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« Parce que les développements vont très vite, les chimistes sont motivés, beaucoup en ont assez de dépendre du pétrole, de ses prix et de sa disponibilité », avance Fabio Alario, économiste à l’Institut français du pétrole (IFP). Si les bioraffineries existantes aujourd’hui (34 en Europe, beaucoup plus aux Etats-Unis) sont essentiellement destinées à la production de biocarburants, de plus en plus de projets émergent, tournés vers des applications matières.
Outre la substitution à la pétrochimie, la chimie du végétal permet aussi de créer de nouvelles matières aux propriétés qui améliorent la performance du produit final : un pneu plus résistant, un plastique plus léger, etc. L’enjeu essentiel est celui du coût de production de ces matériaux biosourcés, quasiment toujours plus chers que ceux issus de la pétrochimie. « Il est important de générer de la valeur ajoutée car sinon les produits ne sont pas compétitifs par rapport à ceux issus du pétrole », fait valoir Christophe Doukhi de Boissoudy, DG de Novamont France. Pour l’Europe ces bioraffineries représentent selon lui un potentiel industriel important, alors qu’« actuellement les industries pétrochimiques désertent l’Europe et se rapprochent des lieux de production de pétrole ».
« Moins de un plastique sur 100 est biosourcé aujourd’hui », note M. Alario. Mais « lorsque cette industrie sera mature, c’est-à-dire aux environs de 2030-35, le maximum théorique de substitution à la pétrochimie (sera) de 25 % ». Le secteur de bioplastiques destinés à l’emballage concentre l’essentiel des ambitions et des projets. Le polyéthylène (films plastiques, sacs poubelles…) est en effet « en tonnage le produit le plus important de toute la pétrochimie », explique Fabio Alario.
la chimie « verte » implique une réflexion de fond sur son usage : elle n’est pas là uniquement pour remplacer les produits issus de la chimie pétrolière mais surtout pour proposer de nouveaux usages en adéquation avec les évolutions sociétales et climaciques dans le respect des équilibres.