La proportion des agricultrices est passée de 8 % à près du quart des chefs d’exploitation entre 1970 et aujourd’hui. Elles existent, elles assument, elles participent. Jusqu’à la prise de responsabilités, notamment aux chambres d’agriculture.
A l’occasion du tout récent salon de l’Agriculture, le Crédit Agricole a commandé un sondage à l’institut BVA sur la place des agricultrices au sein de la profession. Puisque nous sommes aujourd’hui, 8 mars 2013, la journée de la femme, il s’agit d’une excellente source d’info (avec les liens en fin d’article), alors allons plus loin.
Il apparaît ainsi que près de 70 % des agricultrices dirigent leurs exploitations. Si 61 % d’entre elles sont filles d’agriculteurs, il s’agit pour la plupart d’un choix du cœur : un tiers des agricultrices parle spontanément de la passion qu’elles ont pour ce métier. On ne naît plus agricultrice, mais on le choisit. 65 % ont exercé une autre activité professionnelle avant de s’installer ; plus précisément, une agricultrice sur deux a eu auparavant un emploi sans lien avec l’agriculture.
Si la pénibilité physique ou certaines tâches mécaniques restant souvent considérées comme des contraintes, il n’en demeure pas moins que 77 % d’entre elles disent qu’être une femme en agriculture ne constitue pas un obstacle.
Cette croissance des femmes dans l’agriculture va jusqu’aux prises de responsabilités. Ainsi, suite aux toutes récentes élections aux chambres d’agriculture, trois agricultrices sont devenues présidentes de leur département, en Mayenne, en Lozère et dans la Drôme.
En Mayenne, Florence Désillière, est installée à Saint-Cyr-en-Pail sur une exploitation de 80 hectares, avec un quota de 270 000 litres de lait et 20 à 25 hectares de céréales en autoconsommation. Après un parcours syndical (dont la présidence de la FDSEA), elle vient donc d’accéder à la présidence de la chambre d’agriculture de Mayenne.
Dans la Lozère, Christine Valentin est agricultrice au sien d’un Gaec familial qui produit 63 000 litres de lait de brebis, 950 000 litres de lait de vache et commercialise 40 boeufs chaque année. Conseillère municipale et syndicaliste, elle a donc trouvé elle aussi un aboutissement à son engagement dans la présidence de la chambre d’agriculture de Lozère qui vient de lui être accordée.
Anne Claire Vial montre un parcours finalement très féminin puisqu’elle a une formation de pharmacien, et qu’elle est devenue agricultrice à Saint-Gervais-Sur-Roubion. Son exploitation de 50 hectares produit des semences et de l’ail IGP de consommation. Engagée notamment au sein de la MSA, elle vient donc d’être élue présidente de la chambre d’agriculture de la Drôme.
S’il existe donc de réels progrès dans notre agriculture quant à la place dévolue aux femmes, certaines inégalités persistent. Karen Serres, présidente de la commission des agricultrices à la FNSEA et véritable porte-parole de l’égalité hommes/femmes dans l’agriculture, identifie ainsi trois chantiers.
D’abord au niveau de la reconnaissance des deux exploitants au sein des formes sociétaires : « Jusqu’en 2011, avec la possibilité de constituer des Gaec entre époux, le seul moyen pour le deuxième membre du couple était de s’installer en Earl. Nous avons donc de très nombreuses Earl composées de couples installés avant 2011. Le problème est que les Earl sont plafonnées pour les aides Pac, au même titre qu’une exploitation individuelle y compris lors de la présence de deux exploitants dans l’Earl. Nous demandons une reconnaissance de tous les exploitants notamment pour le calcul de plafonnement des aides du deuxième pilier de la Pac.«
Ensuite, au niveau des congés maternité : « Ils sont un droit ; nous avons obtenu, suite à des années d’actions syndicales, la même durée de temps de prise en charge pour une agricultrice que pour une femme salariée. Aujourd’hui, nous constatons que de nombreuses agricultrices ne profitent pas pleinement du dispositif. Les méthodes de diffusion de l’information ainsi que l’incitation à ce que chaque agricultrice qui accouche puisse bénéficier pleinement de la totalité du droit qui lui revient est un chantier auquel nous sommes très attachées.«
Enfin sur la représentativité féminine dans toutes les instances décisionnelles : « La présence des agricultrices dans les chambres d’agriculture s’est nettement améliorée depuis les dernières élections avec l’obligation d’une représentativité féminine sur les listes égale au nombre de votantes. Nous pensons que ce qui marche dans une structure peut et doit être étendu aux autres Organisations Professionnelles Agricoles.«
Les femmes tiennent leur place dans l’agriculture française de plus en franchement et le revendiquent. Un bel exemple au sein de notre société dns un secteur désormais en pointe dans ce domaine.
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En savoir plus : http://www.bva.fr/fr/sondages/les_agricultrices_bien_dans_leurs_bottes.html (l’enquête BVA) ; http://www.credit-agricole.com/Actualites-et-decryptage/Communiques-de-presse/Communiques-generaux/Des-agricultrices-bien-dans-leurs-bottes (l’interprétation du Crédit agricole de l’enquête BVA) ; https://wikiagri.fr/articles/la-journee-mondiale-de-la-femme-rurale/273 (notre précédent article sur la journée mondiale de la femme rurale, qui a lieu le 15 octobre) ; https://wikiagri.fr/topics/lagriculture-au-feminin-comment-promouvoir-legalite-professionnelle-femme-homme-/67 (un forum de WikiAgri sur le sujet de l’égalité hommes/femmes dans l’agriculture).
Nos photos : Pascale Croc, agricultrice en Charente-Maritime et présidente d’un cercle d’échanges fort de 370 adhérents, a été interviewée dans WikiAgri Magazine n°6, pages 18 et 19. Vous pouvez retrouver ce numéro en ligne sur ce lien : https://wikiagri.fr/archives.