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Floraison des blés et triticales, le point sur le risque fusarioses

Le stade floraison arrive à grands pas dans le centre de la France. Durant cette période, le risque de contaminations par les fusarioses des épis est très dépendant de la quantité de pluies. Les faibles précipitations annoncées ne seront pas favorables à la maladie, en dehors des situations les plus sensibles. Retour sur les éléments clés de la protection des épis.

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Si le stade floraison est déjà atteint depuis la fin de la semaine dernière pour les situations les plus précoces, la majorité des parcelles de blé tendre et de triticale arrivera à ce stade entre aujourd’hui et le 28 mai. En blé dur, il faudra parfois attendre le début du mois de juin pour observer les premières étamines.


Tableau 1 : date de floraison estimée en blé tendre (modèle Arvalis – Institut du végétal à partir des données météo de Météo France – Simulations du 19 mai 2017)


Tableau 2 : date de floraison estimée en blé dur (modèle Arvalis – Institut du végétal à partir des données météo de Météo France – Simulations du 19 mai 2017)


Les fusarioses peuvent pénaliser de manière importante le rendement. Derrière ce nom de maladie, se cache en réalité une multitude de champignons. Parmi cette diversité, deux types se rencontrent fréquemment dans nos régions : Fusarium graminearum, qui peut entraîner un effet négatif sur plusieurs paramètres de la qualité des grains (production de mycotoxines DON) et Microdochium spp., qui est tenu responsable de la moucheture sur blé dur. Le risque de contaminations est fortement dépendant des précipitations : plus il pleut, plus le risque est élevé. La proportion entre ces deux champignons est plutôt déterminée par les températures : plus elles sont élevées au moment des contaminations, plus Fusarium graminearum est favorisé tandis que Microdochium spp se développe mieux en cas de températures moins hautes.


Tableau 3 : facteurs de risque climatiques pour les principales fusarioses

Cette année, les températures annoncées jusqu’à la fin de semaine fluctuent entre 13 et 28°C, ce qui devrait permettre le développement d’une flore mixte dans les situations à risque. Côté précipitations, les orages prévus pour le prochain week-end feront augmenter les cumuls de pluies. Ceux-ci atteindront des valeurs proches de 40 mm pour la moitié de nos régions.


Carte 1 : cumul des précipitations entre le 15 et le 29 mai 2017
Source : Météo France

L’estimation du risque à la parcelle : une étape incontournable pour blé tendre et triticale

Indépendamment de la quantité de pluies autour de la floraison, toutes les parcelles ne présentent pas le même risque de contamination par les fusarioses. En effet, le précédent, la gestion des résidus et la sensibilité des variétés sont des facteurs plus ou moins aggravants à prendre en compte pour évaluer le risque agronomique. A l’approche de la floraison, il est donc judicieux d’utiliser la grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) pour évaluer son risque parcellaire en vue de décider d’une intervention.

Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum).

La partie agronomique de la grille peut être utilisée pour le triticale.


La grille blé tendre estime le risque de 1 (risque DON le plus faible), à 7 (risque DON le plus fort). Une variété est dite sensible si sa note d’accumulation en DON est inférieure ou égale à 3,5 et elle est dite peu sensible si cette note est supérieure à 5,5. T = parcelles conseillées au traitement. Pour le choix du traitement, se reporter à nos pages de conseil « préconisations régionales ».

En blé dur, le traitement à floraison est indispensable pour assurer une bonne qualité technologique et sanitaire

Le blé dur est plus sensible aux fusarioses que le blé tendre et le risque d’accumulation de mycotoxines y est plus élevé. Pour cette espèce, il est donc important de limiter au maximum le cumul des facteurs aboutissant à des risques élevés (gestion plus fine des résidus et/ou choix d’une variété moins sensible). Une fois la culture implantée, la protection fongicide à floraison pourra encore diminuer ce risque. Néanmoins, les meilleures protections fongicides ne dépassent pas 65 % d’efficacité.

Choisir un produit efficace, appliqué au bon stade et dans de bonnes conditions

Une protection fongicide au début de la floraison est conseillée sur tous les blés durs et sur les blés tendres et triticales en situations à risques (variétés sensibles, précédent maïs). Prosaro et Kestrel, qui associent le prothioconazole et le tébuconazole, sont les produits les plus efficaces. Cette association de matières actives présente l’avantage d’agir à la fois sur Fusarium graminearum et Microdochium spp. Les quantités de matières actives apportées peuvent être modulées en fonction de la quantité de précipitations annoncée. Mais attention à ne pas trop baisser les doses car cette protection doit aussi être efficace sur les maladies foliaires, septorioses et rouilles, selon la sensibilité des variétés.

Quel que soit le produit, l’efficacité maximale (60 % à 70 % pour les meilleurs produits) est atteinte quand les conditions suivantes sont respectées :
• Stade : Intervention à la sortie des premières étamines.
• Volume d’eau : minimum de 150 l/ha quelles que soient les buses utilisées. Nos essais ont montré que le volume de bouillie est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants.


Tableau 4 : efficacité des produits sur les maladies d’épis et du feuillage du blé

 

Edouard Baranger, Michel Bonnefoy, Delphine Bouttet, Chloé Malaval Juery, Agnès Treguier (Arvalis – Institut du végétal)

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