L’agriculture a son patrimoine. Celui de chacun, héritage des parents et des grands-parents, mais aussi un patrimoine collectif, national. Le domaine de Grignon, école d’agriculture célèbre dans le monde entier, en est l’un des fleurons… Pourtant proche de la disparition !
Grignon semble être le site qui tient la corde pour le futur camp d’entraînement du club de football du Paris SG. Ce fameux camp d’entraînement semble suspendu, dans quasiment tous les cas de figure, à une artificialisation de terres agricoles : les jeux du cirque sont bien plus importants que la production vivrière à proximité immédiate de Paris… Et donc, parmi les sites possibles, celui de Grignon aurait les faveurs des dirigeants qataris du PSG.
Grignon, c’est d’abord une histoire. Le château date de 1636. 60 000 arbres furent plantés dans son parc en 1803. Et l’institution royale agronomique de Grignon vit le jour en 1827, avec 500 hectares de terres dans le domaine. Au fil des années, l’appellation change, école impériale d’agriculture, école nationale d’agriculture, école nationale supérieure d’agronomie de Grignon, institut national agronomique Paris Grignon (Ina PG), enfin AgroParisTech depuis 2007… Je vous passe de nombreux épisodes, je veux juste vous faire sentir l’importance du lieu en tant que patrimoine national et agricole. Evidemment, le site est classé. Mais n’oublions pas tout de même la fameuse falunière de Grignon, site géologique inestimable, ou encore le patrimoine agronomique invraisemblable que constituent les parcelles Dehérain, du nom de Pierre-Paul Dehérain qui les a mises en place en 1875, et qui depuis servent de parcelles témoin en matière de fertilisation.
Dans l’ère moderne récente, plusieurs résidences étudiantes ont fleuri (des laboratoires de l’Inra, des centres d’études, également des bâtiments pour accueillir les internes, le Cetiom devenu récemment Terres Inovia…). Le site comprend également un arboretum, des écuries,
Aujourd’hui, plusieurs projets se chevauchent. Le premier consiste à rassembler les activités éducatives agronomiques sur le plateau Saclay, donc d’y faire déménager les élèves de Grignon, mais aussi ceux de Paris. Cette partie là est actée, datée pour 2019.
Le second concerne le devenir du site de Grignon. Là, c’est le Paris Saint-Germain qui s’apprête à sortir les pétrodollars qataris pour ce qui serait la plus grande privatisation jamais observée en France avec un gouvernement socialiste.
Précisément, le PSG veut un centre d’entraînement grandiose digne des plus grands clubs d’Europe comprenant 18 terrains de foot, un stade de 5 000 places, un parking de 1 000 places, des bâtiments sportifs… De « l’énorme », qui va chambouler toute la ruralité tranquille locale (certains riverains sont ravis quant à la spéculation immobilière éventuelle, d’autres beaucoup moins), mais aussi vendre au Qatar notre patrimoine agricole.
Le projet coûterait plus de 300 millions d’euros aux Qataris, dont 35 millions (seulement) servirait à racheter les 300 hectares du site de Grignon.
Mais après tout, me direz-vous, puisque les élèves doivent rejoindre Saclay, pourquoi pas après tout, cela ferait toujours 35 millions d’euros de plus pour l’Etat… Oui, mais. Nous sommes certes dans une période troublée pour l’agriculture française, où les premières victimes sont les hommes. Aujourd’hui, de très nombreux emplois d’élevages, maraichers, fruitiers, et qui sait demain céréaliers sont menacés. Alors le patrimoine… Je ne suis personnellement pas de cet avis. Le patrimoine agricole fait partie de la fierté du métier. Et Grignon ne tient pas uniquement de l’agriculture, mais aussi de l’histoire, notre histoire de France. Ce site démontre que, depuis Charles X, l’histoire de notre pays et celle des évolutions de la recherche de son agriculture sont intimement liées. Se défaire de Grignon, c’est renoncer à notre propre histoire, à nos propres fondamentaux, à l’un des liens forts qui existent entre notre agriculture et notre société.
J’ai rencontré Dominique Lerique, ingénieur agronome, ancien élève de Grignon. Il fait partie d’un collectif qui cherche à préserver le site d’une vente privée à un investisseur étranger. Il propose que Grignon « devienne un centre d’échanges et d’études qui réfléchirait aux incidences du réchauffement climatique sur notre agriculture« . Loin d’être une idée gadget juste pour conserver le site, celle-ci présente une utilité évidente, dans la droite ligne de tout ce qui a pu être dit ou écrit lors de la récente Cop21, conférence environnementale qui faisait la fierté du gouvernement français. Notre agriculture a besoin de recherche appliquée sur le terrain pour savoir où elle va. Le site existe, il s’y prête. Les agriculteurs voisins en ont l’habitude, participent même parfois.
Dominique Lerique donne plus de précisions sur ce centre études. Il inclurait trois volets. Agriculture : modes de production, place de l’agriculture. Alimentation : industrie alimentaire, modes de consommation. Environnement : relation population – environnement. Et suivrait un processus : état des lieux (points forts, points faibles, opportunités, risques), et étude (but, rôle, choix de partenaires, création, fonctionnement…).
Une pétition pour sauver Grignon circule sur internet depuis fin novembre 2015. A l’heure où cet article est mis en ligne, elle compte déjà plus de 16 000 signatures. C’est beaucoup, mais il semble que ce soit encore insuffisant pour que le gouvernement dise non à la vente aux Qataris du PSG. Je vous mets le lien ci-dessous, au cas où vous seriez intéressés…
Lien pour la pétition pour sauver Grignon : https://secure.avaaz.org/fr/petition/Stephane_le_Foll_ministre_francais_de_lagriculture_Halte_a_la_vente_du_patrimoine_scientifique_francais_au_Qatar
En savoir plus : http://www.francetvinfo.fr/sports/foot/psg/demenagement-du-psg-avis-de-tempete-dans-un-village-des-yvelines_1228661.html (article paru sur FranceTV info en décembre dernier) ; http://www.versailles-grignon.inra.fr/Le-Centre-et-les-recherches/Presentation/Histoire/%28key%29/4 (plus de détails sur l’histoire du lieu) ; http://www.fermedegrignon.fr (site internet de la ferme de Grignon).
Ci-dessous, le château de Grignon.
Ci-dessous, l’entrée du domaine de Grignon, institut national agronomique, avec le drapeau français… pour l’instant.
Ci-dessous, vue sur le parc du château.
Ci-dessous, un des laboratoires du site. Sur la pancarte, on y voit la participation de l’Inra, du CNRS, bref de toute la communauté scientifique au service de l’agriculture.
Ci-dessous, l’arboretum.
Ci-dessous, Dominique Lerique, l’un des anciens élèves de Grignon à l’origine du collectif pour sauver le site.
Ci-dessous, trois vidéos montrant l’activité actuelle de Grignon, portée sur essentiellement sur des gains environnementaux dans les cultures mais aussi en élevage.
Avons nous les moyens d’entretenir le domaine
La cohabitation d’acteurs de sensibilités différentes est un facteur de progrés sur tous les plans
Entre personnes d’intelligence il est possible de mettre en place tous les points fondamentaux, sans se bloquer derrière des dogmes bloquants, il faut encourager la cohabitation, c’est l’avenir, discutons pour le bon protocole
Bon courage
pourquoi pas dans la Creuse sur les 400 ha de Mr Sapin????
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te bientôt ce sera le château de Versailles.
l’agriculture doit se restructurer disait on !!
sommes nous au bout??
ca va être transféré à notre dame des landes ????