En octobre dernier, la nouvelle épidémie de FCO a défait les perspectives à l’export des professionnels de la filière bovine. Alors que la nouvelle plateforme commerciale venait d’être mise en place pour amplifier les ventes d’animaux et de viande vers les pays tiers.
Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! L’automne dernier, les perspectives de production et d’exportation de gros bovins s’annonçaient correctes pour 2016.
Et la plateforme commerciale France Viande Export avait enfin été créée pour structurer la filière et inciter les éleveurs et le secteur de la transformation à proposer une gamme de produits (animaux vifs et viandes) adaptée aux exigences des pays importateurs.
Née sous une bonne étoile, elle aurait même soulagé un marché français assez lourd : afflux de vaches laitières depuis le retournement de la conjoncture laitière, descente en gamme de la demande en Europe du Sud et en France et hausse de la production polonaise de jeunes bovins.
Et puis patatra, la FCO pointe de nouveau son nez. Elle met à mal des mois d’efforts pour ouvrir de nouveaux débouchés à l’export aux éleveurs et détendre ainsi le marché intérieur. Les conséquences ne se sont pas faites attendre avec un effondrement des exportations perceptible dès le mois d’octobre dernier.
Selon une étude du service de la perspective et de la statistique du ministère de l’Agriculture Agreste, « les ventes de broutards ont reculé de 60 %, soit de plus de 61 000 animaux » et celles des bovins lourds (plus de 300 kg vif), mâles ou femelles, de 59 000 têtes.
Sur le marché turc, très présent depuis novembre 2014, aucun animal n’a été exporté en octobre dernier.
Ces derniers mois pourtant, de nombreux pays importateurs de viande bovine avaient levé leurs barrières douanières (Malaisie,Vietnam, Singapour, Afrique du Sud, Arabie Saoudite), parfois imposées depuis la crise de la vache folle (Chine, Taiwan, Corée…). Et des négociations étaient en cours avec l’Iran ou le Qatar.
Par ailleurs, l’année 2016 annonçait un marché européen moins tendu. La production de bovins viande ne croîtra qu’en France (abattages en hausse de 2 %), en Grande Bretagne (+ 2 %) et sur de plus faibles volumes et dans de moindres proportions, en Pologne (+ 1 %), toujours selon l’Institut de l’élevage, ce denier prévoyant aussi une hausse des exportations de jeunes broutards de + 8 % par rapport à l’an passé. Cette nouvelle conjoncture favorable « des planètes » s’était même traduite par une hausse des exportations françaises sur les 8 premiers mois de 2015 de + 6 % en tonnages vers la Turquie et le Liban… alors que la plateforme commerciale n’était pas encore créée !
Avant le retour de la FCO, toutes les conditions étaient ainsi réunies pour que la plateforme France Viande Export amplifie les ventes vers les pays méditerranéens cependant pénalisées par des animaux trop lourds. Mais depuis quelques semaines, la mission de la nouvelle plateforme commerciale s’est compliquée…
France Viande Export regroupe les opérateurs français (viandes fraîches et congelées, abats, gras et sous-produits, produits à base de viande) autour d’une entité neutre qui les obligera à travailler ensemble (partage des informations commerciales) dans l’intérêt de chacun et les incitera à se structurer. Ce sont aussi bien des grandes entreprises, des PME et des TPE adhérentes de la FNICGV, de Culture Viande ou de Coop de France
Cette nouvelle plateforme s’inspire d’une stratégie déjà adoptée depuis des années par les Allemands et les Néerlandais. Car les pays importateurs ne veulent qu’un interlocuteur pour faire affaire ! Aussi, il faudra trouver en France un juste équilibre entre la vente d’animaux vifs et de viandes afin que les éleveurs, les abatteurs et les transformateurs y trouvent leur compte.
Enfin, il reviendra à la nouvelle plateforme export de promouvoir l’image de la viande française dans les pays tiers et d’assurer sa visibilité à travers l’utilisation d’un identifiant (logo).
Mais la confrontation des producteurs au marché mondial va conduire à revoir la conduite des élevages. Il sera par exemple judicieux de produire davantage d’animaux semis-lourds de 300 kg vif, intermédiaires entre le broutard et le jeune bovin fini pour les commercialiser dans les pays du Maghreb et en Turquie.
C’est une initiative du ministre de l’Agriculture pour répondre à la crise de l’élevage. Son objectif majeur est de valoriser la viande française à l’export et de trouver de nouveaux débouchés en structurant les filières bovine et porcine dans une démarche collective.
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Par Frédéric Hénin
