Pour la première fois depuis 7 ans, la Chine a fini sa campagne 2016/17 de maïs avec un stock de report en baisse, aux alentours de 100 millions de tonnes selon les chiffres de l’USDA. Cela fait suite à la décision de l’Etat chinois en 2016 de réformer son système de soutien pour le maïs.
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Depuis 2007, les agriculteurs chinois ont été encouragés à produire du maïs avec des prix garantis. Ainsi, une grande partie des provinces se sont mises à en produire, même dans celles où la culture n’est pas adaptée. En 10 ans, la sole est passée de 29 millions d’hectares (Mha) à 37 Mha.
Or ce prix de soutien a fini par rendre le prix du maïs trop élevé et les fabricants d’aliments du bétail se sont tournés vers le marché mondial, notamment en le substituant à de l’orge. C’est ce qui s’est passé sur les campagnes 2014/15 et 2015/16. La France avait alors livré près de 3 Mt d’orge en 2014/15 et 2,5 Mt en 2015/16.
Des stocks de plus en plus importants de maïs se sont alors constitués, rendant difficile leur gestion. Une partie d’entre eux ne serait plus utilisable, ni pour la consommation humaine, ni pour l’alimentation animale, la faute à un taux de grains fusariés très élevé.
En 2016, le gouvernement chinois a donc lancé une réforme pour diminuer ses stocks de maïs, estimés alors à 110 Mt par l’USDA.
Dans les régions les moins propices à la culture de maïs, le gouvernement soutient depuis 2016 les agriculteurs pour qu’ils changent leur assolement. Dans les autres régions, le gouvernement a mis en place un nouveau système de rémunération pour les producteurs de maïs, basé sur un prix de vente qui dépend de l’offre et de la demande. Les agriculteurs sont subventionnés selon l’écart entre le prix de vente et le coût de leur production.
Les conséquences de ces décisions se mesurent d’ores et déjà : les surfaces de maïs ont baissé en 2017/18, atteignant les 35,4 Mha (figure 1). La production est également attendue en baisse, à 212 Mt.
Figure 1 : évolution des surfaces (en milliers d’hectares) et de la production de maïs (en milliers de tonnes) en Chine
Source : Beijing Orient Agribusiness Consultant, août 2017
D’un autre côté, la consommation continue d’augmenter ; elle est attendue à 222 Mt par les autorités chinoises (+ 17,2 Mt par rapport à la campagne précédente). Cette augmentation est à la fois soutenue par une demande croissante en alimentation du bétail (+ 8 Mt par rapport à 2016/17) et par les industriels pour la production d’éthanol et d’amidon (+ 9 Mt par rapport à 2016/17).
Courant 2017, la Chine a publié le « plan de la promotion de la production d’éthanol et de son utilisation en tant que biocarburant pour automobiles en Chine », avec pour objectif d’ici 2020 d’incorporer 10 % de biocarburant pour toutes les automobiles.
Ainsi, les Chinois puisent peu à peu dans leurs stocks qui tendent à diminuer (figure 2).
Figure 2 : évolution des stocks de fin de campagne du maïs chinois (Mt)
Source : USDA, novembre 2017
Selon les projections du ministère chinois, les surfaces de maïs devraient continuer à diminuer jusqu’en 2020 pour se stabiliser autour des 33 Mha. Avec la consommation qui augmente d’année en année, les stocks devraient rapidement se consommer. Le pays devrait alors certainement s’approvisionner de manière beaucoup plus conséquente que ce qui est fait aujourd’hui sur le marché international (de l’ordre de 2 Mt) et ainsi peser davantage sur les cours du maïs.