L’ETA Bonnewitz, située en Alsace, emploie 6 salariés à temps plein et double ses ressources en pleine saison. Elle est spécialisée dans les chantiers d’herbe, de la fauche à l’ensilage, sur l’ensemble de la chaîne verte. Patrick, le gérant, met en avant une disponibilité de toute heure, que ce soit en termes d’équipements ou de main d’œuvre. Il s’agit d’assurer la qualité de l’herbe, « primordiale pour tout éleveur bovin, autant pour une bonne qualité de lait, que pour une bonne qualité de viande ». Il s’est équipé d’une faucheuse à tapis pour faire gagner du temps à ses clients. Il met aussi un point d’honneur à ne jamais laisser une machine à l’arrêt plus d’une journée en saison, quitte à y travailler toute la nuit, parfois avec son concessionnaire.
« Au début, les clients venaient pour l’autochargeuse ». Lorsqu’il a commencé, Patrick Bonnewitz détenait la machine qui intéressait les éleveurs du coin. Mais très vite, il a compris que pour acquérir et surtout garder des clients, il fallait miser sur le service. Il le reconnaît lui-même : « l’herbe doit être récoltée au bon stade, peu importe l’heure, et même en pleine nuit ».
Posséder une exploitation laitière en propre lui permet d’être plus sensible à cet argument et de l’expliquer également à ses salariés. « La récolte de l’herbe détermine la qualité dans le silo…Un silo utilisé toute l’année pour nourrir aussi bien des vaches laitières que des races à viande ». C’est pourquoi, il ne lésine pas en pleine saison. « Les chauffeurs sont doublés pour pouvoir tenir la cadence ». Il est ainsi fréquent qu’à partir d’avril, les travaux s’enchaînent de jour comme de nuit. Lorsqu’il y a une panne, il s’organise aussi pour régler l’avarie en moins d’une journée, voire d’une nuit ! « Il faut finir avant la pluie, mais aussi satisfaire le client qui veut récolter au bon stade ». Comme le secteur est assez dense en termes de population, il essaie de faire de son mieux pour limiter les nuisances sonores. « On roule moins vite lorsqu’on passe dans les villages, la nuit, par exemple ». La qualité de l’herbe récoltée passe par là, et seuls les éleveurs peuvent le comprendre ! « On échange aussi avec les éleveurs sur d’autres critères de qualité, comme les hauteurs de coupe, par exemple. Ce sont des éléments que je transmets également aux salariés dès leur arrivée ». Il estime ainsi que couper à ras du sol, même si cela paraît plus propre, peut signer la fin d’une prairie avec les températures chaudes de ces dernières années. Alors, lorsque l’agriculteur souhaite un réglage hors norme, ses chauffeurs l’appellent pour échanger sur la meilleure solution et faire un retour au client.
Les clients de l’ETA sont essentiellement éleveurs. « Les fermes tournent autour de 500 000 à 800 000 l de lait avec des vaches Prim’Holstein ». L’ETA propose aussi des services de pressage de foin pour les éleveurs et de paille pour les céréaliers, qui vendent cette dernière aux éleveurs, après la récolte de blé. « Les éleveurs nous appellent pour gagner du temps, essentiellement pour les activités de pressage et d’ensilage, qui sont à réaliser rapidement dans la courte fenêtre météo disponible. Grâce à la confiance qui s’installe, nous pouvons également intervenir pour prêter main forte lorsqu’il est nécessaire d’augmenter la main d’œuvre, lors des grosses périodes. Entre autres, les travaux du sol, les semis, l’épandage solide et liquide sont les plus demandés ».
Patrick Bonnewitz travaille également avec 6 ou 7 méthaniseurs dans les alentours. Les chantiers consistent à récolter du fourrage à ensiler pour alimenter les digesteurs. « Nous fauchons des céréales immatures, type seigle, avec la coupe directe ». Il a investi dans un modèle repliable, certes plus onéreux, mais plus pratique pour passer au mieux sur les routes et éviter de scalper les cultures ou les systèmes d’irrigation. « Ça me permet aussi d’éviter de me garer à 100 m de la parcelle, parce qu’il n’y a pas d’emplacement disponible pour le chariot de transport en version fixe ».
L’ETA a investi tôt dans une faucheuse à tapis, en 2015. Dans la région, peu d’entrepreneurs proposaient alors cette solution. « On a pu essayer la machine et voir le rendu chez notre concessionnaire KRONE ». Le gérant est convaincu et achète la machine dans la foulée. Elle permet d’aller plus vite dans des périodes de fortes chaleurs, ce qui est appréciable pour les éleveurs. La fauche et l’andainage sont faits simultanément. « Si le temps est chaud, ce qui arrive souvent ces derniers temps, nous pouvons récolter dans la foulée, sans passer par un temps de séchage, que ce soit avec l’autochargeuse ou l’ensileuse ». Il estime avoir gagné des parts de marché grâce à cet achat. « La charge de travail en élevage est parfois très lourde. Le fait de pouvoir s’occuper du chantier de récolte de bout en bout, rapidement, et toujours avec un travail soigné, est vu comme un avantage compétitif très intéressant. Parfois, les éleveurs ont juste besoin de nous montrer leurs parcelles. On fauche, andaine et récolte dans la foulée. Ils n’ont besoin que de s’occuper de leur silo. Au final, c’est trois jours de boulot économisé pour eux ».
