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Irrigant depuis toujours

Damien Forgerit est un « enfant de l’irrigation ». Il a vu son père creuser les premiers forages il y a plus de 40 ans et il n’imagine pas cultiver le maïs autr​ement qu’avec un apport d’eau en été. Pour la récolte 2022, il a pu la sécuriser à 100q/ha malgré des restrictions sur les prélèvements. 

 
Damien Forgerit avait 9 ans lorsque son père a créé le premier forage sur l’exploitation familiale, au lieu dit le Gazon à Mareuil-sur-Lay au cœur de la Vendée. « Il a fait venir l’hydrogéologue en 77, après la sécheresse de 76. Il a creusé à 9 m et l’eau a jailli » se souvient-il. Aujourd’hui installé avec ses deux frères sur la ferme, il a toujours cultivé le maïs, qu’il soit grain ou ensilage, en l’arrosant et n’envisage pas de pouvoir le produire autrement. Actuellement, ce sont 120 ha de maïs qui sont cultivés par le Gaec Le Gazon Forgerit, dont un peu plus de la moitié en grain. Le système cultural repose sur un labour d’hiver classique et une reprise à la herse plate ou rotative au printemps. La veille du semis, la parcelle est retravaillée avec un vibroculteur. « Je ne ressens pas le besoin de passer en technique culturale simplifiée. Avec le troupeau des 120 montbéliardes et leurs suites, nous avons beaucoup de matière organique à apporter au sol » explique l’exploitant.
 

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L’irrigation a forgé l’identité de la ferme

« Nous n’en serions pas là où nous en sommes aujourd’hui si nous n’avions pas les pompages réalisés par mon père. Sans irrigation, nous n’aurions pas accès aux contrats à forte valeur ajoutée » indique le vendéen. En plus du maïs, Damien Forgerit irrigue durant l’été une dizaine d’hectares de haricots verts industries. Au printemps, il a récemment commencé à irriguer les parcelles de blé. En fin de saison, l’eau restante est dédiée à l’implantation des colzas semences. Il insiste également sur l’importance d’arroser le maïs ensilage. « Cette année, nous avons fait 2t MS/ha sur les prairies. À partir du 15 mai, il n’y avait plus rien. Sans les 15t MS/ha que nous avons récolté sur les maïs ensilages, je ne sais pas ce que nous aurions donné à manger aux vaches » s’interroge-t-il.

 

Damien Forgerit estime que l’irrigation du maïs ensilage est primordiale pour alimenter le troupeau. © TL

 

Assurer les 100q/ha minimum

Sur le site historique de l’exploitation où sont irrigués 50 à 60 ha de maïs grain, le forage initial a été descendu à 19 m. Il permet aujourd’hui de pomper dans la nappe 150 m³/h d’eau, pour une capacité annuelle de 150 000 m³. Ce volume leur est attribué sur l’ensemble des disponibilités en eau constituées par la nappe et la réserve de substitution qui ont été créées dans les années 70 et qui sont répartis entre les agriculteurs du bassin du Lay. « Cet été, nous avons eu des restrictions en moyenne de 40 % sur les volumes initialement prévus de prélèvement » constate l’exploitant.
 

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Successivement, les trois frères se sont agrandis et ont repris trois blocs de parcelles supplémentaires. Ils ont toujours veillé à ce que ces nouvelles surfaces bénéficient d’un accès à l’irrigation, que ce soit via des étangs ou des pompages dans des retenues d’eau ou des cours d’eau. Ces trois autres prélèvements ont également été impactés par des restrictions cet été. « Mais quels que soient les sites, la ressource a pu être préservée pour que nous puissions arroser jusqu’à fin août. Sans les réserves de substitution, l’irrigation s’arrêtait au 20 juillet et le maïs séché sur place » lance Damien Forgerit. Grâce au travail de répartition de la ressource sur l’ensemble de l’été, le Gaec a pu sortir des rendements de 100 q/ha en maïs grain, contre 130q/ha en année normale. « J’avais la hantise d’une interdiction totale de prélèvement. Je n’en dormais plus la nuit » reconnaît après coup le vendéen. Pourtant, il n’est pas inquiet pour l’avenir de sa production. « Le maïs va résister. La génétique avance très vite sur les variétés résistantes au réchauffement climatique » assure-t-il.
 

Un poste à temps plein

En été, Damien Forgerit consacre les trois-quarts de son temps à la gestion de l’irrigation. « Pendant que mes frères gèrent le troupeau le matin, je fais une première tournée de 4 heures des 4 sites pour assurer le fonctionnement des deux pivots et des sept enrouleurs. En fin de journée, j’y repasse 3 heures » témoigne-t-il. Les stations de pompage fonctionnent avec un système d’alerte sur son smartphone pour le prévenir en cas d’incident. 

Timothée Legrand

 

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