La Bulgarie et la Roumanie, deux pays situés sur les rives de la Mer Noire, côté Union Européenne, sont de plus en plus visibles chez nos clients, principalement en raison d’une augmentation de leur production.
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Pour la récolte 2017/18, la Roumanie et la Bulgarie viennent une nouvelle fois de produire une moisson record de blé tendre. Certes, peu comparable avec celle de la Russie, elle atteint tout de même 9,7 Mt pour la Roumanie et 5,8 Mt pour la Bulgarie (figure 1).
Mais cela n’a rien de surprenant puisque ces deux pays battent des records depuis 5 campagnes. Cette tendance n’est pas attribuable aux surfaces, stagnantes voire en baisse, mais plutôt aux rendements en hausse. Ceux-ci bénéficient notamment d’un climat qui n’a pas connu d’accident majeur ces dernières années et des techniques de production qui s’améliorent (génétique et conduite des cultures).
Ces deux pays ont une consommation de blé, tant humaine qu’animale, stagnante, voire en baisse. Par conséquent, tous leurs surplus partent à l’export vers des canaux différents.
Figure 1 : Evolution des surfaces (en milliers d’hectares) et de la production de blé tendre (en milliers de tonnes) en Roumanie et en Bulgarie
Source : Eurostat, novembre 2017
La Bulgarie a exporté en 2016/17 plus de 4 Mt de blé tendre, dont 2,6 Mt en intra-communautaire. En 2017/18, les analystes ne prévoient pas moins de 5 Mt dont 3,9 Mt en Union Européenne.
C’est surtout en Espagne, premier client du blé Bulgare, que la concurrence avec les blés français est de plus en plus rude (figure 2). Les parts de marché perdues par la France sont inversement proportionnelles à celles gagnées par les blés bulgares.
Grâce à sa production record, la Bulgarie devrait pouvoir approvisionner davantage encore l’Espagne qui, à cause d’une sécheresse, devrait importer beaucoup plus de blé que d’ordinaire.
Figure 2 : évolution des exportations (en milliers de tonnes) et des parts de marché (en %) de la Bulgarie et de la France en Espagne
Source : Stratégie Grains, novembre 2017
La Roumanie a exporté en 2016/17 près de 7 Mt de blé tendre, dont près de 6 Mt vers les pays tiers (figure 3). Il est intéressant de souligner que ces 5 dernières campagnes, la Roumanie était importatrice nette de blé en Union Européenne, s’approvisionnant chez ses voisins, surtout en Bulgarie et en Hongrie. Cette situation devrait changer en 2017/18 puisqu’au regard de sa bonne production, le pays devrait exporter aux alentours de 1,7 Mt en intra-communautaire tout en gardant son niveau habituel d’importation, aux alentours d’un million de tonnes.
L’Egypte est le premier client du blé tendre roumain malgré la forte concurrence du blé russe. Les Roumains se tournent donc vers d’autres destinations et notamment des clients privilégiés du blé français. En 2016/17, la Roumanie a ainsi livré 650 kt de blé au Maroc, bénéficiant des quotas mis en place entre le Maroc et l’Union Européenne, qui étaient habituellement utilisés en grande partie avec du blé français.
Figure 3 : évolution des exportations de blé tendre roumain (en milliers de tonnes) selon leurs destinations par campagne
Source : Stratégie Grains, novembre 2017
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