« On a le temps de voir arriver les premiers coups de fil lorsque la saison commence ». Comme Patrick Bonnewitz gère aussi une exploitation laitière avec des prairies, il suit l’avancement des stades de l’herbe et est en mesure de sentir le début de saison. Généralement, les premiers chantiers commencent entre le 15 mars et le 15 avril. « Certains clients nous téléphonent très tôt : une ou deux semaines avant. D’autres moins. Les exploitants les plus anciens appellent parfois le jour d’avant ». Mais le gérant l’assure, chaque client est mis au planning de la manière la plus juste possible, et en respectant les stades de récolte pour assurer la qualité de l’herbe. « Je passe aussi parfois devant les parcelles des clients. Je vois bien que les jours de récolte approchent. Je me permets alors parfois de les contacter moi-même et de les conseiller. Même lorsque le planning est chargé nous trouvons toujours une solution et du personnel afin de répondre présent et de ne pas mettre en péril la qualité de récolte du client. Je fais évidemment appel aux salariés de l’ETA, mais aussi parfois à d’anciens salariés ou à des collègues qui peuvent donner un coup de main ». Il emploie 10-12 personnes pour gérer les chantiers de récolte d’herbe. « Les chantiers les plus délicats sont ceux de pressage, car il faut contenter tout le monde en peu de temps ». Pour cela Patrick tente d’optimiser au mieux les déplacements sur route. « Du coup, il n’y a pas de secret, on prend un stylo et un papier, et on regarde comment procéder. On rappelle ensuite le client, en essayant de respecter ses préférences ». L’expérience lui permet aussi de gérer les plannings plus sereinement. Côté salariés, généralement, chaque chauffeur travaille avec ses ensembles prédéterminés : « Il faut avoir l’envie, la formation et être à l’aise pour travailler sur les machines ». Ils restent ainsi sur les mêmes équipements, jusqu’à l’arrivée de la pluie. Le gérant précise que tout cela ne peut avoir lieu que lorsque l’on a une bonne équipe. Il reconnaît volontiers l’efficacité de la sienne qu’il considère comme expérimentée !
Depuis l’année dernière, l’ETA Bonnewitz réalise des travaux de fauche sur les surfaces enherbées de l’aéroport de Baden Baden. « L’objectif est d’y aller une fois par an et là aussi, il s’agit de faire vite ». La réglementation est très stricte et il faut aussi éviter des dégradations sur du matériel de sécurité, type bornes, etc,…Le gérant utilise le GPS pour justifier de sa trajectoire et éviter d’éventuels impairs avec la structure aéroportuaire. De même, il arrive que des personnes accusent l’entrepreneur de rouler trop vite dans les villages. Pour une meilleure cohabitation, Patrick Bonnewitz ne refuse jamais une discussion cordiale : « dans ce cas, nous les invitons au bureau pour leur montrer nos systèmes de localisation et leur indiquer les vitesses ». La taille impressionnante des machines donne parfois l’impression d’une vitesse inadaptée, même lorsque ce n’est pas le cas.
Patrick Bonnewitz devient gérant de la SCEA laitière familiale en 2007, alors qu’il finit ses études agricoles. Il a aujourd’hui deux salariés sur l’exploitation familiale.
Mais déjà à l’époque, il commence à réaliser du travail à façon chez des éleveurs des environs, avec son autochargeuse. Puis il développe une activité presse à balle carrée (2011). A partir de 2014, il investit dans des ensileuses. Il en possède 3 aujourd’hui, ainsi qu’une coupe directe, puis il achète une faucheuse à tapis. Aujourd’hui, son ETA est capable de réaliser tout type de travaux, de la préparation du sol, au semis, en passant par la chaîne verte (fauche, fanage, andainage, pressage, ensilage,…) jusqu’à l’enlèvement des ballots des parcelles. Il lui est même arrivé de gérer des fermes à façon en Lorraine. Il est spécialisé dans tout ce qui est récolte d’herbe avec plus de 2000 ha de coupe chaque année (dont coupe directe). Il gère 6 salariés à temps plein et plus du double lors des travaux saisonniers.
Poussé par un désir d’entreprendre et de rentabiliser des tracteurs au repos l’hiver, il se lance en 2017, avec sa femme, dans la création d’une entreprise de transport. La reprise d’une société et de ses camions dans un village voisin finit par les convaincre de créer une activité à part entière. Ils gèrent aujourd’hui une vingtaine de salariés dans cette dernière structure.
En 2024, il souhaite améliorer la gestion de l’après-chantier. Il a investi dans Karnott et Lea Facture en 2023 pour cela. Les deux logiciels sont liés, ce qui permet de faire remonter automatiquement des données, comme des statistiques ou des informations sur les consommations. L’objectif est d’aller plus loin sur l’analyse des chantiers et de les améliorer, notamment sur les temps de trajet. Karnott géolocalise les machines et fait remonter un rapport sur les performances de celles-ci. « On peut même gérer son planning et envoyer le programme par téléphone ». Pour l’instant, il n’a pas encore tiré profit de tous les avantages de ces solutions, car le temps lui a manqué. Pour faire les plannings, le téléphone et les appels vocaux sont encore privilégiés. En complément, il existe sur l’ETA un groupe What’s App entre les salariés et le patron. En ce qui concerne la gestion de la facturation, les chauffeurs ont un carnet. Ils y notent les informations du chantier. Ils déposent ensuite un BL au bureau pour signifier la fin des travaux et engager la facturation. La fauche, l’andainage et le fanage sont facturés à l’hectare, le pressage, à la botte et l’ensilage à l’heure.
« Avant, on facturait à la fin de l’année, mais les charges étant ce qu’elles sont, on essaie maintenant de facturer en fin de mois ». C’est Patrick Bonnewitz qui gère la facturation, mais il peut laisser la main à son bras droit, Alexis.
Il peut également déléguer un peu lorsqu’il est amené à se rendre à un rendez-vous ou sur un chantier spécifique.
« J’ai aussi mis en place des responsables dans les autres structures pour me remplacer quand je ne suis pas là ».
Par Rédaction Wikiagri
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