser sont les dépenses qu’il n’aura pas à engager ; en l’occurrence la prise en charge des pertes en cheptel des producteurs d’ovins et de bovins.
En effet, c’est en commandant les doses de vaccins nécessaires que le gouvernement fera des économies. L’an passé, les 3 700 élevages affectés par la MHE (5 % des élevages de bovins) avaient perdu près de 100 millions d’euros.
Ces pertes en cheptel accroissent le déficit de la France en viande bovine et ovine. Comme elles raréfient davantage l’offre d’animaux à abattre, les cours augmentent.
Mais surtout, cette facture de 100 millions d’euros donne une idée de la tragédie à laquelle serait confrontée la filière bovine si elle était entièrement affectée. Les pertes en chiffres d’affaires et en capital s’élèveraient à plusieurs milliards d’euros et seraient supportées par tous les maillons de la chaine de l’élevage et de la transformation.
Découragés, des milliers d’éleveurs découragés jetteraient alors l’éponge sans successeurs pour prendre la relève! La filière bovine ne pourrait pas s’en remettre.