Ces deux dernières années, les prix ont davantage progressé à l’étranger que dans l’Union européenne et en France en particulier. Lors du collque « Grand angle – Viande bovine « , l’Institut de l’élevage a dressé un panorama de la conjoncture des marchés de la viande bovine dans le monde.
La planète manque de viande bovine. Les cours de la viande bovine ont fortement progressé au cours des deux dernières années mais à des rythmes différents selon les pays. La hiérarchie des pays exportateurs établie en fonction de leurs prix de vente, en est complètement modifiée. A la fin de 2021, les cotations moyennes des gros bovins mâles G3 au sein de l’Union européenne (4,5 €/kgéc) étaient équivalentes à celles des bovillons de 500kg vendus aux Etats-Unis et bien moins élevées qu’en Australie (5,5€/kg). Or ces deux derniers pays affichaient, en 2011, les prix les plus faibles parmi les pays exportateurs (autour de 2,70€/kg).
Au sein de l’Union européenne, les écarts de cotations du Jeune bovin R (autour de 5 €/kgéc) étaient très tenus au mois de mai dernier entre la France, la Pologne, l’Irlande et l’Espagne. Les prix sont nettement plus élevés en Allemagne : 5,5 €/kgéc après avoir atteint 6 € deux en mars dernier. La Pologne et l’Irlande ne sont plus les pays producteurs de viande bovine « bon marché » et concurrents de la France comme par le passé.
Les échanges commerciaux de viande bovine et de bovins vivants, intra-européens ou entre pays tiers, expliquent cette inflation des prix. La planète manque de viande bovine.
Selon l’Idele, les 11 pays exportateurs majeurs de la planète n’ont vendu que168 000 tonnes équivalent carcasses (168 ktéc) de plus qu’en 2021 alors que les douze pays principaux pays importateurs ont acheté 358 ktec en plus. Autrement dit, ces derniers ont été contraints de s’approvisionner auprès de petits pays producteurs de viande bovine pour couvrir leurs besoins.
Dans le même temps, les échanges commerciaux intra et extra communautaires de viande bovine se sont fortement contractés au cours des deux dernières années. Par exemple, seules 627 ktéc ont été exportées hors de l’UE l’an passé (- 5% sur un an). Mais c’est en fait avec le Royaume Uni que les ventes se sont essentiellement repliées (313 ktéc ; – 14 %).
Depuis le début de l’année, les cours de la viande bovine ont encore progressé et ils continueront à augmenter, selon l’Idele. En effet, la production de viande bovine ne croîtra pas suffisamment pour répondre à la demande. Estimée à 1 %, cette hausse sera aussi inégalement répartie. Elle diminuera aux Etats Unis et au Canada de près de 145 ktéc, les deux pays ayant activement décapitalisé leur cheptel l’an passé. L’an passé, les premiers avaient produit 12,7 millions de téc (Méc) (+3 %) et le second 1,4 Mtéc (+ 8%). En Amérique du nord, seule la production mexicaine (2,1 Mtéc en 2021) continuera à progresser (+1 % après +2 % en 2021).
L’Australie (24,9 millions de têtes; 1,9 Mtéc) renouera avec la croissance (+199 ktec) après deux années de sécheresse pendant lesquelles l’ile-continent avait été contrainte de réduire son cheptel.
La croissance de la production de viande bovine sera portée en Amérique du Sud par le Brésil (8,4 Mions téc en 2021; + 309 ktéc attendue en 2022) ; l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay perdant du terrain. En Asie, l’Inde (4,2 Mtéc) et la Chine (7Mtéc) produiraient aussi 270 ktéc en plus. Mais l’Union européenne (30,7 millions de vaches ; 6,8 Mtéc) verra encore sa production de viande bovine restreinte de 95 ktéc, (soit une basse de 1 % à 2 %).
« Le marché européen est marqué par un manque d’animaux à abattre, conséquence des décapitalisations passées ainsi que de la flambée des charges », explique l’Idele. L’an passé, la production s’était déjà contractée de 1,2 % mais elle avait augmenté dans les pays du sud de l’Union et avait reculé au nord (jusqu’à 6 % en Irlande), la France s’inscrivant dans la moyenne européenne (-1 %).
Légende photo: troupeau de jeunes bovins charolais (@ Shocky)