La France compte de moins en moins d’agriculteurs mais les profils d’agriculteurs sont de plus en plus variés. La transmission familiale des exploitations n’est plus le modèle dominant.
Le jeudi 20 mars, l’École supérieure des agricultures (ESA) présentait sur son campus angevin, les résultats de son enquête Agrinovo. Elle a répondu à un appel à projets de recherche sur le thème des nouveaux actifs agricoles lancé par le ministère de l’agriculture.
L’étude a été réalisée à partir d’une enquête effectuée auprès de 28 0000 agriculteurs inscrits à la MSA entre 2018 et 2022. Seules les réponses de 3 400 d’entre eux sont exploitables.
Les parcours de la plupart des nouveaux agriculteurs sont très singuliers. Mais l’ESA distingue cependant cinq profils.
Un tiers d’entre eux se sont installés après avoir repris l’exploitation familiale. Parmi « ces ‘’héritiers bien préparés’’, 96% de ces agriculteurs ont au moins un parent exerçant dans le secteur », rapporte l’ESA. Ce sont à 81 % des hommes) de moins de 35 ans au moment de l’installation (80 %). « Près de la moitié ont franchi ce cap avant leurs 25 ans. À titre de comparaison, dans le reste de l’échantillon, seuls 47% des agriculteurs ont moins de 35 ans, et à peine 8% moins de 25 ans », souligne encore les auteurs de l’étude de l’ESA.
Le second profil voisin du premier regroupe les ‘’héritiers sans vocation’’ – 22 % de l’échantillon – Ce sont des agriculteurs qui « ne destinaient pas naturellement à reprendre l’exploitation familiale. Avant de s’installer, ils avaient exercé une autre activité professionnelle. Mais l’ESA précise que « ce sont pourtant, eux aussi, des enfants d’agriculteurs dans leur majorité (71%) ». On retrouve aussi dans ce profil des neveux d’agriculteurs ou des petits enfants. La transmission de l’exploitation n’est pas directe.
Par ailleurs, « plus des deux tiers n’ont pas suivi de formation agricole initiale, et un tiers n’a jamais travaillé sur une exploitation avant de s’installer ».
Ces deux premiers profils représentent près de 56 % des agriculteurs installés entre 2018 et 2022.
Les trois autres profils dessinent le nouveau paysage sociologique du monde agricole.
Il s’agit des ‘’classes populaires hors-cadre’’ ». Ces 16 % d’agriculteurs « ne sont majoritairement pas issus de familles d’exploitants (97%), bien qu’un lien indirect avec l’agriculture persiste : près de trois quarts d’entre eux comptent un agriculteur dans leur entourage familial élargi », souligne l’ESA. Par ailleurs, « 90% vivaient déjà en zone rurale avant leur installation. Issus en majorité de milieux ouvriers (56%) et employés (20%) ».
Les ‘’reconvertis des classes moyennes’’ (20 %), l’ESA les caractérise ainsi : « 82% d’entre eux n’ont pas de parents agriculteurs et s’installent en créant leur propre exploitation, accédant aux terres via des agences immobilières ».
Probablement les plus médiatisés, les agriculteurs « Bac+5 », ‘’reconvertis des classes supérieures’’ ne représentent pourtant que 8 % des nouveaux installés. « Issus majoritairement des milieux urbains et des catégories socio-professionnelles supérieures, 80 % d’entre eux exerçaient une profession de cadre ou intellectuelle supérieure, et 85% étaient titulaires d’un diplôme bac+5 ou plus », rapporte l’ESA
« Contrairement à la classe précédente, les ‘’reconvertis des classes supérieures’’ comptent une petite majorité d’hommes (58%). En somme, plus qu’une rupture avec leur milieu d’origine, leur engagement dans l’agriculture traduit un parcours hybride, entre ascension sociale et ancrage familial rural, illustrant une redéfinition contemporaine des trajectoire professionnelles dans le monde agricole », explique les auteurs de l’étude de l’ESA.
« Agrinovo met en lumière de nouvelles lignes de fracture qui traversent le monde agricole,dépassant l’opposition classique entre héritiers et reconvertis. Nos analyses montrent que le fait d’être enfant d’agriculteur ou non ne suffit pas à expliquer la diversité des conceptions du métier. D’autres facteurs, tels que le niveau de qualification, l’expérience professionnelle antérieure ou encore les ressources précédemment accumulées, jouent aussi un rôle déterminant dans les parcours et les visions du métier d’agriculteur aujourd’hui. » explique Caroline Mazaud, chercheuse en sociologie au LARESS à l’ESA.
Dans chaque département, les Chambres d’agriculture disposent d’un point accueil installation et d’un répertoire.
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Merci de me contacter je suis gérant d’une SCEA maraîchère sans repreneur, peut être avez vous un répertoire à l’installation