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Isoproturon, dernière ligne droite !

Il ne reste plus qu’un an pour utiliser l’isoproturon. Au 30 septembre 2017, les herbicides contenant cette matière active ne seront plus autorisés. Pour une dernière utilisation, autant essayer de valoriser au mieux cet herbicide. Le contexte de sécheresse de cet automne ne nous y aide pas.

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Depuis le 15 août, la pluviométrie est très hétérogène suivant les secteurs. Seulement 20 mm cumulés au Nord de la Lorraine et de 40 à 50 mm lorsqu’on se rapproche du département des Vosges. Ce qui est bien insuffisant dans beaucoup de situations pour casser les mottes de terre ou bien humidifier suffisamment la surface du sol. Les rares journées pluvieuses ont été entrecoupées par trois périodes chaudes d’une dizaine de jours, chacune ayant particulièrement asséchées le sol. On estime qu’uniquement par l’effet de l’évaporation liée à la température, au rayonnement et au vent, le sol nu perd 1 à 1,5 mm par jour.

Un sol sec en profondeur…

La réserve utile est donc particulièrement basse cette année mais ce phénomène n’est pas problématique à l’entrée de l’hiver. Il permet même d’envisager une reprise du drainage tardive, pas avant 1 mois minimum (figure 1). Vis-à-vis du risque de transfert de l’isoproturon vers les eaux des ruisseaux, on conseille en année ‘’moyenne’’ par sécurité de ne pas dépasser la date du 15 octobre. En effet, c’est à cette date que peut apparaître un risque de saturation du sol en eau et donc, d’entraînement de l’isoproturon. Dans le contexte de l’automne 2016, ce risque de transfert est donc décalé. En fonction des pluies à venir, les applications de l’isoproturon pourront être conseillées jusqu’à fin octobre.

Figure 1 : Evolution de la réserve en eau du sol

Suivant les années le sol peut arriver à saturation entre octobre et fin décembre. 2016 s’oriente vers un remplissage tardif (exemple météo Metz, réserve utile 110 mm ).

Un sol sec en surface…

Les semis de blé sont réalisés actuellement dans le sec, avec éventuellement des grains un peu plus profonds qui pourront profiter d’une humidité résiduelle. Mais en surface, le sol n’est pas actuellement apte à favoriser la germination ni du blé ni des vulpins.

Cette année, les techniques de faux-semis n’ont pas fonctionné et il faut s’attendre à une levée importante des vulpins. Sur sol bien préparé, les vulpins présents dans les deux premiers cm du sol vont lever rapidement dès que le sol sera ré-humidifié et on assistera probablement à un levée conjointe du blé et du vulpin.

Attendre la levée du blé…

Si le sol est suffisamment humide en surface pour la levée du blé, il pourra également dissoudre l’herbicide et le rendre disponible pour être absorbé par les racines du vulpin. L’isoproturon ne pouvant être absorbé que par une graine en germination ou une plantule dont les racines sont encore peu développées, un traitement à la levée du blé (stade 1 feuille) sera particulièrement bien positionné cette année.

Inutile donc de traiter sur sol sec et dans les parcelles habituellement sales, ne pas hésiter à retarder la date de semis.

 

Yves Messmer (Arvalis – Institut du végétal)

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