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Gelées blanches, quelles conséquences sur les céréales et les maïs ?

Plusieurs petites gelées blanches sont survenues au cours des derniers jours. Quelles conséquences peuvent-elles avoir sur les cultures ?

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Dans la plupart des cas, ces gelées sont survenues entre le lever du jour et le lever du soleil. Leur durée est courte et souvent, les températures relevées sous abri restent proches de 0 °C. Dans quelques cas (par exemple, le 25 avril, à Thouars, Poitiers, Ruffec, …), elles ont pu atteindre des valeurs de l’ordre de -1 à -2 °C. Caractéristiques notables de ces gelées : elles sont intervenues par temps très clair et bien ensoleillé dans les heures suivantes. On ne relève pas de situations où simultanément les températures et les rayonnements sont très faibles.

Sur céréales

Beaucoup de parcelles sont entre Dernière Feuille Pointante pour les plus tardives et souvent proches du gonflement voire de l’épiaison pour les orges d’hiver. Dans cette période, on distingue deux types de risque :

– Le froid méiose : ce stade (« fabrication » du pollen) est très bref (48 h environ). Il se situe précisément lorsque le haut de l’épi atteint la ligule de la F2 définitive soit quelques jours avant que la gaine éclate. Durant cette brève période, la plante est sensible à des températures basses (inférieures à 4°C) lorsque celles-ci s’accompagnent de faibles rayonnements (temps très couvert). Ces séquences très particulières peuvent entraîner une « stérilisation » du pollen engendrant des problèmes de fécondation des épis. Très grave, ce type d’accident est heureusement rare. Les relevés des postes météo de la région de 2016 ne signalent pas de scénario de ce type d’enchainement cette année.

– Les gelées directes des futures pièces florales : pour que ce type d’accident survienne, il faut que l’eau contenue dans les tissus gèle et fasse éclater les cellules. Les températures doivent donc être nettement négatives sur une durée prolongée pour que le froid « pénètre » à l’intérieur des organes, surtout lorsque ceux-ci sont encore protégés à l’intérieur de la gaine. Ce type de situation devrait être rare dans notre région dans la mesure où les froids les plus intenses ont généralement été relevés sur des secteurs plus tardifs. Il est toutefois possible sur les zones les plus exposées au froid (fond de vallée, parcelles épiées,…). Il pourrait concerner les parcelles les plus avancées notamment les orges.

Dans tous les cas, si un accident est intervenu, il ne pourra être diagnostiqué qu’au-delà de la floraison.

Que faire ?

Les seules mesures à prendre durant cette période froide sont, d’une part, d’éviter toute irrigation (peu justifiée à l’heure actuelle) et d’autre part, d’éviter les traitements phytosanitaires, notamment herbicides, fongicides et régulateurs dont la sélectivité pourrait être mise en défaut par les très fortes amplitudes.

Sur maïs

Les parcelles les plus avancées sont entre levée et 2 feuilles. A ce stade, l’apex (bourgeon) est encore sous la surface du sol et donc relativement protégé du froid. Des températures négatives survenant sur des parcelles levées pourraient entrainer des destructions partielles de feuilles mais n’auront aucune conséquence sur les apex. L’effet de ce type d’incident est principalement de retarder le développement de la culture. Le risque de dégâts significatifs sur les maïs est donc quasiment nul.

Que faire ?

Par contre, comme pour les céréales, il est impératif de suspendre toute intervention phytosanitaire durant la période froide et de très forte amplitude thermique.

Thibaud Deschamps, Céline Drillaud, Jean-Louis Moynier (Arvalis – Institut du végétal)

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