Les filières porcines et avicoles sont dans le rouge. Selon le ministère de l’Agriculture, les prix de vente des porcs et des volailles ne couvrent pas la hausse des coûts de l’alimentation. Les producteurs de bovins viande et de lait de vaches s’en sortent encore car la conjoncture sur les marchés leur est plus favorable. Mais pour combien de temps?
Des prix de vente des produits animaux corrélés aux coûts d’alimentation, quel éleveur n’en a pas rêvé ?
En production porcine, les prix à la production au mois de janvier dernier auraient dû progresser de 11,6 % par rapport à leur niveau de l’année passée pour compenser la hausse du coût de l’alimentation (+18,0 %), compte tenu de la part des charges de l’alimentation dans la valeur du produit brut des exploitations d’élevage porcine (64,58 % en 2021). Or dans les faits, les prix payés aux producteurs de porcs n’ont progressé que de 2,1 % sur un an.
Ce taux de 11,6 % est, en production porcine, le taux de croissance « du prix de compensation du coût de l’aliment qui aurait compensé la variation du prix de l’aliment par rapport à l’année précédente, toutes charges égales par ailleurs », définit le ministère de l’Agriculture
Le prix de compensation est un indice conjoncturel pertinent qui n’a pas été réactualisé depuis un an. Mais en ce début d’année, la flambée des prix de l’alimentation animale a motivé le service statistique du ministère de le republier.
En production avicole, les prix à la production au mois de janvier dernier auraient dû progresser de 11,2 % par rapport à leur niveau de l’année passée pour compenser la hausse du coût de l’alimentation (+16,1 %), compte tenu de la part des charges de l’alimentation dans la valeur du produit brut des exploitations d’élevage avicole (69,8% en 2021). Or dans les faits, les prix payés aux aviculteurs n’ont progressé que de 5,4 % sur un an.
Outre les filières avicole et porcine, le ministère de l’Agriculture a passé en revue les prix de compensation en production bovins lait et bovins viande.
Pour les producteurs de bovins viande et pour les éleveurs laitiers, la conjoncture économique leur a été plus favorable. Par ailleurs, la part des charges d’alimentation dans la valeur du produit brut des exploitations spécialisées n’est que de 24%.
Aussi, une hausse du prix du lait de 3,2 % sur un an aurait suffi pour compenser l’augmentation du coût de l’aliment. Or le prix du lait à la production a crû de 13,4 % et a dépassé la hausse du coût de l’aliment (13,2 %). Mais au cours des cinq premiers mois de l’année passée, les éleveurs ont vu leurs marges fondre car les hausses des prix à la production étaient inférieures au prix de compensation du coût de l’aliment.
En production bovins viande, le prix de compensation du coût de l’aliment (+3,5 % sur un an) à augmenté de 1,6 point sur un an. En janvier 2021, ce prix de compensation n’avait crû que de 1,9 % sur douze mois.
Mais les éleveurs de bovins viande ont pu vendre leurs animaux à des prix (sur un an, + 17,7 % en février 2022) qui compensaient allègrement la croissance des coûts de l’aliment (+14,4 %).
Légende photo: Elevage de poulets en Auvergne (@sébastien Rabany)