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ICHN, grande manifestation à Carcassonne en attendant la prochaine vers l’Elysée

Dans l’Aude, les défenseurs de la Piège et de Razès se sont de nouveau fait entendre ce samedi. Ils ont marché jusqu’à la cité de Carcassonne afin de sensibiliser le Président de la République à la nécessité de maintenir le secteur en zone défavorisée.

Ils sont partis tôt samedi matin de Fanjeaux pour rallier la cité de Carcassonne, soit 31 kilomètres à pied. Devant le château ils ont effectué un lâcher de ballons, après les discours du président du Conseil départemental, André Viola et du député européen Eric Andrieu. Les défenseurs de la Piège et du Razès se sont de nouveau illustrés dans une opération coup de poing originale, afin de sauver ce périmètre situé dans l’extrême ouest de l’Aude, aux confins de l’Ariège. Au total, une centaine de personnes s’étaient donné rendez-vous à la sortie de ce village de la Piège, secteur dont les 26 communes ne figurent plus en zone défavorisée.

La perte de l’ICHN serait dommageable pour le territoire

Certains ont donc marché, tandis que d’autres se sont juchés sur des remorques tirées par plusieurs tracteurs qui étaient précédés d’une vingtaine de moutons. Et munis de sifflets, ils ont fait beaucoup de bruit. Sur le parcours, ce drôle de cortège a fait des haltes, histoire d’expliquer aux habitants le sens de leur démarche qu’ils voulaient avant tout humaine, ainsi que l’a souligné Brice Asensio, le maire de Cazalrenoux. Ils ont dit pourquoi il est essentiel pour ces communes et leurs 55 éleveurs de conserver ce statut de zone défavorisée, de manière a continuer à bénéficier de l’ICHN (indemnité compensatrice de handicap naturel) au delà du 1er janvier 2019. Sans quoi, selon eux, les jeunes agriculteurs ne pourraient plus percevoir de majoration à l’installation, ni l’intégralité des aides de la Région Occitanie. Pour eux, cette douloureuse réalité signerait la mort progressive de ce territoire, sur lequel vivent 5000 personnes.

« C’est pourquoi nous élus, nous sommes à vos côtés pour essayer de corriger cette injustice qui est faite à la Piège, comme c’est aussi le cas pour le Minervois », appuie André Viola, qui poursuit avec une pointe d’ironie certaine dans le propos. « L’Etat se doit de corriger son erreur, mais j’ai comme l’impression qu’il n’y a pas que des critères géographiques et géologiques qui ont tenu le crayon de la nouvelle carte ! »

Une carte pour laquelle Brice Asensio s’étonne qu’elle ait été réalisée avec des études de 1987, mais dont les données n’ont toujours pas été transmises aux maires, ni au collectif Vive la Piège. Mais il est vrai que le gouvernement français n’a encore pas communiqué non plus avec l’Union européenne sur ses propositions, ou sur les difficultés qu’il rencontre sur le terrain.

Un sujet intégré à la prochaine Pac

Eric Andrieu l’a indiqué ce samedi, à la grande surprise de son auditoire rassemblé devant la cité de Carcassonne. Le parlementaire a précisé que si cette question des zones défavorisées est majeure, c’est parce qu’elle est intégrée à la nouvelle Pac (Politique agricole commune) dont la commission européenne présentera le 2 mai le cadre financier pluriannuel, c’est à dire le futur budget pour la période 2021-2027. Un texte sur lequel le parlement européen travaille et qui devrait faire la part belle à une agriculture nourricière, beaucoup plus familiale, avec moins de pesticides, mais avec une attention portée sur l’environnement, la santé et les espaces ruraux.

« On ne perd que les combats que l’on ne mène pas. Celui-ci n’est pas clos. Je peux vous certifier que rien n’est bouclé à ce jour et j’ai l’impression que l’on est en train de nous entendre » a encore insisté Eric Andrieu qui a encore demandé la poursuite de la mobilisation de tous les acteurs.

D’ailleurs se pose maintenant une interrogation quant à la suite des événements, qui traînent depuis déjà plusieurs mois. « Nous les élus de la Piège et du Razès, nous n’accepterons jamais d’être la variable d’ajustement du gouvernement. La vérité est dans nos fermes, dans nos produits, dans nos villages et non pas sur un écran d’ordinateur à Paris ! » renchérit Brice Asensio. Puis l’édile a appelé les troupes à se préparer à se rendre dans la capitale, pour manifester devant le palais de l’Elysée et le ministère de l’Agriculture.
 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/tags/zones_defavorisees_ (tous nos précédents articles sur le même sujet).


Ci-dessous, photos prises ce samedi à Carcassonne. Le cortège était précédé d’une vingtaine de moutons et un lâcher de ballons a conclu son avancée.


 

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