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Exportations européennes de blé : la France entraine l’UE dans sa chute

Dans son rapport publié mi-août, l’USDA souligne que les exportations de blé expédiées d’Union européenne seront les plus faibles depuis trois ans. La Russie et l’Ukraine raviront certains marchés jusque-là conquis par l’UE.

Durant l’actuelle campagne de commercialisation 2024-2025, l’Union européenne (UR) est toujours le deuxième producteur au monde de blé (128 millions de tonnes –Mt) et la deuxième puissance exportatrice. Mais « Les ventes de blé de l’UE en 2024/25 devraient atteindre le niveau le plus bas depuis 3 ans », souligne l’USDA, l’institut américain de statistiques agricoles dans un rapport paru ce mois-ci.

Selon cet institut, l’Union européenne exporterait 34 millions de tonnes (Mt) de blé (la Russie 48 Mt) et elle en importerait 11 Mt, ce qui la hisserait à quatrième place parmi les pays importateurs de grains de la planète, devant l’Egypte, l’Indonésie et la Chine (12 Mt chacune).

La France ne serait pas en mesure de vendre plus de 6 Mt de blé hors de l’Union européenne, soit près de 4 Mt de moins que les années précédentes. Par ailleurs, prix de vente sont décevants. Aussi, l’excédent commercial agricole et agroalimentaire français n’est pas prêt de se redresser puisqu’il dépend fortement des quantités de grains exportées.

Conditions de cultures très défavorables

Cette campagne-ci, la Russie et l’Ukraine exporteraient à seules 18 Mt de grains de moins que l’an passé. Mais leurs 66 Mt de grains disponibles à la vente constituent néanmoins une véritable force de frappe sur les marchés des céréales. Non seulement les deux pays y concurrenceront l’Union européenne, mais ils se substitueront en partie à elle puisque ses vingt-sept pays membres seront dans l’incapacité de répondre aux appels d’offres lancés par certains de ses clients habituels (Maroc, Algérie, Nigéria et Égypte notamment).

Dès le début de la campagne, l’Ukraine et la Russie expédient à des prix très compétitifs leurs céréales justes récoltées. Les difficultés rencontrées en Union européenne n’ont pas impacté durablement l’évolution des cours des grains. Pour le moment, le marché mondial du blé est approvisionné.

Le Canada et les Etats-Unis (47,5 Mt ; +3 Mt sur un an) ont aussi les moyens d’exporter massivement du blé dans le monde. Après s’être détournée de l’Ukraine, la Chine se rabattra sur l’Amérique du Nord pour s’y approvisionner puisque l’Union européenne fait à son tour défaut.

Durant la seconde partie de la campagne de commercialisation du blé, l’Australie est d’ores et déjà attendue pour prendre activement le relais de certains pays de l’hémisphère nord qui auront alors écoulé une grande partie de leurs céréales.

Selon l’USDA, les piètres performances observées en Union européenne en matière de production de blé résultent de la combinaison d’un certain nombre de facteurs:

  • une baisse de la superficie emblavée (23,1 millions d’hectares – ha) de 250 000 ha par rapport à l’an passé mais surtout de 1,2 million d’ha par rapport à la moyenne quinquennale;
  • des conditions de cultures très défavorables tout au long du cycle de développement des céréales dans de nombreux bassins de production, et notamment en France, en Allemagne et dans les pays baltes. S’y sont en effet combinés excès de précipitation et déficit d’ensoleillement. Dans l’Hexagone, la récolte de blé sera la plus faible des quarante dernières années. Mais en Italie, la sécheresse a fortement endommagé la formation des grains et a accéléré la sénescence des plantes.
  • un rendement moyen à pein équivalent aux années passées. Il n’excède pas 5,54 tonnes par hectare (t/ha).

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