Face à un colza clairsemé ou rachitique, comment et quand prendre la décision de le remplacer par une culture de printemps ? Eléments techniques et économiques de réflexion.
Les conditions d’implantations difficiles ont, une nouvelle fois, pénalisé pas mal de colza.
Surtout dans l’Est et le Centre, des parcelles présentent une densité hétérogène ou des pieds chétifs… C’est dès la reprise de végétation qu’il faudra dresser un constat parcelle par parcelle pour décider de remplacer, ou non, ce colza par une culture de printemps. « Beaucoup de paramètres sont à prendre en compte, en intégrant l’incertitude des conditions climatiques du printemps, que ce soit pour une bonne compensation du colza si on le laisse comme pour l’implantation de la culture de remplacement », prévient Aurore Baillet, ingénieure de développement Terres Inovia. Le premier point à analyser est le peuplement : nombre de pieds au mètre carré et l’homogénéité ou non de leur implantation. En dessous de 5 à 10 pieds au m2, il est difficile d’espère un rendement correct. Il faut se poser la question du retournement. Dans l’idéal 10 pieds en sol profond et de 15 à 20 en sol superficiel sont nécessaires pour que le peuplement ne soit pas un facteur limitant. Il faut aussi peser la biomasse. « Les petits colzas ont plus de risques de contre performer en terme de rendement », reconnait Aurore Baillet. En dessous de 400g, une trop faible biomasse pénalisera le rendement. De ses suivis de parcelles, Terre Inovia a calculé que les petits colzas donnaient en moyenne un rendement de 23 quintaux. « Ils ont 8 chances sur 10 de dépasser les 15 qx, soit la valeur des charges opérationnelles », chiffre l’ingénieure. Il faut également tenir compte de facteurs aggravants que sont des parcelles sales, la présence de larves (altises ou charançon du bourgeon terminal), des pieds abimés par le gel, l’hydromorphie ou un déchaussement. « Si la montaison démarre normalement, que la parcelle est propre et qu’il n’y a pas d’attaque larvaire, cela faut le coup de garder même de petits colzas », conseille Aurore Baillet.
Faire sa balance coûts/risque
Retourner ou pas, il faut bien sûr intégrer des aspects économiques pour comparer les deux options. Si le colza est gardé, aux coûts d’implantation, il faut ajouter ceux des interventions à venir et de récolte et mettre en face le rendement qui permettra de les couvrir. CER France donne une moyenne des charges opérationnelles à 540€/ha.
Si le colza est remplacé, aux frais déjà engagés, il faut ajouter les coûts de destruction et ceux de la culture de remplacement. « En tournesol on a déjà pour 80€ de semences », prévient l’ingénieure. Reste à calculer si le rendement moyen de cette culture pourra tout
couvrir. Dans son calcul, il faut aussi tenir compte de la couverture assurancielle de ses cultures mais aussi de son appréhension de risque. Il y a un certain pari sur le fait que la
culture de remplacement donnera un bon rendement.
Si on garde un colza pas très dense, il faut adopter sa conduite au potentiel estimé et ajuster la fertilisation et les fongicides sans baisser la garde sur la protection face aux ravageurs.
Si on décide de tenter une culture de remplacement, en plus des critères pédoclimatiques habituels, il faudra tenir compte dans son choix du programme de désherbage, appliqué sur le colza, en se référant au produit le plus limitant. Par exemple, suite à du Ielo, il n’est pas possible de mettre une orge de printemps, avec Mozzar ce sont les légumineuses qui sont exclues.
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