data agricole

Garantir la bonne utilisation des données agricoles, est-ce le rôle des syndicats ?

La FNSEA et les JA souhaitent redonner confiance aux agriculteurs en leur garantissant une utilisation éthique des données collectées par leurs partenaires. Les deux syndicats majoritaires lancent pour cela une charte et créent un label, Data Agri. Mais cette initiative ne devrait-elle pas relever avant tout de compétences gouvernementales, et à tout le moins du domaine de la loi ?

Quel paradoxe ! Les agriculteurs font partie des Français les plus connectés à toutes les nouvelles techniques de communication tout en ayant encore rarement accès au haut débit internet et encore moins au très haut débit.

Ces problèmes d’infrastructures n’épargnent aucun agriculteur, aussi bien les plus jeunes baignés par les nouvelles technologies de l’information que ceux de l’âge de leurs parents. Et  depuis quelques années, l’utilisation et la protection de leurs données est source d’incertitudes.

Ces questions logistiques appellent des solutions urgentes et il revient au gouvernement de les apporter. La loi est censée donner les moyens aux agriculteurs de s’assurer que leurs données ne seront pas récupérées à leur insu.

Or il n’en est rien. Aussi, la Fnsea et JA ont tenté de combler ce vide institutionnel en présentant, le 5 avril dernier, leur solution. Les deux syndicats ont rédigé et lancé une charte et créé un label, Data Agri, garantissant aux agriculteurs une utilisation éthique de leurs données. « Il s’agit, avec ce document, de redonner confiance aux producteurs », affirme Henri Biès-Péré, deuxième vice-président de la FNSEA. 

Il explique la démarche à suivre : « Les opérateurs qui souhaitent obtenir le label Data Agri, qui garantit la bonne utilisation des données, devront transmettre à la FNSEA ou à JA leurs conditions générales de vente de leur contrat ». Ensuite, il reviendra à un cabinet d’avocats indépendant d’apprécier si ce contrat est en phase ou par avec la charte.

Cette prestation sera payante et couterait jusqu’à 800 euros par contrat soumis.

La force d’action de JA et de la Fnsea autorise ces deux syndicats à s’engager dans un projet de dimension nationale, mais avec le risque de renforcer leur hégémonie.

Une fois les conditions de vente transmises, les deux syndicats pourraient faire barrage ? Car telle qu’elle est présentée, la démarche à suivre pour décrocher ce label Data Agri pourrait aussi être un moyen, pour les sociétés et organismes candidats, d’être estampillés « Fnsea-Ja compatibles » ?

A huit mois des élections des représentants pour les chambres d’agriculture, il est tout à fait autorisé de se demander si ce nouveau label Data Agri ne ressemble pas au final un outil de campagne. Alors que la protection des données et l’essor des nouvelles technologies de l’information préoccupent tous les agriculteurs, comment se fait-il que les syndicats minoritaires ne soient pas associés à cette labellisation (puisqu’elle est syndicale) ?

Qu’adviendront justement les organismes et les sociétés plus ou moins liés à eux s’ils ne sont pas estampillés Data Agri ? Or leur intégrité n’a aucune raison d’être remise en cause !

Enfin, pourquoi les chambres d’agriculture, dont les représentants sont élus par les agriculteurs, n’ont-elles pas été associées à cette charte et à ce label ?

La préservation et de l’utilisation des données collectées représentent un enjeu colossal. « L’agriculture est le deuxième marché mondial de la robotique de service professionnelle. Le monde agricole est donc producteur de données dont l’utilisation par les collecteurs est un enjeu majeur », déclarait Henri Biès-Péré.

Selon Baptiste Gatouillat, vice-président de Jeunes Agriculteurs, l’utilisation des applications professionnelles agricoles a bondi de 110 %, entre 2013 et 2015, et la moitié des agriculteurs français qui s’installent en élevage laitier achètent un robot de traite.


L’illustration ci-dessous est issue de Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/142123447.

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