coq gaulois

En voie de disparition, le coq gaulois passionne ses derniers éleveurs

Le saviez-vous ? Le coq gaulois, l’un des symboles de la nation française, correspond à une race précise, la gauloise. Or, avec seulement 153 coqs et à peine plus de 500 poules recensées en France en 2018, celle-ci est considérée comme étant en voie de disparition. A moins que la passion de ses derniers éleveurs ne le sauve !

Lorsque la Marseillaise retentit, avant un match de football ou de rugby, ou après une victoire en athlétisme ou en natation, le maillot ou survêtement frappé du coq l’accompagne inévitablement. Le coq gaulois symbolise notre pays aussi sûrement que la baguette de pain ou son hymne national, là où le béret est tombé en désuétude, alors que les Français ne sont plus des « mangeurs de grenouilles » qu’épisodiquement et en petit nombre. Le coq, lui, est toujours là.

Mais pour combien de temps ?

La question mérite d’être posée, car ce coq gaulois n’est pas n’importe quel gallinacé. Il correspond à une race bien précise, celle de la gauloise saumon dorée. Or, cette race est aujourd’hui en voie de disparition, il n’existe plus que quelques dizaines de spécimens éparpillés sur le territoire, tout récemment recensés grâce aux efforts d’un passionné, Damien Vidart, 34 ans, de l’Aube.

Des éleveurs uniquement amateurs

Le coq gaulois a une particularité, ses éleveurs sont des passionnés, des amateurs. Pas un aviculteur professionnel n’en assure la production, mais pour autant, avoir ne serait-ce qu’un couple de gauloises n’est pas aussi simple que de laisser gambader des « vulgaires » poules rousses dans son jardin. Le coq gaulois a son caractère. C’est certainement à lui que l’on doit l’expression « fier comme un coq », il bombe le torse et regarde dans les yeux, il ne recule pas face à quiconque, y compris un prédateur, qu’il est même capable de mettre en fuite. Et puis ça lui arrive de voler. Tout cela pour dire qu’il lui faut de l’espace. Le trop commun « poulailler de jardinerie » ne lui suffit pas, il réclame une volière, une enceinte pour l’autoriser à voler, lui conférant un espace suffisamment digne.

En termes de débouchés économiques, le coq gaulois n’est pas une poulaille de chair, il existe des races qui produisent davantage de viande. C’est sans doute pour cela qu’il est en voie de disparition, et qu’il n’intéresse finalement que des passionnés, attachés à son caractère et à l’ensemble des symboles qu’il porte. Mais il conserve des atouts : il reste excellent à la consommation et, derrière sa vivacité, il cultive bien des symboles, dont le premier est de servir d’emblème à toute la France sportive !

Damien Vidart veut redémarrer la race du coq gaulois avec un plan de sauvegarde

Damien Vidart est l’un de ces passionnés. Son histoire personnelle est liée au coq gaulois. Il y a quelques années, il a donné rendez-vous à celle qui allait devenir sa compagne devant les stands d’aviculture du Salon de l’agriculture. L’année suivante, ils y ont acheté des poussins, et celle d’après un couple de gaulois. Disposant d’un jardin de 3000 mètres carrés, il a pu installer la volière chez lui. Et depuis, il s’est lancé sur de multiples recherches sur l’animal. Notamment sur un recensement de la race et de ses éleveurs. « Je veux sauver le coq gaulois, dit-il à WikiAgri. Pour cela, il faut une reproduction raisonnée, éviter la consanguinité mais aussi des croisements avec d’autres races. Et en l’occurrence, c’est très compliqué, car le nombre d’individus est trop peu élevé.« 

C’est ainsi, à force de recherches, qu’il établit une sorte de cartographie des éleveurs en France. Il a retrouvé 130 personnes qui possèdent au moins un couple de coqs gaulois, et jusqu’à 25 ou 30 spécimens. En tout, 153 coqs et à peine plus de 500 poules sont ainsi recensées en France en 2018. « Il faudrait arriver à ce qu’il y ait de plus en plus d’éleveurs pour redémarrer la race« , espère-t-il.

Damien Vidart réfléchit également à un plan de sauvegarde de la race, il en est l’animateur officiellement mandaté par l’association Bresse-Gauloise club de France (lire plus bas des détails sur cette association).

