Année après année, la pression des ravageurs à l’automne ne faiblit pas et les solutions insecticides se font de plus en plus rares. La lutte contre ces ravageurs passe par la combinaison de tous les leviers agronomiques dont la fertilisation est un levier majeur.
Le colza ne doit connaître aucune rupture d’alimentation à l’automne pour résister aux attaques d’insectes. L’objectif est d’obtenir des colzas ayant une croissance régulière du stade 4 feuilles (20-25 septembre) à l’entrée de l’hiver (début décembre). Pour y parvenir, il doit consommer 60 à 70 unités d’azote aboutissant à une biomasse aérienne entrée hiver de 1 200 g/m² au minimum.
L’objectif est de garantir la croissance du pivot d’environ 15 cm à cette période. À mi-novembre, la culture doit avoir au moins 8 feuilles, 8 mm de diamètre au collet et aucune élongation de la tige.
Soyez prêt à semer dès qu’une pluie est annoncée dans les plages conseillées par terresinovia en fonction de la nature du sol et de la disponibilité en azote :
Auteur : Gilles SAUZET ([email protected]) ; Stéphane CADOUX ([email protected]) ; Aurore BAILLET ([email protected])
Que faire dans les situations où le colza n’est pas en mesure de trouver suffisamment d’azote dans le sol ?
Les fournitures du sol assurent cette alimentation dans la majorité des cas. Cependant, certaines situations avec peu de reliquats azotés post moisson (argilo-calcaire superficiel notamment) peuvent nécessiter une fertilisation azotée automnale
Dans ces situations :
Dans les situations où la pression des ravageurs d’automne est forte et la disponibilité en azote du sol à l’automne est faible vous pouvez appliquer :
Le Comifer classe le colza comme culture très exigeante vis-à-vis du phosphore. Une carence en phosphore provoquera donc un retard de croissance et de développement.
La réserve globale des sols en phosphore est souvent satisfaisante, cependant celui-ci n’est pas nécessairement disponible par la plante. La forme P2O5, la plus courante, est en effet peu mobile car très fortement retenue par le pouvoir fixateur du sol.
Carences en phosphore
Dans les parcelles à faible biodisponibilité du phosphore, préférer les apports en fin d’été avant l’implantation de la culture pour limiter le risque de carence précoce à l’automne. Le stade de sensibilité maximale du colza à la carence en phosphore se situe pendant la phase juvénile, au stade 5-6 feuilles.
Cinq essais, conduits en 2009 et 2010 par Terres Inovia, ont montré l’intérêt d’un apport d’engrais de redressement sur le rendement du colza,
Lorsque le phosphore est le premier facteur limitant. Le gain de productivité est variable selon la gravité de la carence, allant de 3,5 à 15,7 q/ha dans les situations étudiées.
Essais Terres Inovia réalisés dans le cadre d’un projet CASDAR financé par le Ministère de l’Agriculture.
Raisonnez votre fertilisation phosphatée
Établir votre plan de fumure de fond à partir des analyses de sol et du passé de fertilisation, selon les principes de la méthode COMIFER.
Apporter annuellement du phosphore à chaque culture de la rotation en fonction de ses besoins.
Si cela n’est pas possible, concentrer l’apport de phosphore sur les cultures très exigeantes comme le colza. Ne pas faire d’impasse en sol pauvre ou moyennement pourvu et en sol argilo-calcaire où le phosphore peut être bloqué ou moins disponible.
Les absorptions peuvent être conséquentes : 10 à 15 kg/ha/jour en cours de montaison au printemps pour une mobilisation totale pouvant dépasser 300 kg/ha, voire 350 kg/ha pour des niveaux de rendement élevés (≥ 45 q/ha).
Néanmoins, 90 % de la potasse est restituée à la récolte.