andrij dykun

Guerre en Ukraine, des pertes de productions agricoles et dégâts matériels évalués à 40 Mds d’€

Après 9 mois de guerre, le bilan de la guerre que la Russie mène en Ukraine est impressionnant. La filière laitière a été particulièrement affectée.

Selon le gouvernement ukrainien, la facture de la guerre s’élève d’ores et déjà à 596 milliards d’euros (Mds d’€).

Los d’une conférence de presse, Andriy Dykun, président de l’Ukrainian Agri Council, a présenté la situation à laquelle est confronté l’ensemble du secteur agricole depuis le début du conflit qui oppose l’Ukraine à la Russie.

48 Mds d’€ de recettes fiscales n’ont  pas été collectées par l’Etat et la crise économique, dans laquelle est plongé le pays, a déjà coûté 112 Mds d’€. Mais surtout, les dommages causés par les destructions des immeubles s’élèvent à plus de 200 Mds d’€

« En agriculture, les pertes s’élèvent à près de 40 Mds d’€. Les dommages causés par les bombardements sont estimés à 6,6 Mds d’€, a expliqué Andriy Dykun, président de l’Ukrainian Agri Council. La valeur des machines agricoles détruites est de 2,8 Mds d’€ et celle des bâtiments, de 3 Mds d’€». Il tenait un point presse le 18 novembre dernier par vidéoconférence.

Par ailleurs, plus de 35 Mds d’€ de commodités agricoles n’ont pas été vendues aux prix mondiaux ni même récoltées ou semées. Les marchés agricoles ukrainiens se sont effondrés et une partie des stocks est devenue impropre à la commercialisation et à la consommation.

 « Au cours des neufs premiers mois de l’année, la production de lait, estimée à 5,8 Mt, a diminué de 14,8 % sur un an, rapporte le ministère ukrainien de l’Agriculture. Mais dans l’ensemble, l’Ukraine pourvoit encore aux besoins de sa population ».

Selon le ministère ukrainien de l’agriculture, les effectifs de vaches laitières ont baissé dans les mêmes proportions (-15,4 %) pour s’établir à 1,391 million de têtes. 20 % de ces vaches sont détenues dans les régions où les combats sévissent toujours, aussi faut-il s’attendre à de nouvelles pertes (jusqu’à 100 000 têtes).

Ce sont les petits paysans détenteurs de quelques vaches qui accusent les pertes les plus lourdes. Les effectifs ont fondu de 17,4 % pour s’établir à 1 million de têtes alors que les fermes industrielles de plusieurs centaines de vaches n’ont perdu que 9,7 % de leurs effectifs.

En fait, la guerre accélère, dans la douleur, la restructuration de la filière laitière engagée depuis la fin de la période communiste. On dénombrait alors jusqu’à 7 millions de vaches mais celles-ci ne produisaient guère plus de 1 500 – 2 000 litres par an.

Depuis le début du conflit, les entreprises de transformation du lait fonctionnent à plein régime partout où cela est possible. Mais près de quatre usines sur dix sont situées dans une  zone de combats où elles transformaient, avant la guerre, 42 % du lait collecté en Ukraine. Dans tout le pays, des ruptures de courant perturbent le processus industriel et génèrent de nombreuses pertes de poudres de lait et de beurre au cours de leur fabrication ou durant leur conservation.

Dans l’ensemble, la production de porcs a moins été affectée que celle du lait car de nombreuses fermes laitières sont situées à proximité de la frontière biélorusse, d’où la Russie a tenté d’envahir le pays. Les effectifs de porcs n’ont diminué que de 11 %. Mais 15 fermes d’élevage ont été totalement détruites dont une détenait plus de 32 000 truies.

« Selon la récente enquête de l’AUBP, l’association spécialisée d’AUC en production porcine, plus de 90 % des producteurs de porcs dans les territoires contrôlés par l’Ukraine ont continué à fonctionner régulièrement sans diminuer la capacité de production ».

Mais des pénuries alimentaires sont apparues dans certaines régions faute de denrées livrées en quantités suffisantes pour pourvoir aux besoins de la population. La consommation alimentaire a augmenté de plus de 14 % dans les régions de l’ouest de l’Ukraine où de nombreux Ukrainiens originaires des régions sud et de l’est du pays ont trouvé refuge. Mais surtout, l’inflation a réduit considérablement le pouvoir d’achat des Ukrainiens.

Légende photo: Andriy Dykun, président de l’Ukrainian Agri Council

 

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