L’INRA sollicité pour une étude sur la race pure du coq gaulois

Augmenter le nombre d’individus pour pouvoir effectuer des croisements qui maintiennent la race en évitant autant que possible la consanguinité, ce n’est pas si simple. Damien Vidart a donc pris contact avec l’INRA (institut national de recherche agronomique) pour un devis sur une étude sur la pureté de la race en France, que seul un organisme de cet ordre est à même de mener. « L’objectif, c’est de savoir entre qui et qui effectuer des croisements, créer toute une communauté autour du coq gaulois. » Parallèlement, la semence du coq gaulois est désormais conservée dans la cryobanque de l’INRA, afin de garder un modèle de la race pure de l’espèce.

« Le coq gaulois a des vertus, souligne Damien Vidart. Il est vigoureux, beaucoup moins fragile que nombre de ses congénères. Il résiste aux intempéries (évidemment sans excès, il faut en prendre soin tout de même), aux températures négatives sans tomber malade immédiatement…« 

Un éleveur bovin du Lot veut utiliser des coqs gaulois pour enrichir ses sols

Dans le Lot, Anthony Born est pour sa part éleveur professionnel… Mais de bovins ! La viande qu’il produit, elle vient de ses limousines. L’homme est surtout féru de permaculture, et ne cesse de rechercher partout des renseignements sur ces pratiques, y compris avec des retours d’expériences venues de l’étranger. C’est ainsi qu’il réfléchit à enrichir le sol de ses prairies aussi naturellement que possible, et qu’après avoir vu un collègue outre-Atlantique utiliser des poules pour cela, a envie de tenter de l’expérience avec des coqs gaulois.

« L’idée, c’est à la fois de participer à la survie de notre race emblématique, tout en faisant travailler ces gauloises à l’enrichissement de mes sols, explique Anthony Born à WikiAgri. Pour cela, je suis en train d’aménager une caravane, d’y mettre un grillage au fond pour l’écoulement des fientes, et ainsi avoir un poulailler mobile. Au fur et à mesure que je travaille ma prairie, je fais passer cette caravane derrière, et mes sols sont ainsi enrichis par les poules et coqs. L’idée n’est pas de moi, je l’ai vue à l’étranger, mais je me l’approprie avec le coq gaulois en particulier, pour en même temps montrer mon attachement à cet animal symbolique. Je vais vérifier les textes de loi, je crois que l’on n’a pas le droit d’avoir plus 50 individus sans avoir à déclarer l’élevage comme professionnel, je vais donc commencer « en amateur » avec une petite cinquantaine de gauloises.« 

Mais si effectivement ses intentions sont confirmées, avec une cinquantaine de spécimens, il deviendrait le plus grand éleveur de coq gaulois en France. La preuve surtout que le monde agricole peut participer à la survie du coq gaulois, il suffit de se creuser les méninges.

Si vous aussi vous voulez des coqs gaulois…

Dans l’hypothèse où, chers lecteurs, vous voudriez vous faire partie de ce club réduit de défenseurs ardents du coq gaulois, deux possibilités.

Il existe une association qui suit le coq gaulois, elle date de… 1904 ! Depuis, elle a intégré les volailles de Bresse, elle s’appelle Bresse-Gauloise club de France, rassemblant ainsi deux races emblématiques des volailles françaises. Mais aujourd’hui, ces bénévoles ont besoin d’aides, de personnes qui, chacune à leur niveau, prennent en main la destinée du coq gaulois authentique en ayant, chez elles, des reproducteurs… Vous avez lien vers son site internet en fin d’article.

Autre option, contacter Damien Vidart. Soit sur sa page Facebook, soit par mail à l’adresse suivante : [email protected]. Il a cartographié tous les éleveurs en France et est donc en capacité de vous indiquer les plus proches de chez vous.

Imaginez un jour où nous ne pourrions plus bomber le torse en criant « Cocorico » au terme d’une victoire sportive française, ce serait tout de même bien triste !

 

En savoir plus : https://www.facebook.com/La-Gauloise-Saumon-Doré-294186718032428 (page Facebook de la gauloise saumon dorée) ; http://bresse-gauloise-club-de-france.e-monsite.com (site internet de l’association Bresse-Gauloise Club de France).
 

Ci-dessous, un coq gaulois avec Damien Vidart (photo issue de la page Facebook La gauloise saumon dorée).

1 Commentaire(s)

  1. impliquer la marque « La gauloise » et le groupe qui la porte !

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